Liste électorale pour 2011 : Enfin, le vrai débat !

Lorsque, il y a quelques jours, j’ai publié un article sur le sort que les députés à l’Assemblée Nationale semblaient réserver à la liste électorale pour les échéances de 2011, ma dernière phrase était celle-ci : « Il ne nous reste plus à présent qu’à croiser les doigts et à prier pour que les membres de la prochaine CENA fassent preuve de suffisamment de patriotisme et de doigté pour conduire le processus électoral à bon port ».

Cette phrase était comme un cri de désespoir, parce que j’avais abouti à la conclusion que les personnes les plus indiquées n’ont pas pris la mesure des risques que nous courons en ne réglant pas convenablement la question de la liste électorale pour 2011. Car, à force d’avoir focalisé sur la bataille de la LEPI, on a été distraits des élections de 2011 pour lesquels il est techniquement et politiquement évident depuis plusieurs mois que cet instrument ne pourrait pas être disponible.
J’avais donc fini par me convaincre que mes nombreuses publications sur la question étaient comme un prêche dans le désert et qu’il fallait se résoudre à s’en remettre à la Providence.
Seulement, je viens de découvrir deux documents relatifs à la LEPI et aux élections de 2011 et qui me font croire que tout n’est pas encore définitivement perdu et qu’on peut encore espérer rattraper quelque chose.
Le premier document, c’est celui produit par FORS-LEPI et FORS-ELECTIONS ; le second est la lettre adressée par le G13 à la Représentante Résidente du PNUD.
Ces deux documents paraissent d’autant plus intéressants qu’ils proviennent, l’un d’un regroupement d’associations de la société civile qui a soutenu de façon constante depuis le début du débat sur la LEPI son opposition catégorique à l’utilisation d’une liste électorale manuelle en 2011 et la nécessité de conduire les opérations de réalisation de la LEPI de façon transparente, selon les normes techniques requises ; et l’autre d’un groupe politique assez représentatif à l’Assemblée Nationale et dont la capacité d’action peut être capitale du fait de son appartenance à la tendance aujourd’hui majoritaire au Parlement.
Il me paraît donc que, si ces forces sociale et surtout politique s’engagent résolument dans le dénouement de ce que je peux qualifier de « défi de 2011 »,  il est encore possible de résoudre la quadrature du cercle.
Et puisque j’ai le sentiment que les propositions émises de part et d’autre rejoignent quelque peu celles que je suggérais dans ma publication du 15 Juin dernier, je me permet de reproduire ici un extrait de ladite publication en espérant qu’elle contribuera à nourrir les réflexions en vue des actions envisagées.

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Extrait
« 1ère hypothèse
C’est l’hypothèse la plus optimiste. Elle suppose qu’à l’issue des discussions menées lors de la pause, les acteurs s’entendent sur le minimum qui consiste à apporter dans les conditions de transparence et de participation requises les corrections nécessaires à la cartographie censitaire et au recensement porte à porte avant de lancer la phase de l’enregistrement.
Dans cette hypothèse, la saisie des données déjà recueillies lors du recensement porte à porte se déroule concomitamment avec les discussions et corrections de sorte qu’un temps précieux soit gagné. De sorte que les corrections à apporter aux phases réalisées, la saisie des données et la validation des résultats de la cartographie et du recensement soient achevées avant le 1er Septembre 2010.
C’est dans cette hypothèse donc qu’il est possible de capitaliser pour 2011 les acquis des étapes déjà menées et d’espérer aboutir à un résultat satisfaisant en utilisant les kits biométriques et l’approche méthodologique préconisée pour l’enregistrement dans les délais requis. Avec le bémol qu’une approche différente devra être envisagée pour les Béninois de l’extérieur.
2ème hypothèse
Ici, nous nous retrouvons dans le cas où le débat inclusif n’a pas lieu ou se déroule tardivement ou encore le débat a lieu mais le consensus n’est pas réalisé.
Dans cette hypothèse, il apparaît difficile voire impossible de capitaliser les acquis des étapes déjà réalisées. Il faudra alors envisager un autre processus totalement indépendant de celui de la LEPI  en cours pour affronter les élections de 2011. Il sera donc question de changer totalement l’approche méthodologique et technologique pour adopter celle des fiches OMR qui permet de conduire en un temps record sur le territoire national et à l’extérieur une opération couplée recensement-enregistrement intégrant la biométrie.
Si cette option a l’avantage de disjoindre les deux processus et donc de calmer du coup toutes les tensions et suspicions qui tendent à jeter le discrédit sur le processus de réalisation de la LEPI en cours, elle a par contre un inconvénient de taille, celui d’induire des coûts de réalisation distincts des fonds engagés pour l’opération en cours.
En tous les cas, que l’on soit dans l’hypothèse n°1  ou dans l’hypothèse n°2, pour tenir compte des délais, une modification  majeure doit intervenir par rapport au projet LEPI en cours, relativement à la cible. En effet, on ne pourra plus raisonnablement envisager pour 2011 que l’enregistrement de la population électorale, c’est-à-dire des Béninois ayant 18 ans ou plus à la date prévue pour le scrutin.
Nonobstant tout ceci, il urge dans tous les cas de modifier assez rapidement les lois électorales pour y introduire les dispositions permettant de réaliser l’alternative de 2011 et de mettre en place dans les délais raisonnables (le 1er Septembre 2010 au plus tard) la CENA et ses démembrements chargés de l’organisation des élections. 
On pourra plus tard, après les élections, modifier comme il se doit la loi 2009-10 pour conduire convenablement à son terme le processus de la LEPI.
Croire encore à la possibilité de réaliser la LEPI pour 2011 est un formidable leurre qui distraira tout le monde et nous détournera de l’objectif le plus important à court terme, c’est-à-dire l’organisation d’élections crédibles et transparentes en 2011 sur la base de listes électorales sécurisées ».

Remarques
Nous sommes encore dans les délais pour réaliser l’hypothèse optimiste. Ce qui n’empêche pas non plus de conduire une opération de recensement-enregistrement préconisée par le G13 si cela est accepté par tous. Et si tous les acteurs s’y investissent comme le souhaitent certainement tous les Béninois, on pourra encore disposer du temps nécessaire pour procéder à l’enregistrement méthodique des électeurs et surtout au dédoublonnage par AFIS sans lequel aucune liste électorale informatisée ne saurait être fiable.
Dans ce cadre, il serait souhaitable qu’une entente soit obtenue pour la liste de 2011 afin que, pour gagner du temps lors de l’enregistrement ou du recensement-enregistrement, selon la formule retenue :
–    les aires opérationnelles soient réduites de 6 légalement prévues à 4 ;
–    une durée de 15 jours au maximum soit consacrée à chaque aire opérationnelle ;  
–    les informations personnelles et nominatives à recueillir soient réduites au strict minimum ;
–    les données biométriques à recueillir soient réduites à la photo et l’empreinte du pouce gauche uniquement, vu qu’il existe techniquement une chance sur 1024 que deux empreintes digitales se ressemblent.
Bien entendu, durant cette période de discussions et de corrections, les organes de réalisation de la LEPI devront s’abstenir de prendre des décisions et de poser des actes de nature à compromettre les efforts menés pour remettre les choses à l’endroit. 
Clotaire OLIHIDE
Auteur de l’ouvrage « Elections Communales  et Locales 2008 au Bénin : Autopsie  d’un cafouillage organisé »
Tél : 95 85 69 13 / 97 54 24 86
Email : oliclot77@yahoo.fr

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