Soulé Mana Lamani, un fusible pas comme les autres

Un ami m’a appris, de source arabe, que « Mieux vaut être un lion mort qu’un chien vivant ». Je crois que Soulé Mana Lawani, l’ex argentier national, « ce garçon » que Boni Yayi disait aimer, a visiblement choisi d’être lion, plutôt que chien.

Lion en dévorant sa proie, sans craindre de mourir à son tour, plutôt que chien docile même s’il peut montrer des crocs. Ejecté du gouvernement pour une affaire d’arrêté interministériel qu’il aurait signé de façon cavalière et qui avait une grosse incidence sur le budget national, une thèse depuis longtemps battue en brèches quand on sait qu’à tout le moins ampliation a été faite du texte aux institutions dont la présidence de la République. Présenté ensuite comme le vilain méchant dans l’affaire CEN-SAD, Soulé Mana Lawani avait bon dos. Pour paraître comme celui par qui tout le scandale réduit miraculeusement à la réfection du Centre international de Conférences et du Palais des Congrès, est arrivé. Le parfait fusible puisque l’autre ministre mis en cause dans un premier temps, mais qui était encore, lui, au gouvernement, fut blanchi en un quart de tour.  Soulé Mana Lawani a donc décidé de ne pas être un lamentable fusible.

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Lui, le cadre de la BCEAO, l’expert comptable dont Boni Yayi soi-même vantait les mérites, n’entend pas se faire mettre en bière aussi sauvagement, ni aussi simplement. Oh, l’homme n’est assurément pas parfait. Mais dans le coup de la CEN-SAD, il n’est certainement pas le manitou  de la grande fiesta, de la bouffe à la pelle qui a vu le gouvernement dit du changement, censé être vertueux, acheter une paire de gants à 90.000 FCFA (c’est trois fois le SMIG ici), et un imperméable en nylon (pantalon et chemise), à 400.000 FCFA selon les propres déclarations de Soulé Mana Lawani qui se fait incisif en mettant en cause, personnellement et directement le chef de l’Etat, Boni Yayi. Lui, Soulé Mana Lawani, servir de sacrifice expiatoire ? Jamais, semble-t-il asséner, décidé à dévorer du Yayi même cru ou faisandé. Il dit que Yayi savait, a donné des instructions, que certaines des sociétés bénéficiaires des domaines « bradés » étaient connues pour leur proximité avec le chef de l’Etat. En clair, entre Soulé Mana Lawani et Boni Yayi, la rupture semble totale. Et tant pis pour ceux qui l’accusent de ne pas vouloir mourir seul. Qui est fou ?

Le plus important ici, ce sont les accusations formelles de l’ex argentier national à l’encontre de celui qui l’ « aime » beaucoup. Devrais-je peut-être employer l’imparfait ? Le chroniqueur se surprend du silence méprisant de Boni Yayi et de son entourage sur ces « révélations » majuscules et mâles. Comme s’ils étaient repus de tant d’os d’opposants qu’ils ont croqués goulûment, même les chiens de garde ne semblent pas alléchés par l’odeur des os frais lancés par Soulé Mana Lawani. Silence méprisant opposé à un minable ou silence coupable de gens statufiés par la rudesse des coups reçus ? Chacun appréciera. Peut-être aussi, prennent-ils leur temps pour voir sous quelle couture s’attaquer au dossier fumant que leur soumet Lawani. Qui n’a même pas attendu d’être formellement interpellé par l’Assemblée nationale avant de dégainer. Et quand Lawani dégaine, il a une grosse cible dans sa ligne de mire. Faut-il le blâmer ? Le féliciter pour la hardiesse qu’il a de mettre en cause l’honorabilité, l’excellence et la hauteur de l’autorité ? Avant Lawani, plusieurs ministres, sous
plusieurs régimes, sont tombés en disgrâce, ont été sacrifiés ou sautés comme des fusibles. Jamais ils n’ont mis en cause les chefs d’Etat sous lesquels ils ont servi. C’est cela qui donne du charme et de la valeur à ce que dit Lawani. A défaut de l’encourager, il ne faut surtout pas le blâmer. Son action est inédite. Utile. Et peut s’avérer salutaire.

Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commenvalebenin.over-blog.com)

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