Un plan diabolique est mis en œuvre depuis quelques jours par le gouvernement pour hypothéquer les chances de Houngbédji aux élections présidentielles de 2011. Il vise à tout faire pour prouver qu’il a reçu d’un promoteur de structure de placement de l’argent pour acheter un appartement à Paris. Seulement, l’amateurisme des concepteurs de ce plan voue celui-ci à l’échec.
Qui veut noyer son chien l’accuse de rage. Les deux communiqués de la cellule de communication du président Houngbédji, pourtant très convaincants, devraient dissuader les conspirateurs. Ils devaient y trouver des arguments pertinents et des preuves tangibles qui battent en brèche leurs nombreuses affabulations. Mais croire à cela, c’est minimiser l’enjeu de ce plan diabolique. Ils sont, eux, dans une logique qui vise à prouver coûte que coûte et par tous les moyens que Houngbédji a aussi participé au festin macabre des structures de placement d’argents et qu’il en a tiré des revenus pour acheter un appartement à Paris. Ce genre de plan est l’apanage des régimes fascistes ou de gauche comme la Corée du nord, la Chine, la Birmanie et même l’Union Soviétique qui ont eu pion sur rue en Asie et en Europe de l’Est. Conçu par les services spéciaux, il permet de coller « une affaire montée de toutes pièces » à un opposant gênant afin de l’éliminer. Il s’agit d’un travail de professionnels fait de façon raffinée, propre et dont très peu de personnes peuvent douter de l’authenticité. Le scénario est imaginé, la stratégie bien peaufinée, les pièces à conviction réunies et les acteurs identifiés et psychologiquement préparés pour la cause. Dans ce genre d’opération, on n’échoue donc pas. Le Bénin ayant connu un passé pseudo révolutionnaire , il est probable qu’il ait reçu la main. Pour rappel, ce fut une opération similaire qui permit d’éliminer Michel Aïkpé lors de la période révolutionnaire. Devenant trop gênant pour le pouvoir dont il est lui-même géniteur, il fut abattu pour dit-on « avoir commis un adultère avec la femme du président ». On montra son corps nu non loin du lieu du crime. C’était bien fait. Aujourd’hui, le contexte et le scénario ne sont pas les mêmes même si le résultat cherché est identique : éliminer un opposant qui gêne. Cette fois-ci, c’est Houngbédji, candidat unique de la plus grande formation politique du Bénin, l’Union fait la nation(Un), qui est dans le viseur. Et pourquoi cet acharnement ? Selon des sources proches du pouvoir, le président Yayi craint d’être trainé devant la Haute cour de justice par celui qui pourrait le remplacer. Il faut lui coller quelque chose pour le coffrer ou le discréditer et l’amener à perdre les élections.
Un travail d’amateurs
C’est un véritable canular, ce plan du gouvernement. Ainsi conçu, il montre l’amateurisme de ses auteurs. Un scénario mal conçu et surtout des erreurs fatales qui montrent aux plus naïfs et aux plus crédules qu’il s’agit d’une mise en scène. Première erreur, une lettre écrite par un supposé Béninois qui vit à Paris, sans adresse précise, comme si Paris était une maison. La lettre ne précise ni l’adresse, ni le contact téléphonique, ni l’émail de celui-ci. L’intéressé livre des informations qui prouvent qu’il s’est vraiment donné du temps pour investiger. Alors, on se pose une question. Avec la réalité parisienne où tout le monde est occupé et préoccupé, que fait-il lui pour s’occuper à faire l’inventaire des appartements de Houngbédji ? Trop gros, n’est-ce pas. Deuxième erreur, on sait désormais que Houngbédji n’a pas acquis en Juin 2010 un appartement à Neuilly-sur-Seine. Le président Houngbédji l’a bel et bien démenti. Et bien qu’étant à Paris, Zéphirin Hounsa ne le sait pas. Ceci amène à se poser des questions sur la véracité et la crédibilité des allégations contenues dans cette lettre ouverte. On peut donc se demander si ce courrier n’a pas été rédigé depuis Cotonou. Surtout qu’aucune preuve tangible ne permet de savoir que cet individu existe vraiment. Troisième erreur, aucun détail, aucune explication n’ont été donnés sur les raisons qui amènent le gouvernement béninois à poursuivre un individu dont l’activité a été menée sur un territoire étranger où le Bénin n’a aucun pouvoir. A-t-il été saisi par les autorités togolaises pour arrêter le sieur Richard Lokossou ? Le gouvernement est resté muet sur cette question. Quatrième erreur, aucune preuve n’a été fournie pour prouver ces versements et les auteurs du montage se sont contentés de nous montrer des lettres de notaire et d’agence immobilière.
Cinquième erreur, c’est le jour même où cette information est sortie dans la presse que le gouvernement s’est dépêché de lancer une recherche contre Richard Lokossou. Comme si ces articles de presse étaient une preuve d’une mise en examen ou le début d’une enquête judiciaire. Depuis, l’intéressé n’a pas été retrouvé. La campagne de sabotage médiatique s’est estompée aussi. Dans les rues, le Béninois lambda se pose des questions sur cette affaire. Pourquoi c’est maintenant que le gouvernement est acculé dans le dossier ICC qu’il soulève tous ces problèmes contre le président Houngbédji ? Le plan est donc mal ficelé. Des professionnels auraient procédé autrement et n’auraient pas laissé l’impression d’un montage du gouvernement pour saboter ou arrêter un opposant qui gêne.
MARCEL ZOUMENOU