Mieux vaut force à la loi

Le fonctionnement régulier et quotidien de l’administration publique est l’une des attributions essentielles de tout gouvernement. Quel qu’il soit, à travers le monde. Le cas de notre pays ne déroge pas à la règle et ne saurait l’être. En cela, les Pères rédacteurs du texte fondamental de 1990 et avant eux ceux de nos Républiques antérieures, ont repris à peu de choses près les dispositions constitutionnelles de quelques démocraties occidentales. Qu’ils ont surement adaptées, même insuffisamment, à nos réalités propres. De par cette mesure, le législateur est conscient que dans son effort d’assumer cette mission, le gouvernement peut être amené à devoir faire face à des situations de blocage sur le terrain. Il ne fonctionne et n’agit pas toujours pour faire plaisir à tous les citoyens. Certains, d’obédience politique différente de celle du pouvoir – en général les partis de l’opposition – parce que défendant des projets de société antinomiques agissent pour faire entendre leur voix. Et, sans hésiter, paralyser de leurs actions tout le corps social.

D’autres en arrivent à faire se gripper la machine administrative, tout ou partie, pour des raisons relevant de l’expression des droits considérés par le Législateur comme inaliénables. Notamment des revendications corporatistes (salaires, horaires de travail, déploiement de personnel, abus d’autorité…). Dans cette catégorie de citoyens, on range les syndicats. Les manifestations de rue, les interpellations à l’Assemblée nationale, les appels à l’incivisme et à la désobéissance sociale… sont consignés dans les Constitutions pour garantir ces droits. La nôtre respecte cette logique, même si elle est assortie de conditions. Mais aussi raisonnable que soit le fondement de ces dispositions, la constitution a concomitamment prévu de préserver un minimum de sérénité dans l’atmosphère sociale afin de permettre au gouvernement de continuer à garder sa « haute main » sur le fonctionnement des administrations de l’Etat. Chose plus que normale. Que serait le pays si le moindre soubresaut des partenaires sociaux devait aboutir à la fermeture totale et entière des écoles et, dans le cas d’espèce, des centres de santé ? Loin de nous la volonté de banaliser les revendications des travailleurs ni de les combattre. Encore moins de soutenir un quelconque Exécutif. Cela n’est pas de notre vocation. Chacun le sait. Quoique… Le problème est que le droit de réquisition est reconnu au gouvernement qui, lui, a tout simplement décidé d’en user. D’où, de notre humble avis, le non respect du service minimum par des agents grévistes qui justifierait l’acte d’assignation du gouvernement ne devrait pas être considéré comme illégal et donc forcement malsain. Il est plutôt une chance donnée aux travailleurs, par ailleurs syndiqués, de se faire dire le droit, pour autant qu’ils sont persuadés d’être dans le droit chemin et de se faire rétablir dans lesdits droits. Sous réserve, cependant, que les juges du dossier tranchent juste et en toute équité, selon les normes de droit applicables à la matière. Le gouvernement aurait pu autrement gérer le bras-de-fer. En optant par exemple, même à tort, de licencier les mis en cause. Dans ce cas, qu’auraient fait les syndicalistes? Bruler la cité ou faire entendre des bruits de bottes? On n’ose pas y penser en sachant d’avance que ces solutions ne prospéreraient pas sous nos cieux. Mais tout donne à le penser.

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«Faire fermer tous les hôpitaux le 19 janvier», avons-nous entendu? C’est nous-mêmes qui allons y passer, à travers nos amis et parents immédiats ou lointains malheureusement alités ou en passe de l’être. Pourquoi pas nous-mêmes nommément désignés? Cela n’arrive pas qu’aux autres. Et on devrait savoir que dans les stratégies de combat, l’idée que tous les coups sont permis n’est pas jouable à tous les coups.

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