Concurrencé fortement par le riz importé, mal organisé et sans marché d’écoulement, le riz local est actuellement dans de beaux draps. Alors qu’on y est, plus de 160.000tonnes de la précieuse céréale cherchent preneur. Un drame qui se joue dans l’indifférence du gouvernement qui a pourtant été en amont de la relance de cette filière.
Les riziculteurs béninois sont très en colère contre le gouvernement du docteur Boni Yayi. En investissant les vallées, les bas fonds et les périmètres irrigables pour produire du riz, ils croyaient ainsi mener une activité qui pourra leur permettre de vivre. Mais depuis quelques semaines, ils ont compris qu’ils se sont fourvoyés. En effet, leur produit est délaissé au détriment des riz importés du Pakistan, de la Thaïlande, de la Chine très appréciés par les consommateurs béninois. Conséquence, le riz béninois produit cette année n’arrive pas à trouver de débouchés pour son écoulement. Selon un membre de l’association des riziculteurs, environ 160.000 tonnes de riz trainent encore sous les bras des producteurs qui n’arrivent pas à les écouler sur le marché. Ce qui fait que beaucoup parmi eux ont des difficultés pour vivre.
Le paradoxe gouvernemental
Pour beaucoup de riziculteurs, c’est le discours du Chef de l’Etat qui les a motivés à se tourner vers cette filière annoncée très prometteuse. Ainsi, ils se sont lancés à corps perdu dans la production du riz dans les vallées du Niger, de l’Ouémé et du Mono. Cette année, il y a eu un excédent dans la production nationale de riz. Mais en vérité, le ver est dans le fruit. « C’est le même gouvernement qui nous demande de produire du riz qui favorise les importations et surtout les dons. Nous sommes bien dans un cas de concurrence déloyale puisque les producteurs de ces riz sont souvent subventionnés par leurs gouvernements », s’est- offusqué un riziculteur. Dans le même temps, le gouvernement n’a rien fait pour trouver des marchés d’écoulement pour le riz local qui traîne toujours dans les greniers et les magasins. À peine est-elle lancée que la filière « riz » du Bénin est déjà en pleine difficulté. Et jusqu’à quand encore ?