La crise ivoirienne : la solution africaine

Les derniers événements en Côte d’Ivoire nous ont permis de saisir en grandeur nature, les différences de personnalités de base entre les Asiatiques et les Africains. Pour le sud-coréen Ban KI-MOON, Secrétaire Général de l’ONU et son représentant spécial en Côte d’Ivoire, le hold-up électoral que voudrait perpétrer Laurent GBAGBO est simplement inacceptable ; aussi  faut-il recourir à n’importe quel moyen pour le déloger du Palais de la Présidence de la République. Aussitôt dit, aussitôt fait ; plus exactement, on a commencé à faire pression sur lui en prenant toutes sortes de mesures pour rendre la vie difficile au régime usurpateur de Laurent GBAGBO lors donc que Alassane Dramane OUATTARA est reconnu comme le seul Président de la République démocratiquement élu de la Côte d’Ivoire.

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Quant à l’Afrique, elle a semblé au début suivre l’exemple de la « communauté internationale » : l’Union Africaine et la CEDEAO ont feint d’adopter le ton de la fermeté ; il n’avait rien à négocier avec Laurent GBAGBO en ce que le seul candidat élu est Alassane Dramane OUATTARA ! On peut à la rigueur discuter avec l’ancien Président de la République des modalités de son départ dans des conditions dignes ; mais en aucune façon, il ne devrait y avoir de « palabre » avec lui. Le cas échéant, on aura recours à la force pour lui faire entendre raison. Tout le monde semblait d’accord sur cette position. Et puis patatras ! Aussitôt prise, la position de fermeté a commencé à montrer des signes d’essoufflement ; la diplomatie de l’incertitude et des hésitations a pris le dessus dans la bonne vieille tradition du flou artistique qui a toujours caractérisé les prises de position diplomatiques de la défunte OUA qui n’est jamais parvenue à régler une quelconque crise africaine depuis sa création en 1963. D’abord, trois chefs d’Etat, ceux du Bénin, de la Sierra-Leone et du Cap-Vert sont partis humer l’air en Côte d’Ivoire. Rien de concret n’est sorti de leurs prises de contact avec les deux Présidents de la République, le sortant et l’élu. Prévisible. Etat-il encore nécessaire de continuer la comédie ?  Pourquoi ces nombreux déplacements du Premier Ministre du Kenya ? Qu’a-t-il pu faire ? Encore une fois, beaucoup de temps et d’argent pour rien ! Le comble, c’est ce cinéma de cinq chefs d’Etat africains envoyés maintenant en mission : on espère qu’ils vont réussir là ou d’autres ont échoué ! Mentalité prélogique, aurait décrété Lucien LEVY-BRHUL. La Commission de l’Union Africaine doit arrêter les frais à ce niveau et tirer les conclusions qui s’imposent : inefficace comme devant. Pendant ce temps, toute l’UEMOA pâtit de la crise ivoirienne. L’inflation est galopante et il pèse des sérieuses menaces sur la zone franc qui ne survivra pas, dans sa forme actuelle tout au moins, à une nouvelle dévaluation. Pardessus tout, c’est le peuple ivoirien qui est martyrisé : ce qu’on retire au régime GBAGBO ne va pas forcément au régime OUATTARA. Quand certains dirigeants africains répugnent à l’usage de la force pour déloger GBAGBO, ils montrent leur vrai visage de crypto-dictateurs que ne choque guère le hold-up électoral de Laurent GBAGBO. Tout vrai démocrate doit être scandalisé par le fait de prince qui s’est instauré et qui se prolonge en Côte d’Ivoire. Sans compter que deux administrations parallèles, c’est trop coûteux, même pour un pays comme la Côte d’Ivoire, le pays le plus prospère de l’espace UEMOA. Certains couards et poltrons avancent que l’usage de la force est périlleuse parce qu’on n’est pas en mesure d’en maîtriser toutes les conséquences possibles ; mais il en est ainsi de toute guerre. Personne n’a jamais souhaité la violence,  c’est elle qui s’impose à nous. Fuirez-vous la violence et le recours à la force armée si votre pays est envahi ? Si quelqu’un s’attaque à votre femme et à vos enfants ? Et puis, la guerre est déjà en Côte d’Ivoire quand des milliers de gens sont déjà tués. D’autre part, disposer des troubles en ordre de bataille (exercitum agere en latin), n’est pas forcément livrer bataille (bellum gerere). Quand les troupes de l’ECOMOG se déploieront sur une bonne partie du territoire ivoirien, GBAGBO et la soldatesque qui semble le protéger verront que cette fois-ci, c’est plus que sérieux et qu’il se prépare du ramdam. Autrement, il n’y a aucune chance de le faire fléchir par la négociation et la soi-disant démarche diplomatique : la voie pacifique qui ferait l’originalité de la culture africaine ! C’était la voie qu’avaient empruntée les BEHANZIN, SAMORY TOURE et EL HADJ OMAR, pas vrai ?

 

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