Le régime du changement a fini par désillusionner beaucoup de Béninois du rêve nourri en 2006. Le mandat de l’homme qui a annoncé le « changement » est des plus controversés, après quatre ans d’exercice de pouvoir. Il est parsemé de plusieurs scandales dont le dernier, «Affaire Icc-Services », continue de faire des vagues.
Des scandales financiers à degrés variés. Le bilan du régime du changement, après plus de 4 années de règne, laisse interrogateur sur les belles promesses de 2006. Tout donne l’impression aujourd’hui que les nombreuses réformes annoncées, les divers engagements pris par Boni Yayi à la face du monde, n’avaient pas une longue durée de vie. Que l’intrus ne connaissait pas la maison, où qu’il la connaissait très peu, les Béninois avaient eu foi en l’homme, cet homme tout nouveau, économiste de haut niveau, vu comme un messie capable de remettre le pays sur les rails du développement. C’était le grand espoir de 2006 consacré par un mémorable taux de suffrages exprimés, 75% qui hissa Boni Yayi au sommet de la gloire.
Puis commence la gestion du pouvoir. Et très tôt, l’amer constat fut fait : l’homme s’est entouré des gens qui n’avaient d’yeux que pour leurs propres intérêts. L’affaire Cen-Sad qui s’en suivra en dit long sur les oiseaux rapaces avec qui Yayi croyait gagner le pari du développement de son « cher Bénin ». Premier scandale financier qui remet immédiatement tout en cause. L’homme qui annonçait jadis la fin des choses pas claires, de la grande corruption, et de la mauvaise gouvernance, vient d’être éclaboussé par une affaire de plusieurs milliards de Fcfa. Des personnalités de son entourage sont citées et épinglées. De grossières surfacturations ont été opérées sur l’achat des équipements acquis dans le cadre du Sommet Cen-Sad tenu à Cotonou. Le cas de la réhabilitation du Palais des congrès et du Centre international des conférences, à plus de 7 milliards, fend le cœur lorsqu’on voit les réels travaux effectués. Dans la foulée, Boni Yayi se verra obligé de limoger son ministre des finances d’alors, Soulé Lawani et met sur pied une commission d’enquête dont les travaux seront oubliés plus tard dans les armoires.
Le dossier des machines agricoles vint s’ajouter. Ici encore, des surfacturations estimées à plusieurs milliards ont été faites. L’un des députés de la mouvance, Janvier Yahouédéou, sortira sa tête de l’eau pour crier au scandale. Mais il a été très tôt vu comme un élément perturbateur et gênant. Ses incessants appels à la clarification dans ce dossier demeurent des lettres mortes, du côté du pouvoir.
Le pire arrive avec l’affaire Icc-Services, actuellement objet de toutes les conversations. Si ici, ce sont des privés qui en sont les principaux acteurs, le régime du changement n’est pas moins épargné. Un ministre alors très influent dans le gouvernement a été indexé, limogé et gardé à vue pendant des jours. Il est accusé d’avoir fourni des gardes du corps policiers aux responsables d’Icc-Services, et d’avoir même accordé à l’un d’entre eux un permis de port d’arme. Le comble. En contre partie, ce ministre percevrait, chaque semaine 20 millions de Fcfa, puisés dans les nombreuses épargnes des Béninois auprès de cette structure. Cette dernière affaire semble avoir jeté un grand discrédit sur le régime du changement. Comme les autres sales affaires, elle noie davantage les nombreux efforts consentis par Boni Yayi depuis qu’il est au pouvoir.
L’image que présente aujourd’hui le régime du changement n’est guère reluisante. Elle apparaît comme un vaste marché de dupes créé par de nouveaux dirigeants pour s’en mettre davantage dans les poches. Beaucoup d’autres scandales financiers ne sont pas évoqués ici, mais ne sont pas moins dévastateurs pour une économie béninoise déjà très malade.
Christian Tchanou