JVC : jeunesse, vacances, commune

De quel poids vont-elles peser les vacances scolaires qui commencent sur et dans la vie des 77 communes de notre pays ? Sans attendre les résultats d’une quelconque enquête, prenons le risque de répondre : pas grand-chose ! Pourquoi ?

Parce que le Bénin poursuit, depuis quelques années, une expérience de décentralisation qui n’a pas encore  entamé ses habitudes, ses réflexes à tout centraliser. 

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Des milliers de jeunes en vacances, dans leurs communes respectives, vont se trouver libérés des contraintes et des exigences de l’école. Si, à leur demande tacite de bénéficier d’occupations saines, les autorités communales n’avaient rien à leur proposer, ces jeunes n’auront un autre choix que d’écouter la nature qui, dit-on, a horreur du vide.

Dans toutes nos communes, du fait des vacances, ce sont des centaines de salles de classe qui vont être libérés. Si les autorités communales n’avaient rien prévu pour les récupérer et pour les redéployer à d’autres fins, ce serait des espaces qu’on abandonnerait à la poussière du temps des vacances.

Quelle est l’image la plus forte, la plus évocatrice de l’échec de notre expérience de décentralisation ? C’est, entre autres, l’image de jeunes en vacances qui se complaisent dans une inquiétante oisiveté. C’est l’image de jeunes qui divaguent çà et là, qui dérivent au gré de leurs caprices sur le territoire d’une commune. C’est  l’image des infrastructures scolaires qu’aucun plan communal ne prend en compte, le temps des vacances, pour une utilisation intelligente, pour une rentabilisation optimale.

Comme on le voit, le seul test des vacances suffit à étaler l’inertie de nos communes, la quasi absence des jeunes dans leurs plans et stratégies. Il urge, pourtant, de valider notre expérience de décentralisation en la sortant d’un balbutiement qui n’a que trop duré. Il urge de porter le pouvoir à la base et d’y vivre la démocratie au quotidien. Il urge de libérer les capacités imaginatives de nos populations, notamment dans leurs couches juvéniles.

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S’il en est ainsi, qu’auraient pu faire nos communes pour un meilleur encadrement des vacances de nos jeunes compatriotes ? Commençons par émettre le souhait que les vacances échappent à toute improvisation. Les vacances de nos jeunes doivent bénéficier d’une démarche systématique et trouver une place dans tous les plans de développement communaux (PDC). Elles doivent être prises en compte et budgétisées. Elles doivent être déclinées en diverses activités arrêtées et planifiées, d’accord partie, avec les personnes, les associations, les organismes intéressés ou concernés.

Ces activités de vacances feront une place particulière à des initiatives conçues par les jeunes vacanciers eux-mêmes, des activités par lesquelles ils affirment leur citoyenneté communale : assainissement, propreté, hygiène publique,  alphabétisation, travaux collectifs de construction ou de défrichage, mission de santé publique, don de sang, sauvegarde du patrimoine culturel matériel et immatériel, animation socioculturelle, activités créatrices et de recherche… etc.

Il convient, par ailleurs, que les activités par lesquelles devront s’illustrer nos jeunes vacanciers, soient frappées au coin de l’intercommunalité. Nos communes ne doivent pas être des entités closes frileusement repliées sur elles-mêmes. Et il est juste et bon que ce soit notre  jeunesse qui nous le rappelle ; qui porte ce message de rencontre et de partage entre les différents segments humains de notre société ; qui nous invite, à travers l’intercommunalité, à un développement solidaire, nos différences ne devant plus être un handicap, mais un formidable atout.

En posant ainsi ces nouvelles bases pour une meilleure prise en charge par nos communes des jeunes en vacances, nous évoluerons rapidement vers la mise en place d’une plate forme nationale des réalisations de ces jeunes. Ceci dans les domaines des arts et lettres, au niveau de l’invention et de l’innovation. Des bourses et autres distinctions récompenseront les meilleurs. Les réalisations les plus significatives feront l’objet d’une exposition itinérante qui voyagera aux quatre coins du Bénin.

Enfin, un fonds national de soutien aux initiatives des jeunes en vacances accompagnera les différentes activités dans nos communes. Un tel fonds, par l’exemple et par le symbole, scellera le Partenariat Public/Privé (PPP) de nos vœux. Il comptera avec les contributions de l’Etat, des communes, des entreprises privées, des donations de personnes privées, ainsi que des retombées de la coopération décentralisée. Comme on le voit, avec l’élément humain que constitue la jeunesse, avec le temps qui est celui des vacances et avec le cadre de  conception et de réalisation qu’est la commune, nous croyons avoir en main les ingrédients d’une prochaine révolution. Oui, celle-là vaut la peine d’être essayée.

Jérôme Carlos

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