Les croustillantes coulisses du cinquantenaire

La fête du cinquantenaire de l’indépendance a vécu. Les couacs, ratés et cafouillages observés ont laissé un goût amer aux Béninois et au monde entier. Mais c’était sans compter avec les croustillantes insolites qui ont jalonné les coulisses de ce cinquantenaire. Il est désormais clair que les ratés constatés lors du défilé du 1er août n’étaient en fait que la partie visible de l’iceberg. Car, avant, pendant et après ce majestueux et mémorable défilé, qu’il faudra pourtant vite oublier, que de ratés et de couacs ont été dénombrés ! Quelques morceaux choisis.

Un président achète des assiettes avant de manger

Apparemment,  la légendaire hospitalité béninoise connaît aussi le changement à moins qu’elle ne soit en pleine « refondation ». En tout cas, quel que soit le concept dans lequel on l’intègre, les Béninois toutes tendances confondues, et surtout les innombrables variétés de cauris ne sauraient être fiers de l’illustration qui en été faite par le gouvernement du changement.  Le président dont il s’agit est réputé bon viveur devant l’Eternel, devant les hommes, et devant les éléphants. Arrivé la veille, soit le 31 juillet, il fut logé dans l’une des villas Cen-sad. Il était tout heureux de participer à cette fête et surtout de rendre un hommage aux Dahoméens qui ont permis à son pays de maîtriser la culture du palmier à huile. Entre temps, il a invité une personnalité béninoise à venir dîner avec lui. Pendant de longues heures, les deux hommes ont devisé, attendant que le comité d’organisation des festivités du cinquantenaire apporte de quoi manger. Mais les minutes s’égrenaient, sans que personne ne vînt. Peu à peu, les estomacs de ces personnalités furent embrasés par la faim. Se déplaçant toujours avec son cuisinier, le président professeur d’histoire a demandé à ce dernier de lui faire un copieux plat de foutou. En un clin d’oeil, ce fut fait. Mais au moment de servir, on constata qu’il n’y avait point de couvert dans la villa de type présidentiel ! Le supermarché n’étant pas loin, on s’en procura. Le bout du tunnel était encore loin. Car, cette fois-ci, ce sont les nappes, qui faisaient défaut. Face à cette énième  difficulté, le président et son hôte ont dû se résoudre à manger sur une table nue.
Comment comprendre qu’on n’ait pas pensé à ce que les invités venus la veille devraient manger ?  Comment pouvait-on loger un président dans une maison dépourvue de l’essentiel ? On a finalement l’impression que l’autre nom du changement, c’est l’improvisation.

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La fête du cinquantenaire ou le supplice du cinquantenaire

Dimanche dernier, le chef de l’Etat s’est fait désirer par les populations et par ses pairs venus le soutenir. Un retard de plusieurs heures qui a été vécue comme un enfer alors que c’était la fête. A un moment donné, on a assisté à un va-et-vient des chefs d’Etats présents et d’autres personnalités présentes à la tribune officielle. Où allaient-ils ? Qu’allaient-ils faire ? Bien plus tard, on apprendra qu’ils allaient soulager leur vessie. Quoi de plus normal, diraient certains. Quand on occupe certains postes de responsabilité, la bienséance conseille de ne pas fléchir face à ces genres de désir. Mais, quand c’est suite à un retard présidentiel, surtout d’un président qui allait vérifier l’heure d’arriver au bureau des fonctionnaires, n’y a-t-il pas de quoi bafouer cette pratique ? Remarquons que dans le lot de personnalités, il y avait des septuagénaires comme Mathieu Kérékou, Nicéphore Soglo et Abdoulaye Wade l’octogénaire. Quel supplice cela a-t-il été pour eux ? Le président Zinsou a eu peut-être son salut à son départ.

Il s’appelle pourtant Chanceux !

