De grands musiciens, il y en a au Bénin. Mais ils sont « inondés » par une masse d’artistes amateurs, fans et praticiens de la musique programmée. Malheureusement, l’image de la musique béninoise, vue de l’extérieur, est, à la grande fraction, celle des productions de ces artistes d’un niveau douteux en la matière. C’est un mal qui ronge véritablement la musique du Bénin. Le numérique aujourd’hui occupe une place de choix dans tous les secteurs dans le monde entier. La musique béninoise n’en est pas une exception. Seulement, au Bénin, c’est un phénomène qui entrave la valorisation de la musique béninoise au-delà des frontières du pays. Ceci, suite à une mauvaise exploitation. Et ce, par une catégorie d’acteurs du milieu du show biz. Une catégorie qui malheureusement domine dans le secteur. Celle-ci est composée d’artistes qui se disent musiciens, mais qui, en réalité n’ont pas les qualités requises pour l’être. Des artistes qui évoluent purement et simplement dans l’amateurisme. «Artiste ordinateur», «artiste programmation», sont entre autres, leurs appellations. Voici comment se passe l’enregistrement : l’artiste pose la voix et l’ordinateur se charge du reste. L’outil informatique sort le produit fini. Ils n’ont aucun souci de la musique produite en live. Ils n’ont aucun souci de création, ni d’originalité. On sent absolument que c’est plutôt de l’incapacité artistique à pouvoir le faire. «Quand quelqu’un a une histoire derrière, il entre dans un studio, chante et on lui sort la musique. Il se dit artiste chanteur béninois », déplore un musicien. Le son ainsi produit – peu importe le niveau du technicien de studio- ne donne pas une vraie couleur de la musique béninoise, quand même pleine de richesse artistique et culturelle.
C’est une pratique qui offre plus de facilité à ceux qui s’adonnent car le processus est non seulement court mais aussi moins coûteux. Ce qui justifie le nombre impressionnant de productions phonographiques de type numérique. C’est un phénomène qui porte à croire que, de nos jours, la musique béninoise n’est que celle produite et programmée par l’outil informatique. C’est une musique qui ne peut dépasser les frontières du Bénin. Quand elle sort, elle prend tout autre nom que celui de la bonne musique. « Quand vous jouez certains disques à l’extérieur ou auprès des étrangers, ils se désintéressent aussitôt » témoigne un musicien béninois. « Ce qui ne devait pas l’être » confirme-t-il. Cela ne colle pas au Bénin, l’étiquette d’un pays qui regorge de célèbres musiciens alors qu’il y des professionnelles qui travaillent tous les jours pour renverser la tendance.
Ceux là qui s’y connaissent bien dans le domaine et qui ont la chance de voyager sont souvent victimes de ce que font ces « artistes ordinateurs ». Car, bien qu’ils soient talentueux et ayant des connaissances avancées dans la musique, ils ne sont pas considérés par leurs paires à l’extérieur quand ils se présentent comme béninois. Ce n’est que sur scène qu’ils arrivent à surprendre.
D’après les déclarations à nous, faites par un musicien du groupe Gangbé Brass Band de retour d’un grand festival, certains artistes bien qu’étant fils du Bénin, sont difficilement acceptés, ou ne le sont du tout pas, comme béninois par certains dans les grands rendez-vous de la musique. Ces derniers doutent de la nationalité des béninois qui émergent dans le monde musical. En exemple, le membre de Gangbé cite Angélique Kidjo que quelqu’un aurait prise comme togolaise, jute parce que pour ce dernier, une star à l’échelle internationale comme elle, ne peut pas être du Bénin. C’est un jugement fait à la base de ces albums, signés de béninois, qui n’ont rien de bonne musique et qui ne mettent pas en valeur la richesse des rythmes béninois, mais qui envahissent le marché béninois.
Il est vrai que produire de la bonne musique, sous entend faire appelle à des musiciens qui s’y connaissent. Par conséquent, c’est un lourd investissement. Mais ceci n’est pas une excuse pour ces artistes amateurs qui sur un album sont même capables d’aller jusqu’à dix titres alors qu’en réalité, ils n’ont que les moyens de cinq titres s’ils devraient faire une production pouvant traverser les frontières béninoises. Mieux vaut un album de cinq titres qui exhibent les vraies couleurs de la musique béninoise qu’un opus d’une douzaine de morceaux, mais qui ne peut pas être considéré comme une œuvre musicale. Le «bruit», c’est le nom qu’attribuent les vrais professionnels du secteur à ces morceaux. A voir la richesse de la culture béninoise, le Bénin ne devrait pas être un pays où en lieu et place de la musique, est produit en grand nombre, le bruit (un son, tout sauf la musique). Il importe que les «artistes programmation», déjà qu’ils ont choisi d’être artiste bien que n’ayant pas les potentialités d’artiste, cherchent maintenant à se perfectionner et faire la musique dans ses normes.
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