Déçu par les prestations de plusieurs membres du Gouvernement
Il avait rêvé composer un gouvernement de combat. Après avoir cherché en vain des vrais combattants, il a dû se contenter de quelques « tirailleurs ». Ceux-ci montrent déjà leurs limites et obligent Yayi à retoucher encore à son gouvernement. Depuis quelques jours, il a repris les consultations pour monter une nouvelle équipe. Le temps presse et Yayi joue contre la montre pour 2011.
Le dernier remaniement ministériel n’a pas apporté grand-chose au président Boni Yayi. Après plusieurs mois d’infructueuses recherches, le président Boni Yayi a dû revoir ses ambitions à la baisse en intégrant dans son équipe de jeunes hommes politiques fraîchement affranchis des cercles politiques officiels. Pour la plupart inexpérimentés et sans aucune emprise politique sur leurs régions d’origine, ils n’ont pas tardé à afficher leurs insuffisances. Submergé par l’affaire Icc-services et plusieurs autres dossiers, le gouvernement n’a pas pu trouver des ministres valables pour le défendre face à une opposition décidée à avoir sa peau dans cette affaire. A cela il faut ajouter les grandes insuffisances affichées par certains ministres sur le plan technique. Selon des sources concordantes, le nouveau ministre de l’intérieur Martial Souton a du mal à s’imposer dans ce ministère où hauts gradés de la police et autres cadres ne lui facilitent pas la tâche. On le voit d’ailleurs visiblement engourdi, crispé et mal à l’aise dans son nouveau habit de ministre et ce en dépit de l’effort personnel du Chef de l’Etat pour le faire accepter par ses collaborateurs. Mais visiblement la mayonnaise n’a pas pris et le malaise persiste dans ce ministère où les dissensions internes commencent à trop peser sur la bonne conduite des opérations de sécurité. On susurre également des difficultés similaires chez d’autres néophytes de l’appareil gouvernemental.
Les enjeux d’un nouveau remaniement
Après le recul et après avoir fait lui-même le bilan politique du gouvernement actuel, Boni Yayi a compris qu’il faut rejouer les cartes dans certaines régions du pays où il a pourtant montré un grand intérêt. C’est le cas par exemple de la 6è circonscription électorale (Abomey- Calavi, Sô Ava, Zê) où le Chef de l’Etat a placé trois ministres pour bien dompter l’électorat de cette circonscription, la plus peuplée du pays. Seulement, des indiscrétions racontent que des ministres comme Gérard Kouéssi n’arrivent pas véritablement à s’imposer politiquement dans cette commune. Idem pour Martial Souton et Bertrand Sogbossi qui dans les 23è et 24è circonscriptions électorales cherchent toujours leurs marques. C’est fort de ces déceptions que Yayi a entamé les consultations afin de trouver de nouvelles têtes pour les remplacer. Depuis le départ du gouvernement du ministre Joseph Ahanhanzo et le limogeage d’Armand Zinzindohoué, l’électorat Fcbe du Zou est en déperdition comme un troupeau à la recherche d’un berger. Yayi doit donc vite trouver des pièces valables de rechange dans le Zou. Les mêmes sources racontent qu’une commission ad’hoc travaillerait actuellement à la Marina pour identifier et proposer au Chef de l’Etat des cadres chevronnés bien rodés dans la chose politique et qui jouissent d’une certaine notoriété sur le Plateau d’Abomey.
Mais hélas, la commission peine à trouver de bons éléments. Toutefois, les dossiers et les profils de certaines personnes retiennent l’attention. On cite entre autres les noms de Juste Guédou, actuellement Secrétaire général du ministère chargé des relations avec les institutions, d’Alexandre Hountondji, ancien ministre chargé des relations avec les institutions et du commissaire de police Agbidinoukoun. Certains ministres sur lesquels planent des soupçons de tricherie politique ou d’autres qui ne montrent plus d’entrain au travail devaient être aussi remerciés. Décidé à avoir son équipe de combat, Yayi accélère les tractations. Il veut éviter les erreurs de la dernière fois et former un gouvernement capable de déranger l’opposition. Pourvu que cette fois-ci soit la bonne.
Marcel Zoumènou