Campagne présidentielle: Boni Yayi et ses collaborateurs se fourvoient

L’élection présidentielle s’approche à grands pas et les états major réfléchissent sur les stratégies de conquête du terrain et les thèmes de campagne.  La majorité présidentielle a semblé, elle, trouver son filon. C’est le bilan du quinquennat qui est mis en exergue. Un bilan assez flatteur, ressassé à longueur de journée par les faucons du régime. Seulement,  cette option-la seule qui s’offre à Yayi n’est pas sans danger. Comme un couteau, il représente une menace pour ceux qui l’utilisent. Il faudra défendre le plus difficile : les scandales qui noircissent ce bilan.

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A environ quarante jours de l’élection présidentielle de Février prochain, le gouvernement, comme à son habitude, n’a pas attendu assez de temps pour mettre en branle sa machine de réélection sur le terrain. Ministres, conseillers techniques, chargés de mission, députés et autres missi dominici de la Marina lancés sur le terrain afin de donner un nouveau souffle à la propagande gouvernementale. Partout, les défenseurs du pouvoir ont le même refrain : « le bilan du gouvernement est positif et flatteur ». De quoi avaliser la nécessité pour le Chef de l’Etat de bénéficier d’un second mandat. La tendance, on le comprend, est à l’autosatisfaction. Quand l’élève arrive à corriger lui-même sa copie, comment ne va-t-il pas s’attribuer les plus bonnes notes. Une fois décrétée, la brillante réussite du quinquennat du président Yayi peut faire l’objet de documentaires et d’émissions spéciales qui occupent la majorité du temps d’antenne à la télévision. « Le Bénin se construit », lit-on de plus en plus sur le petit écran. Les infrastructures routières, la satisfaction des revendications des travailleurs, les nombreuses mesures sociales dans le domaine de l’éducation et de la santé mais aussi les efforts dans l’agriculture sont rabâchés tous les jours. Curieusement, les « griots » du pouvoir restent muets sur les erreurs graves qui ont truffé le quinquennat. C’est à peine s’ils parlent des actions qu’ils auront à faire dans les cinq ans à venir s’ils reprennent le pouvoir ; comme si la défense d’un bon bilan est le programme d’action du gouvernement pour le prochain quinquennat.

 

Comme un couteau à double tranchant

Une réélection est toujours plus difficile qu’une élection, dit-on souvent. Après avoir passé un premier mandat au pouvoir, le président de la république aura forcement le temps certes de faire beaucoup de choses mais aussi de décevoir maintes personnes puisque aucune œuvre humaine n’est parfaite. C’est pourquoi il est souvent très difficile de faire campagne sur la base de son bilan. Et quand ce dernier arrive à être entachée de plusieurs scandales et des dérives graves, il vaut mieux ne pas trop en parler. Celui de Boni Yayi ne manque pas aussi d’avoir d’énormes taches noires presque indélébiles. Hormis les nombreux scandales, le gouvernement devait courageusement assumer l’affaire Icc-services qui a entamé énormément sa popularité et sa crédibilité. Dans les villages et hameaux du Bénin, on rumine et subit de pleins fouets les affres de ce scandale rocambolesque dans lequel des centaines de milliers de béninois ont englouti des sommes importantes, parfois toute l’économie de la famille. La conséquence, des milliers de personnes vivent dans le dénuement total et crèvent parfois dans l’anonymat. Le gouvernement qui devait jusque là faire amende honorable dans cette affaire s’y est encore sali les mains en s’immixant maladroitement dans le dossier et en promettant un hypothétique remboursement aux épargnants. Si au 27 Février prochain, jour de l’élection, aucun des épargnants n’est remboursé, Yayi devra s’attendre à récolter la sanction dans les urnes. Il y a aussi la mystérieuse disparition de Pierre Urbain Dangnivo dont on soupçonne le gouvernement d’être responsable. Connaissant l’attachement du béninois pour les valeurs de paix et de tolérance, il est difficile de croire que cette affaire ne va pas peser lourd pour Yayi pendant les campagnes. Au regard de tout cela, le bilan agité par le gouvernement peut lui être très préjudiciable. Alors les conseillers du Chef de l’Etat et les communicants officiant à la Marina ont-ils bien mesurés les contours de cette option prise pour la campagne présidentielle ? Ou sont-ils entrain de fermer les yeux à Yayi pour le jeter dans un gouffre ?

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