Menace de coup d’Etat au Bénin: un montage maladroit d’apprentis sorciers

Comme un coup de massue, la nouvelle – relayée par une certaine presse – de la préparation d’un coup d’Etat pour remettre en cause l’ordre constitutionnel a abasourdi maints Béninois. Un tel projet macabre devait fortement menacer la paix de plus en plus fragile au Bénin. Les seules questions qui sont sur toutes les lèvres, c’est de savoir à qui profitent de telles informations et pourquoi une telle campagne ?

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C’est un scénario très beau, invraisemblable et digne seulement des films d’action de James Bond, Harrison Ford et consort. Un commando vient d’un pays voisin, fait un coup d’Etat, dépose le président Boni Yayi et remet en cause l’ordre constitutionnel, surtout les articles 42 et 44 de la Constitution du 11 Décembre 1990 qui limitent le nombre de mandats et fixent les conditions de candidature. C’est pourtant ce qui a été imaginé dans les couvents sataniques et dans les antichambres de politicards véreux. La boîte de pandore ainsi ouverte, libre cours à toutes les interrogations et interprétations. On comprend aisément que sous ces articles pirates de presse se cachent des pyromanes lugubres qui veulent profiter de la situation sociopolitique actuelle très tendue pour jeter la psychose dans la population. Qui peuvent-ils être et pour quel intérêt pouvaient-ils ventiler de telles informations d’une extrême gravité ? Pour peu qu’on soit un peu sagace et qu’on jouit d’un esprit de discernement, on peut bien déceler dans ce scénario, des incohérences flagrantes qui peuvent confirmer qu’il s’agit d’un grossier montage, mal conçu. Un travail d’amateurs mal inspirés à la quête de sensation forte. Il est bien curieux ce coup d’Etat dont on nous parle avec des commandos dont le seul souci est de venir faire un coup d’Etat à quelques mois des élections pour remettre en cause l’ordre constitutionnel. A-t-on besoin d’un commando pour faire une telle opération qui relève après tout du domaine intellectuel ? Mais ne soyons pas amnésiques. Une telle idée n’est pas nouvelle. Elle a été agitée pour la première fois par l’honorable Benoît Dègla, député Fcbe, qui répliquant à une déclaration de l’opposition, annonce un tel scénario à l’hémicycle. Déjà en 2007, des conseillers du Chef de l’Etat – Edgar Guidigbi en tête – avaient claironné sur une tentative de coup d’Etat auquel ce dernier a échappé au cours d’une de ses tournées à l’intérieur du pays à hauteur du village de Kèmon dans le département des Collines. La suite, on le sait. Aucune voix autorisée n’est revenue nous donner la suite de cette information grave. On peut donc se douter de la source de telles arguties.

A malin, malin et demi…

Surfant le contexte politique actuel, les concepteurs du scénario apocalyptique ont voulu brouiller les pistes et faire croire que les vrais auteurs sont ailleurs. Qui ciblaient-ils ? Visiblement les anciens présidents Emile Derlin Zinsou, Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo mais aussi Bruno Amoussou, actuel président de l’Union fait la nation (Un). Ces hommes politiques tous forclos pour les prochaines élections ont donc fort intérêt à voir les verrous d’âge ou de nombre de mandats sautés. Mais là aussi, les pyromanes en cause pourraient aussi compter sur l’amnésie collective sinon le président Kérékou en 2005, lorsque certains de ses collaborateurs ont commencé à agiter la révision, pouvait réviser la constitution et s’éterniser au pouvoir après ses deux mandats. S’il ne l’a pas fait en ce temps, ce n’est pas maintenant où il est en retraite politique que les circonstances sont plus propices pour le faire. Amoussou a quant à lui combattu la même révision contre Kérékou et c’est ce qui a permis à Yayi de venir au pouvoir. Soglo est aujourd’hui vice président du comité des anciens présidents africains, une responsabilité qui l’occupe assez et l’éloigne du pays pendant de longues périodes. Est-ce lui qui a le temps pour penser à une révision de la Constitution ? Idem pour le président Zinsou, limité par son grand âge et qui s’occupe à conseiller des personnalités et à rédiger actuellement ses mémoires. Quant à Houngbédji et Bio Tchané, les deux challengers de Yayi pour l’élection  présidentielle prochaine, un tel coup serait plus préjudiciable pour eux puisqu’il va installer une confusion et leurs ambitions pourraient être mises entre parenthèses. Dans un tel scénario, Yayi risque peu. Le coup d’Etat va attirer plus d’estime populaire et va accroître sa côte de popularité mise en mal par les nombreux scandales. Il risque de ne même pas rendre compte pour les nombreux scandales qui éclaboussent son régime. Le scénario est bien trouvé par les pyromanes qui rêvent de voir accroître la popularité du président de la république. Mais hélas, la pitié et la compassion populaires attendues tardent à venir. La psychose s’ajoute à la misère ambiante. Les auteurs d’une telle méchanceté devaient être recherchés et punis. Et la Haute autorité de l’audiovisuel et de la Communication devrait interpeller les médias auteurs de ce genre d’informations.

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