Foires et politique

Assurément, les fêtes étaient belles. Bonne note rien que pour la beauté des spectacles. Non mais, n’avez-vous pas vu ? Des septuagénaires qui loin d’être grabataires et perclus de rhumatismes, nous ont donné à voir des leaders charismatiques aussi alertes que gouailleurs ! Ne croyez pas que ce sont les Américains qui ont inventé la politique-spectacle. Bien qu’une investiture de candidat à l’élection présidentielle soit chez eux aussi un grand spectacle, mieux une foire grandiose où on ne lésine pas sur les confettis et les guirlandes, ceux qui en vérité leur ont inoculé ce sens de la fête, même dans un domaine aussi austère que la politique, ce sont leurs anciens esclaves désormais appelés « persons of african descent» et non plus Negroes ou Blacks.

Ouais ! Les personnes de descendance africaine auront pour longtemps encore le rythme dans le sang et le monopole de l’émotion. Cependant, contrairement à toutes ces Une dans la presse qui n’ont retenu de ces investitures que le beau spectacle offert à près de 50000 personnes, nous disons qu’il ne faut pas s’arrêter seulement à cet aspect futile ; car les personnes de descendance africaine s’arrêtent trop souvent aux chants et aux danses ! Quand les Asiatiques se lancent dans l’une des variantes de la révolution maoïste, ce n’est pas un dîner de gala. En effet, il n’y a rien de plus dangereux qu’avoir comme but de « liquider l’ancienne politique à travers les structures, les hommes et l’idéologie qui la porte. » Et pourtant, nous avions consacré plus de dix bonnes années de nos 17 ans de révolution à chanter, danser et à boire à la santé des masses populaires ! A la fin, ce fut la faillite dans tous les domaines et la banqueroute. En 2001, l’investiture de Nicéphore SOGLO candidat à l’élection présidentielle de la même année, était tout aussi féerique ; les slogans et les chansons à la gloire du candidat du changement étaient de même tout aussi entrainants en 2006. Pourquoi ne chantons-nous plus aussi longtemps pour louanger le Docteur Boni YAYI, le vaccin contre la misère (yanayi) ?

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Les discours-programme des candidats HOUNGBEDJI et BIO TCHANE qui ont  mis chacun près de 90 minutes à l’égrener, c’est déjà quelque chose de nouveau, mais encore insuffisant. Quelle bonne nouvelle nous apportent-ils donc pour que nous croyions en eux ? Parmi les deux, qui est «celui qui doit venir » ? « Devons-nous en attendre un autre » ? Ces paroles bibliques cadrent bien avec l’angoisse de la lourde attente dans laquelle se trouve le peuple béninois. Pardessus tout, Il faut qu’il se convertisse, c’est-à dire qu’il se serve désormais de la raison et non de l’émotion lorsqu’il s’agit pour lui de donner ses suffrages pour cinq ans à un homme. Nous ne voulons plus qu’il ose nous offrir à nouveau la scène d’une âme déçue au bout de …deux ans ! Cela frise d’ailleurs l’inconstance et l’infidélité, défauts rédhibitoires aussi bien en politique qu’en religion. Première question à se poser : avons-vous des arguments solides pour ne pas vouloir reconduire pour cinq bonnes années encore celui que nous avions plébiscité à 75% en 2006 ? Si nous le changeons, en 2013 déjà, ne serions-nous pas déçus de même ? Voyons donc ! Certains des hérauts du changement sont devenus les coryphées actuels d’Abt ou du candidat unique de l’Union fait la Nation ; n’auront-ils pas encore le culot de nous dire qu’on s’était trompé ? Un peuple qui se trompe régulièrement dans le choix de son magistrat suprême n’est pas un grand peuple, mais un ramassis d’opportunistes et de foutriquets guidés par la logique du ventre ! Méfions-nous de ceux qui enthousiastes hier, sont subitement devenus les insatisfaits et les hâbleurs d’aujourd’hui. L’éthique de l’honnêteté commande que les justes, ceux qui ne déterminent pas leurs prises de position en fonction de leurs pulsions viscérales, surtout leur ventre, accueillent avec scepticisme tous ceux qui hier vociféraient leur soutien au changement et qui ont maintenant le toupet de venir nous dire qu’ils s’étaient trompés ! La honte est une vertu cardinale dans nos différents groupes socio-culturels : qu’ils se taisent donc ces gens, anciens candidats ou non à l’élection présidentielle de 2006 qui avec une incroyable légèreté et sans aucune analyse socio-politique, nous avaient appelés à voter tous Boni YAYI au second tour. Tchahoho ! Ils s’étaient soi-disant trompés au bout de deux ans, mais n’ont pas le profil bas et la décence de se taire, et ânonnent fièrement qu’ils ont derechef trouvé l’oiseau rare ! Peuple béninois, il n’y a jamais eu pour aucune grande nation un sauveur suprême. Aussi seras-tu d’abord ton propre sauveur pour les cinquante à venir.

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