Elections et Lépi: Le président Amoussou donne la position de l’Un

Bénin – Sa voix était attendue depuis plusieurs jours. En sa qualité de président de l’Union fait la nation(Un) et donc porte-voix de l’opposition, le président Bruno Amoussou ne s’est pas dérobé à l’exercice. Hier à la direction de campagne de l’Un, il a donné la position de son groupe en présence  des leaders comme Idji Kolawolé, Lehady Soglo, Lazare Sèhouéto. Pour lui, la Cour est responsable de tout ce qui arrive aujourd’hui.

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«Le nouveau président prêtera serment le 06 Avril. S’il y a des gens qui pensent qu’il y a la possibilité de faire autre chose, ils n’ont qu’à s’apprêter à nous affronter», cette déclaration du président Amoussou illustre bien la détermination de l’Un à avoir les élections de bonne date. Dans un exposé pertinent, il a affirmé que l’établissement de la Lepi est la première exigence des partis membres de l’union qui ont signé un accord de soutien au premier tour des élections. Il n’est donc pas question, que le pouvoir réclame la paternité de cet outil. Mais très tôt, les premières mésententes sont intervenues dans la mise en œuvre. Au lieu que ça soit la Mirena, organe techniquement compétent pour conduire les opérations, c’est plutôt la Cps, organe politique chargée de supervision qui a pris le devant des choses. C’est de là que naissent les suspicions autour de la Lepi. Plus grave, les dysfonctionnements ont commencé à surgir à partir de la première étape, celle de la cartographie censitaire où la Cps a refusé de faire le recensement post-censitaire. Idem pour le recensement porte à porte qui n’est pas exhaustif et qui a laissé des milliers de personnes sur le carreau. A force de comprimer les délais et d’aller vite, toutes les étapes ont été bâclées. Derrière cette précipitation, précise Bruno Amoussou, il y a une stratégie politique tentant à faire du désordre pour gagner les élections. Après avoir rappelé les nombreux efforts fournis par sa coalition politique pour obtenir une Lepi consensuelle et conduite dans les règles de l’art, il affirme que les ceux qui nous ont conduit à la situation actuelle doivent assumer leurs responsabilités, en l’occurrence la Cour constitutionnelle. «Nous allons aux élections avec la liste de la Cena», a-t-il exigé. Enfin, au nom de l’Un, il propose «la prise en compte de tous les citoyens qui remplissent les conditions légales pour figurer sur la liste électorale et la tenue d’une table ronde politique qui regroupe le gouvernement, les acteurs politiques, la société civile et les candidats en vue de déterminer les mesures à prendre de toute urgence pour l’organisation d’élections équitables et transparentes qui garantissent un climat de paix».

Extrait du propos liminaire de Bruno Amoussou :«La précipitation actuelle est une stratégie pour organiser les élections dans le désordre»

Le 27 janvier 2011, nous avions reçu une lettre du Superviseur général de la Cps Lépi qui fait le point des résultats. Nous  sommes maintenant dans nos droits d’apprécier ces résultats. C’est comme ça que nous nous sommes rendus à la Cps pour avoir des informations complémentaires et pour constater l’évolution de ces résultats.

