Pris par ordonnance le 31 décembre 2009, le budget 2010 donne aujourd ‘hui l’expression de l’échec de notre pays sur le plan économique. La baisse des recettes douanières et fiscales, la mauvaise gestion, la gabegie au sommet de l’Etat et la minoration de l’appui des institutions de Bretton Woods oblige le gouvernement à revoir à la baisse son budget de 1300 milliards. Un aveu d’échec que le gouvernement veut bien dissimuler par un cache -cache budgétaire inquiétant.
Quel est le montant du budget que le gouvernement exécute en 2010 ? Cette question préoccupe de plus en plus beaucoup de béninois au regard de la façon dont la dépense publique est conduite et de la récession économique que connaît notre pays actuellement. Des centaines voire des milliers d’opérateurs économiques qui ont créance sur l’Etat n’arrivent toujours pas à rentrer en possession de leurs avoirs. Les vannes des finances publiques sont fréquemment fermées par le truchement du Sigfip. Dans l’administration publique, les gestionnaires de crédit ont aussi des difficultés à décaisser les fonds. Alors qu’on est dans le troisième trimestre c’est maintenant que le deuxième quart du budget est décaissé dans plusieurs administrations publiques. Conséquences : des entreprises tombent en faillite et ferment leurs portes, le taux de chômage monte de façon exponentielle, la mévente s’installe sur les marchés. Même au ministère des finances, le montant du budget 2010 reste un mystère. « Je ne connais pas le montant du budget que le gouvernement est en train d’exécuter, je ne peux donc pas te dire son taux d’exécution », affirme Laurent Mètongnon de la Fesyntra-Finances. Pour bons nombre de cadres de l’administration financière, le gouvernement ne peut pas mobiliser ses 1300 milliards. En effet, la baisse de l’importation et la faillite de plusieurs entreprises ont réduit considérablement les recettes de l’Etat. Cette situation est doublée de la réticence de plusieurs bailleurs de fonds qui ont de moins en moins confiance au gouvernement au regard de la gestion qui est faite actuellement des pouvoirs publics. De même, le gouvernement espérait près de 400 milliards du Fmi mais en retour il n’obtient que 55 milliards et ceci pour plusieurs années. Toutes ces raisons devaient à coup sûr amener le gouvernement à revoir son budget à la baisse. S’il ne le fait pas encore, c’est peut être pour camoufler cet échec surtout que les députés de l’opposition ont tiré l’attention du gouvernement sur le fait qu’il n’est pas en mesure de mobiliser une telle somme.
Mais le gouvernement n’a pas voulu obtempérer, tenant dur comme fer qu’il peut bel et bien mobiliser cette somme. Aujourd’hui, il est rattrapé par son manque de réalisme et de vision prospective. Seulement, il ne peut longtemps se cacher derrière son petit doigt et camoufler ce que tout le monde sait et dit. Selon donc des sources parlementaires, le gouvernement aurait introduit un collectif budgétaire d’un montant (tenez vous tranquille) d’environ 600 milliards, soit le montant du dernier budget du président Kérékou. Quel recul !
Marcel Zoumènou