Il a été le plus malheureux de tous les présidents présents à Cotonou pour les festivités du cinquantenaire. D’abord, en tant que voisin immédiat offrant un marché de plus 150 millions d’habitants à nos hommes d’affaire, il méritait d’être logé à une bonne place. Mais il se verra isolé et placé à l’extrémité. Alors que depuis plusieurs années, les troupes de son pays viennent défiler. Juste pour cela, il méritait une meilleure place. Ensuite, il est un anglophone. Naturellement, on devrait mettre à son service un interprète.  Toute chose qui n’a pas été faite. Il a fallu que le premier des parlementaires béninois s’improvise interprète dans le but de calmer un tant soit peu la colère de ce dernier. Le plus grave est qu’il a été omis par le Maître de cérémonie dans son listing des présidents présents. C’est donc logiquement que dès la fin du défilé, il est allé directement à l’aéroport. Tellement énervé, il n’a pas attendu d’être transporté vers son avion. C’est à pas de charge dit-on qu’il est allé vers l’avion lui-même. Comme quoi, il voulait vite quitter le Bénin et oublier son humiliation.

Hortefeux, l’apatride ou le néo colon ?

Le représentant du président Sarkozy, Brice Hortefeux est détenteur d’un passeport diplomatique que le chef de l’Etat lui a gracieusement offert lors d’une de ses visites au Bénin. Ce qui fait de lui, un Béninois. Mais dimanche, c’est une attitude austère et dédaigneuse qu’il a eue à l’égard des Béninois. Il est vrai que la cérémonie a connu un retard interminable avant de démarrer. Mais, qu’il se permette le luxe de piquer une colère rouge, est inadmissible. Qu’est-ce qui a pu bien causer sa colère ? Un premier fait, anodin, mais vu qu’il a une si haute idée de sa personne, cela pouvait l’avoir frustré. A l’arrivée du chef de l’Etat Boni Yayi, ce dernier a d’abord salué les chefs d’Etat avant de revenir vers lui. Pensait-il peut-être qu’il devrait mériter plus de respect qu’eux ? Ensuite, la panne du courant électrique a fini de lui monter la moutarde au nez. Il n’a pu s’empêcher de crier « à quand la fin de cette mascarade ? ». Une phrase qui exprime tout le mépris que ce dernier a pour le peuple béninois. Pourtant, c’est le Grand ami du chef de l’Etat. Aussitôt le défilé a-t-il pris fin qu’il lance à son chauffeur « Direction la résidence. Pas de réception ! ». A l’heure du départ,  c’est à peine s’il s’est rendu compte que le ministre d’Etat le raccompagnait. Aucun regard, aucun mot. En somme, l’homme dans sa véritable nature. Il est inutile de rappeler qu’il a été condamné par la justice de son pays pour propos racistes. Plus rien de sa part ne devrait étonner. Mais quand on se souvient que c’est à un personnage de cet ordre-là que le président Boni Yayi a donné un passeport diplomatique, il y a de quoi s’enrager comme cet universitaire béninois qui s’est demandé dans quel pays nous nous trouvions.

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L’expérience fait toujours la différence

Après plus de cinq heures d’horloge de supplice, le défilé civil ne pouvait s’exécuter. Mais, c’est quelque chose que les proches collaborateurs n’ont pu et ne pouvaient saisir. Or, à voir la chaleur qui régnait et l’état de fatigue des invités, on pouvait facilement s’en rendre compte. Il a fallu l’intervention de deux députés expérimentés et  coutumiers de ces genres de cérémonies auprès de leur président afin que la bonne décision soit prise. Le président de l’Assemblée informé, s’est rapproché d’un ministre d’Etat qui à son tour a contacté son alter ego dans le gouvernement pour prendre l’avis du chef de l’Etat. C’est ainsi que de manière presque manu militari, le défilé civil a été supprimé pour le soulagement de tout le monde. Leçon du jour : l’expérience fait toujours la différence.

Benoît Mètonou

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