Roman «Eve et l’enfer» de Georgette Houévi Tomédé

Vivre sa vocation ou subir la fatalité

«Eve et l’enfer» est la toute première œuvre qui inscrit le professeur Georgette Houévi Tomédé au rang des écrivains béninois. Un roman qui peint la société africaine et dans le même temps s’érige en bastion du christianisme. L’auteure a choisi l’année pastorale 2009-2010, décrétée année sacerdotale par sa sainteté le papa Benoît  XVI pour sortir son roman. C’est une exhortation à suivre les préceptes du créateur. Découvrons le contenu des lignes de cet œuvre.

«Voici la chair de ma chair, l’os de mes os». Ces propos inscrits à la page 74 du roman ne sont ni de Georgette Houévi Tomédé, ni des personnages fictifs de son roman. Mais plutôt un extrait biblique, prononcé le jour où Dieu a attribué au premier homme Adam la première femme Eve. Cela témoigne du caractère évangélique du langage adopté par l’auteure dans son premier ouvrage intitulé «Eve et l’enfer ».

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Un livre  de 215 pages, paru cette année et préfacé par Brigitte Aoulou-Hessou, administrateur civil. La maquette de la couverture qui l’œuvre de Myriel-Lys Ayégnon, présente  sur un fond blanc une femme, à l’image d’un oiseau volant, à moitié vêtue de drap orange et cachant sa poitrine nue avec ses deux mains.

L’intrigue du roman a pris siège au milieu de deux Etats voisins le Bénin et le Togo. L’auteure ne fait pas elle-même le récit. Elle utilise un personnage hors du roman pour raconter. Le roman s’ouvre par un artiste Ehue se trouvant dans un avion  à destination de l’Australie. Pendant les vingt quatre heures de vol, elle dégusta les lignes d’un roman-journal ‘Eve et l’enfer’. Elle nous lit le texte volumineux de 210 pages.

La scène se passe entre la ville de Lomè et le département du Mono au Bénin. Le village ciblé ici s’appelle ‘Gbèffa’ à Grand-Popo. Région d’origine des xwla. Au centre de la trame, Mièva, une jeune fille d’une beauté féerique. Elle vivait auprès de sa tante à Lomé. Sa fréquentation régulière des religieuses d’une congrégation nommée sainte marie Mère et servante  a fait naître en elle la vocation de servir. Cet appel divin devrait être une réalité pour la jeune fille. Mais, le temps n’y était pas favorable. En pleine période coloniale, à la veille des indépendances, où la tradition battait son plein en Afrique, aucun parent ne pouvait accepter que son réponde à ce genre d’appel. Ce serait une perte. Alors, comme la tutrice de Mièva n’arrivait à lui ôter cette idée de la cervelle, elle la renvoya au village Gbèffa. Histoire de demander la permission à ses parents. Chose impossible bien sur.

Une fois revenue parmi les siens, Mièva leur fit part de sa vocation. L’objection est automatique. Les perles rares comme Mièva ne courent pas les rues. Mais la jeune fille reste campée sur sa position jusqu’au jour où un jeune homme du nom d’Adannou brisa son rêve. Il la viola sans pitié et ne reconnut point le fruit de son acte odieux. Non seulement elle perdit sa virginité, mais aussi tomba grosse. Pire encore, l’auteur de la grossesse l’abandonna par lâcheté. Adieu le sacerdoce. «A cet instant précis, commença l’enfer de Mièva», écrit l’auteure à la page 37 du roman. On l’a croirait dans un piège sans fin. Dans son cas, elle dominée par l’homme et sa perversité. Ce que l’auteure appelle ‘phallocratie’. Adannou qui incarne le diable dans cette fiction, ne saurait en aucun cas comparé à Adam le premier homme. Même si dans la fiction, Méton, la mère de Mièva accuse Adam de ne pas pouvoir empêcher Eve  de commettre l’acte odieux.

