(Déjà plusieurs tombes profanées, la mairie de Cotonou interpellée)
La situation est grave. La clôture arrière du cimetière Pk 14 ne tient plus que sur quelques mètres. Des pans de murs entiers se sont écroulés ou fendus peut-être par des malfrats qui y opèrent allègrement. A l’intérieur, une vingtaine de tombes sont déjà profanées, offrant un triste et macabre spectacle aux usagers.
Sacrilège ! Le plus grand et plus important cimetière du Bénin est en danger. Si à l’entrée principale et sur quelques mètres, tout donne l’impression que les lieux sont bien entretenus, les confins de cette maison mortuaire inspirent pitié. C’est un peu comme ceux qu’on appelle généralement les Béninois du Bénin profond, ici, les morts du Pk 14 profond. Le spectacle qui s’ y offre fend le cœur. Il est indigne de cette grande maison mortuaire dont les places encore libres coûtent aujourd’hui plus cher qu’hier.
La clôture arrière donne à voir de larges issues à trois différents niveaux, par où peut entrer et sortir qui veut. Ce n’est pas un fait récent, puisque les informations recueillies sur les lieux révèlent que l’état défectueux de cette partie de la clôture date de plusieurs mois déjà. Mais personne ne semble s’en préoccuper à ce jour. Pas même la mairie de Cotonou qui a en charge la gestion de ce cimetière. La conséquence est nette : les cas de profanation des tombes se multiplient désormais. Il s’agit notamment des tombes qui sont près de cette fameuse clôture. Plusieurs dallages ont été défaits de force par des individus, certainement des malfrats venus récupérer des ossements des personnes qui y sont inhumées. En tout cas, sur les lieux, la confirmation en a été faite même si les personnes interrogées ont insisté de parler sous anonymat. Dans certaines tombes, des cercueils ont été même roulés à l’inverse dans un désordre indescriptible. A côté des autres tombes dont les luxueux monuments érigés empêchent tout acte de vandalisme de même ampleur, les tombes basses, dont les dallages rivalisent avec le sol sont les cibles faciles des malfrats. Le traitement ainsi réservé à ces nombreuses tombes du cimetière Pk 14 est lamentable, surtout qu’elle ne semble susciter la moindre indignation des gardiens qui veillent sur la maison. Comme seule réponse, ils disent que tout sera réglé d’ici à là, montrant du doigts une série de petites dalles actuellement en fabrication sur les lieux et qui serviront, à les croire, à refermer ces tombes victimes. Plusieurs questions se posent cependant. Pourquoi la clôture arrière est-elle abandonnée dans cet état depuis des mois ? Quelle sécurité garantit-on alors aux tombes proches d’elle, lorsqu’on sait que ces larges issues constituent des entrées libres et gratuites pour les malfrats ? A quoi sert alors l’entrée principale dont l’accès est sous le contrôle de plusieurs personnes de jour comme de nuit ? Pourquoi n’y a-t-il pas le moindre éclairage à ce jour dans ce cimetière ?
La mairie de Cotonou est vivement interpellée ici pour reconstruire rapidement les portions défectueuses de cette clôture et aussi pour assurer plus de sécurité aux tombes. S’il est vrai que des efforts de débroussaillages sont de plus en plus perceptibles dans ce cimetière qui ressemblait jadis, à une forêt sauvage à plusieurs endroits, il n’en demeure pas moins que d’autres problèmes plus graves restent insolubles. Ce cimetière est un lieu sacré. Il doit mériter tous les soins nécessaires en mémoire des personnes qui y sont enterrées.
Christian Tchanou