Le processus de réalisation de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) évolue vaille que vaille malgré les nombreuses contestations qu’il subit dans le pays. En face d’une classe politique vigilante et d’une société civile habile, exigeant toutes une pause d’évaluation, la Cps-Lépi, auréolée par l’appui des partenaires semble déterminée à aller jusqu’au bout d’un instrument électoral qui ne comblera pas toutes les attentes. L’argent du contribuable européen mobilisé par ces partenaires ne servirait donc pas à grand-chose au finish. Bien au contraire… Les deux partenaires qui soutiennent le Bénin dans la réalisation de la Lépi, à savoir l’Union européenne et le Pnud sont-ils conscients du service que rend actuellement l’argent du contribuable européen au peuple béninois ? La question se pose avec acuité au fur et à mesure que s’approchent les élections de 2011. En effet, l’appui de ces deux partenaires dans la réalisation de la Lépi s’inscrit dans le cadre d’un accord qui repose sur l’assistance aux processus électoraux dans les pays africains. Ledit accord date de 2004, mais n’ a été signé qu’en 2006 par Richelle Koos de l’Union européenne et Melkert Ad, côté Pnud. Dans cet accord, il est clairement mentionné que le critère minimum pour bénéficier de l’assistance des deux institutions est le consensus des principaux acteurs politiques, une bonne vision de la situation spécifique interne et enfin un timing adéquat pour la bonne marche du processus. En clair, tout a été bien précisé dans cet accord et l’application effective des prescriptions faites vise sans nul doute à contribuer au renforcement de la démocratie béninoise.
Reste qu’en continuant de soutenir le processus dans sa phase actuelle, le Pnud et l’Union européenne semblent ne plus tenir compte des exigences de cet accord, donnant plutôt l’impression qu’elles font la promotion d’un processus électoral «frauduleux ». Aujourd’hui, les 2/3 de la classe politique béninoise désapprouvent la manière dont le processus est conduit, pas plus que la société civile qui tire davantage la sonnette d’alarme à ce propos.
Au demeurant, ces fonds issus des efforts du contribuable européen par les partenaires, risquent donc de ne pas servir à accompagner le Bénin dans sa marche pour une démocratie plus réelle mais plutôt à réveiller des tensions de foyers aux conséquences incalculables et imprévisibles. Les signes avant-coureurs de cette triste perspective se font de plus en plus visibles. La seule alternative aujourd’hui reste le cadre consensuel que ces partenaires doivent contribuer à instaurer pour se conformer ainsi aux vœux des contestataires, entre autres l’Union fait la Nation, la Coalition Abt, dont les propositions ne manquent pas de pertinence. Auquel cas, il est à craindre que l’atmosphère actuelle vire au pire, si le Pnud et l’Union européenne ne revoient pas leur position et ne se montrent pas plus prudentes dans ce processus électoral, dans lequel ils sont également des parties prenantes.
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