Encore un communiqué du conseil des ministres qui fait froid dans le dos. A un moment où la disparition de Pierre Urbain Dangnivo donne de l’insomnie, le gouvernement décide d’en rajouter à la psychose. Dans sa dialectique, il s’attaque à la presse et à l’opposition accusées de tous les péchés d’Israël. Le gouvernement, lui, se dédouane et son Chef est absout. Avec ce dernier communiqué, on comprend vraiment que le ver est dans le fruit.
Le gouvernement est-il le fantôme qui hante le sommeil de maints Béninois ? A la place d’un communiqué du conseil des ministres qui informe sur les activités menées au sommet de l’Etat, on a eu droit à un manifeste plein de fiel où le gouvernement visiblement dépassé par les événements cherche des bouc-émissaires pour couvrir ses turpitudes et ses erreurs. La presse a été indexée comme vecteur de cette violence verbale qui a cours dans le pays actuellement. « Des calomnies, contre-vérités et mensonges gratuits et sans preuve sur fond de désinformation et d’intoxications distillées à travers la presse écrite et parlée et sur Internet », peut-on lire dans le communiqué. On constate là qu’il s’agit des médias que le gouvernement n’arrive pas à caporaliser et à bâillonner. On peut donc comprendre pourquoi les griefs ne sont pas allés vers les télévisions globalement tenues depuis la Marina par des contrats mirobolants. La presse critique à l’endroit du gouvernement n’a pas sa place ici-bas. Laudatrice, elle est applaudie, financée et promue. Tel que voulu par le gouvernement, la presse devait donc rester passive et muette lorsque des graves dérives, des propos mensongers, des calomnies sont tenues et entretenues par des zélateurs du pouvoir et certains députés va-t-en guerre de la mouvance comme Rachidi Gbadamassi, Benoît Dègla et consorts. Pendant que ces dernies faisaient des déclarations graves, le gouvernement était certainement en vacances. Sinon, il devait chercher à interpeller le député Dègla qui, en réponse à une déclaration de l’opposition, a simplement choisi de faire peur aux Béninois en parlant de « commandos recrutés » pour des kidnappings politiques.
Le gouvernement n’aurait donc jamais parlé ainsi si les députés Epiphane Quenum et Rosine Viera Soglo à l’hémicycle n’avaient pas dit des choses qui compromettent le Chef de l’Etat lui-même. Ce dernier trouve ainsi l’échappatoire pour répondre à ces deux députés Rb qui l’ont personnellement accusé d’être le vrai pyromane. « Des délations portant sur des faits, gestes et propos attribués intentionnellement au Chef de l’Etat et à son gouvernement », ajoute le même communiqué. Au lieu donc de dissiper la crainte, ce communiqué du conseil des ministres la renforce. Beaucoup ont finalement compris que le président Yayi joue à faire peur. On peut aussi comprendre donc que Rachidi Gbadamassi était en mission. Candide Azannaï, le nouveau porte parole du gouvernement accusait l’opposition d’être « prédatrice de la paix ». Il devra donc chercher les pyromanes et prédateurs de la paix dans son propre gouvernement désormais.
Marcel Zoumènou