D’abord, il est impossible d’affirmer que le recensement a été exhaustif. La Cps est dans l’incapacité totale de dire que le recensement est exhaustif. Pour la raison suivante, lorsqu’on fait un recensement de la population comme le prévoit la loi sur la lépi, lorsqu’on fait un recensement, après le recensement, on fait ce qu’on appelle une enquête post-censitaire. Ce qui signifie qu’on prend au hasard des zones données et avec les cadres de niveaux plus élevés que ceux des recenseurs, on refait le recensement et on voit la différence pour savoir si les recenseurs ont bien fait leur travail. En fonction de l’écart qu’il y a, on dit le recensement est bon ou qu’il n’est pas bon. C’est ça l’enquête post -censitaire. La  Cps a refusé de faire ce recensement post-censitaire. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, ils sont dans l’incapacité de dire le taux de réalisation du recensement. A-t-on recensé a 90% des gens ou qu’on a recensé a 30%, ou encore a recensé 100%? Ils ne peuvent pas le dire parce qu’il n’y a pas eu  d’enquête post-censitaire. Ils sont dans l’incapacité de savoir si tout le monde a été recensé. Ils ont voulu faire des palliatifs en déposant des registres pour demander aux gens de s’inscrire dans ses registres.  Ce n’est pas çà qui permet de mesurer le nombre de gens qui n’ont pas été recensé. Premier constat. Deuxième constat, à partir des gens qui ont été recensé, on a fait un enregistrement, cet enregistrement par rapport aux gens recensé a laissé de côté 1.300.000 personnes  non recensées et non enregistrées. Troisième constat, dans le cahier registre déposé pour permettre aux gens de s’y inscrire  en vue des corrections, la Cps dit avoir vu 365.000 personnes. Plusieurs également ne sont pas parmi les électeurs aujourd’hui. Impossibilité de dire si  le recensement est exhaustif. Entre le recensement et l’enregistrement, 1.300. 000 personnes non enregistrées, les registres qui ayant été déposés pour que ceux qui ne sont pas recensés s’inscrivent ou ceux qui ont été recensés mais ne retrouvent pas leurs noms, s’y inscrivent, il y a 365.000 personnes. Comme je vous l’ai dit, nous avions convenu de ne pas perturber le système et d’en apprécier les résultats. Nous sommes à la phase d’appréciation et à cette phase d’appréciation des résultats, nous disons qu’ils sont mauvais pour des raisons que je viens de citer. Il est mauvais parce que nous avons voulu d’une Lépi comme d’un instrument d’amélioration de notre système démocratique. Mais, on ne peut pas dire qu’un mécanisme qui exclut des citoyens, un mécanisme qui prive des citoyens de leur droit de vote est un mécanisme qui améliore un système démocratique. Ce n’est pas possible, çà ne peut pas être une amélioration que d’éliminer les gens. Nous voudrions souligner qu’on en est arrivé là parce qu’on n’a pas voulu d’un système  consensuel, on n’a pas voulu discuter avec ceux qui doivent faire des observations sur ce qui est entrain d’être fait. Il a été décidé que coûte et coûte, on utilise la Lépi en 2011. Mais, on a démarré la Lépi trop tard. Les experts avaient dit que c’est 18 mois, si ce n’est pas 18 mois, on ne peut le réaliser efficacement. Et c’est çà qui nous amène à la situation où nous sommes maintenant. Situation où, plus d’un million de nos compatriotes en âge de voter se trouvent privés du droit de vote. On ne peut pas considérer que c’est une avancée démocratique du fait qu’ils ont réussi à priver des gens de leur droit de vote. Dans cette condition, nous pensons que ceux qui se refusaient à s’asseoir pour discuter en vue d’améliorer le système, le moment est venu qu’ils acceptent de s’asseoir et de voir ce qu’il y a lieu de faire. Et nous sommes dans la disposition permanente qu’ils vont améliorer ce qui est là. Et s’il est amélioré, personne ne s’opposera à ce qu’il y a soit utilisé. Parce que c’est un outil de développement, il faut se donner le temps de bien le faire parce qu’il doit servir pendant une dizaine d’années. Parce qu’on veut l’utiliser en 2011. Derrière çà, il y a des stratégies politiques dont nous avions décelé les indices en 2008.

En 2008, le gouvernement a réussi à saboter le travail de la Céna en ne remettant pas les outils financiers à sa disposition.  Nous avions fait la navette entre la Céna et le ministère des Finances avant que les ressources ne lui soient affectées. Et enfin, le gouvernement dit qu’il a mis tout le nécessaire à leur disposition. Le gouvernement a réussi à saboter le travail de la Céna en ne remettant pas les ressources à temps, dans l’intention de contester les résultats en remplaçant les maires et les conseillers. C’est une stratégie pour refaire les élections à travers les différentes décisions de la Cour. La précipitation actuelle permet d’organiser les élections dans le désordre. Nous allons à l’élection avec la liste de la Céna. Les membres de la Céna, je leur laisse   le soin de bien organiser les élections et je rends responsable la Cps-Miréna pour les non enregistrés qui ne voteront pas.

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Propos recueillis par Emmanuel S. Tachin

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