Le Graal pour Batoko, lot de consolation pour Gnonlonfoun !

S’il y a un nom qui a été le plus cité ces temps derniers, dans la perspective du remplacement de Saliou Aboudou à la tête de la Cour suprême, c’est bien celui de l’ancien ministre de la Justice, le poulain d’Albert Tévoédjrè, Joseph Gnonlonfoun. Outre lui, on citait sans conviction Clémence Yimbéré Dansou et avec encore moins de conviction, Jacques Mayaba. De tous les trois, Joseph Gnonlonfoun était assurément celui qui avait le plus à espérer puisque les deux autres sont toujours en activité dans les hautes juridictions que sont la Cour constitutionnelle et la Cour suprême justement. S’il y en avait un à caser donc véritablement, c’était bien Joseph Gnonlonfoun. Et, au regard de son profil et de ses états de service qui plaident assez pour lui, nul n’y aurait vu un scandale. Au contraire, Boni Yayi aurait surtout, par la même occasion, donné un gage supplémentaire de sa gratitude envers Albert Tévoédjrè et aurait mis celui-ci dans de meilleures dispositions pour continuer à battre pavillon cauri.

L’hypothèse de l’avènement de Gnonlonfoun à la tête de la Cour suprême a donc été bottée en touche par le dispensateur de tous biens et toutes promotions, Boni Yayi qui, comble de surprise, met en selle quelqu’un qui n’était pas vraiment attendu, quelqu’un en tout cas, qu’aucune indiscrétion n’a vu venir. Ousmane Batoko, puisque c’est de lui qu’il s’agit, souffle donc le poste à Gnonlonfoun et s’en sort ainsi avec le Graal. Etait-il demandeur ? A-t-il ferraillé en coulisses ? En tout cas, aucun activisme de sa part n’était visible cependant que, même si elles ne sont pas forcément à inscrire dans cette logique, plusieurs apparitions de Joseph Gnonlonfoun ont pu être décomptées. A l’arrivée, comme dans la fable du lièvre et la tortue, ce n’est pas celui qui est parti le plus vite qui franchit la ligne d’arrivée en premier. Mais voilà, « Faute de grives, on mange les merles », enseigne la sagesse. Et c’est actuellement le cas de Joseph Gnonlonfoun qui, s’il a vraiment lorgné du côté de la Cour suprême, devra se contenter de ce lot de consolation qu’on lui octroie généreusement : siéger à la CENA.

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Lot de consolation ai-je dit car, même s’il devait être porté à la tête de cette Commission électorale nationale autonome, il est clair qu’elle ne lui procurera pas le même prestige, la même majesté, la même satisfaction que la présidence de la Cour suprême. De fait, c’est d’un dribble parfait, d’une feinte orientée qu’il a eu droit, autant que son mentor, le professeur Albert Tévoédjrè. Petit lot de consolation sachant en plus que la CENA sera mise en place dans des conditions particulièrement inintéressantes et pourrait ne même pas avoir du grain à moudre, tant les choses pourraient aller vite, très vite, et prendre d’autres tournures. Mais, entre mécontenter Tévoédjrè et compagnie et la fratrie septentrionale qui le guettait sûrement, et attendait de voir s’il commettrait le « crime » de confier la Cour suprême à un ressortissant de la partie méridionale du pays, Boni Yayi a dû choisir ce qui lui apparaissait comme le moindre mal.

La colère de Tévoédjrè, Gnonlonfoun, Kpoviesssi et autres militants du parti national Ensemble ne devrait pas être aussi dévastatrice que celle du Nord où il a déjà fort à faire face à la machine Tchané. Pas question donc de se compliquer davantage l’existence. Il peut se permettre de frustrer Tévoédjrè et Gnonlonfoun qui devront faire contre mauvaise fortune bon cœur. Il devait cependant montrer au Nord qu’il peut toujours être celui à même de défendre au mieux leurs intérêts, pour ne pas le jeter dans les bras tout ouverts d’Abdoulaye Bio Tchané qui ne demanderait pas mieux. Car, il faut le dire, la perspective de la présidentielle et de la bataille épique qu’il sera amené à livrer contre Tchané particulièrement a dû peser d’un certain poids dans ce choix. Et voilà comment Ousmane Batoko peut se retrouver à la tête de la Cour suprême sans avoir forcément été demandeur actif. Peut-être même à sa grande surprise… Voilà comment aussi le glas des ambitions, certes non exprimées officiellement mais sans doute légitimes de Gnonlonfoun, a sonné.

Mais attention, une colère de renard peut vous valoir, à terme, de bien désagréables surprises…

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