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Détournée de sa vocation, Mièva ne connaîtra plus jamais le bonheur. Son premier amour a gâché sa vie. De noces en noces, elle finit par trouver la mort dans un foyer polygame, sous l’effet de l’envoûtement. Sa progéniture issue de mariages différents l’honorera à travers les études et l’évolution dans la vie active. Les aînés ont opté pour la vie à l’étranger. Même à distance, ils soutiennent leurs grands-parents qui ont encore en charge leurs petits frères laissés par leur mère défunte.

Quant Adannou, le premier amour de Mièva, il est le diable personnifié. Partout, il fait des victimes. Il est phallocrate à l’endroit des femmes. La seule qui a pu le dominé est la dernière sur la liste, la riche femme qui ne lui laissait aucune opportunité. Adannou a trépassé comme un chien dans un caniveau, à la proie des charognards.

A la fin de la lecture du roman, la vedette nationale Ehue s’étonne que l’une de ses compositions soit impliquée dans le récit. Lors des noces de Shèva la fille ainée de Miéva, les convives savouraient l’un de ses morceaux très suave. «J’ai choisi la meilleure part, je suis sur les traces du seul Saint sauveur et maître  Jésus-Christe. Tant pis pour le diable  s’il ne me rencontre pas dans l’enfer… », dixit l’artiste à la fin du récit.

L’écriture de l’auteure

Dans son style évangélique,  Georgette Houévi Tomédé a fait usage  des extraits bibliques pour illustrer ou pour exhorter les gens à suivre les préceptes divines à la page 209. L’utilisation de l’imparfait d’Habitude et de l’imparfait de perspective. Le passé-simple et le passé-composé par moment. On également des proverbes  et adages tels «Qui a bu boira», «la chance n’a qu’un seul cheveu». Les expressions telles ‘fleurs de lys’, ‘la danse du canard’. La comparaison est monnaie courante dans ce genre de récit.

Les thèmes

La haine, la polygamie, la jalousie, la sorcellerie, la gabegie, le népotisme, la corruption. Ce sont autant de fléaux que met en exergue l’auteure à travers les lignes de cet ouvrage. Aussi peint-elle la femme, qui se retrouve au milieu de tout ceci. Mais, ici, c’est l’homme qui incarne le diable et fais subit à la femme les situations les plus viles ; pendant ce temps Dieu Dieu essaie de sauver sa créature. Malgré ses péchés il lui montre toujours le chemin à suivre. Georgette Houévi Tomédé à travers ses écrits cherche à amener les hommes de pratiques immorales à retrouver le meilleur chemin, celui de Dieu.

Biographie de l’auteure

Originaire de Grand-popo au Bénin Georgette Houévi Tomédé a connu très tôt les joies de l’aventure. Elle passé son enfance à Tahoua au Niger, en compagnie  de sa sœur jumelle. Elle y commença l’école avant de revenir au Bénin, où elle effectua les cours secondaires au collège Notre Dame des Apôtres de Cotonou. Inscrite à l’université de Cocody à Abidjan, elle parcourt les départements d’anglais, de Lettres Modernes, de sociologie et de droit où  elle obtint le diplôme d’études approfondies (Dea).

S’intéressant à l’art, Georgette Houévi Tomédé est auteure  de quelques œuvres musicales  et professeur d’art plastique. Actuellement, elle exerce entant que professeur  de Techniques d’expression française dans les écoles supérieures professionnelles à Abidjan. ‘Eve et l’enfer’ est sa première expérience en genre romanesque.

Une réponse

  1. Avatar de Pascal OHANMA
    Pascal OHANMA

    Merci beaucoup de cette presentation et analyse.
    J’aimerais savoir la maison d’Edition de ce roman. Je l’ai lu en 2012 mais ma copie ne dispose pas de cette information.
    Merci d’avance.
    Pascal OHANMA,
    Ngeria

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