C’est une métamorphose bien réussie. Naguère très critique à l’endroit du pouvoir, Modeste Kérékou est devenu aujourd’hui un de ses plus ardents défenseurs. Nommé ministre, il avait clamé être l’élu du G13 et de son père de président. Mais quelques semaines après, sa nomination est toujours d’actualité. La polémique enfle toujours et des voix aussi indiquées donnent d’autres sons de cloche
Modeste Kérékou a-t-il filé entre les mailles du G13 pour se retrouver au gouvernement ? Quelques jours après sa cooptation ministérielle, le jeune ministre de la jeunesse, des sports et des loisirs était apparu à la télévision en bon « apôtre » de la cause du G13 qu’il dit représenter désormais au gouvernement. Reniant presque son passé et ses déclarations d’antan, il revendique une nouvelle virginité politique. Dans son allure du ministre fringant et dans ses zèles de néophyte, il déclare aussi avoir la bénédiction de son père. Mais au fil des jours, les langues se délient dans le G13 et semblent contredire presque les allégations du jeune ministre. Aussi, des indices de plus en plus plausibles montrent réellement que le G13 n’est pas encore tombé dans la gibecière politique de Yayi. Invité vendredi dernier sur Capp Fm, le député Nassirou Arifari Bako, ancien coordonnateur du G13 a affirmé sans ambages que le G13 n’a pas été associé à la formation du gouvernement et n’y a envoyé personne. A cette déclaration, il faut ajouter le fait que, presque tous les députés du G13 ont signé la demande de mise en accusation du président de la république devant la Haute cour de justice(Hcj). Il paraît donc paradoxale et politiquement malséant qu’un conglomérat politique présent au gouvernement puisse voter pour envoyer son premier soutien devant la Hcj. De plus en plus, les discours des députés du G13 tendent à montrer que cette coalition de partis politiques tourne de plus en plus la page « Yayi ». « Il n’y a pas de tendance Yayi dans le G13 », avait déclaré l’honorable Saka Fikara tout récemment sur l’émission Zone Franche de Canal 3. Face à ces déclarations et à ces indices, Modeste Kérékou peut-il encore se targuer d’être l’envoyé du G13 dans le gouvernement ? Il semble qu’au regard de tout cela le fils du président Kérékou s’est engagé dans une aventure solitaire dont il est le seul à connaître les tenants et les aboutissants.
Gbadamassi dans la danse
Dépourvu ainsi du parapluie du G13 dont il s’est maladroitement servi depuis, il ne lui reste qu’à se prévaloir de la toute dernière et très précieuse de son père. Il peut à ce niveau bien surfer sur le mutisme légendaire de son père pour camoufler la vérité. Mais hélas, la fratrie « Kérékou » est très mosaïque et ne favorise pas un unanimisme béat comme on le croit. Selon un des frères aînés du ministre, le président Kérékou n’a été ni de loin, ni de près associé à cette procédure de nomination. Certes, précise la même source, s’il avait été informé il n’y opposerait pas un veto mais il a été informé en aval et n’a pu que prodiguer des conseils à son fils nommé. Selon toujours la même source, c’est plutôt l’honorable Rachidi Gbadamassi qui aurait encore joué le jeu. C’est lui qui aurait fait le lavage de cerveau au ministre Kérékou pour l’amener à accepter d’entrer au gouvernement. Quelques jours avant cette nomination, Modeste Kérékou aurait été reclus à un endroit gardé secret.>
On lui a changé de contacts téléphoniques si bien que les nombreux efforts du président de l’Upr Issa Salifou pour le joindre ont été vains. Un de ses proches confirme que Issa Salifou est un peu déçu par le comportement de son allié politique avec qui il partageait beaucoup de choses et qui, au dernier moment l’a joué. Tout ce plan a été conçu pour fragiliser Issa Salifou qui tient tête à Boni Yayi dans le septentrion comme le précisent les mêmes sources. Et Saley a bien compris la leçon.
Marcel Zoumènou