La télévision nationale dans le caniveau

Le journal télévisé a été exclusivement consacré vendredi et samedi derniers soit  au soutien des électeurs au candidat Boni Yayi, soit aux activités gouvernementales mettant en vedette la personne du Chef de l’Etat. Samedi 29 janvier 2011, un peu comme la veille, à partir de 20 heures et pendant cinquante minutes, la grande édition du journal télévisé est méconnaissable sur l’Office de radiodiffusion et de télévision du Bénin (Ortb). Les 27 éléments présentés mettent exclusivement le Chef de l’Etat, Boni Yayi en vedette.

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Le bal est ouvert par les enseignants des départements de l’Atacora et de la Donga parrainés par Julien Akpaki, Directeur général de l’Ortb, qui s’offre une longue interview cachant très bien son penchant pour Boni Yayi. Avant et après l’élément relatif à sa déclaration officielle à être candidat à sa propre succession, tous les autres portent sur des manifestations de foules au cours desquelles le Président de la république est appelé à être candidat. Même les sorties vieilles de 72 heures sont rapportées alors même que le candidat appelé de tous les vœux, a déjà favorablement répondu aux centaines d’appels qu’il a reçus, et que les Béninois ont vus et entendus.

Abus de biens sociaux

La prestation de la télévision nationale samedi soir, n’a fait que confisquer le média de service public au seul profit de Boni Yayi. Le journal présenté n’a d’autre nom que propagande. On a beau chercher à coller ça à la précampagne électorale, on a du mal à comprendre pourquoi les  nombreuses manifestations des autres candidats déclarés sont invisibles sur la télévision nationale. L’équilibre et la déontologie ne commandent-elles pas à la télévision nationale de rechercher dans ce contexte précis l’égal accès de tous les candidats à ce média de service public ? A supposer cependant que les autres candidats n’aient mené aucune activité, n’y a-t-il plus d’autre événement dans le pays qui mérite d’être couverte par l’Ortb ? Si ce n’est un choix délibéré de boycotter tous les autres candidats et tous les autres événements, alors, toutes les ressources matérielles et humaines ont dû être, exclusivement et maladroitement alors, affectées aux manifestations de soutien à Boni Yayi. Surtout lorsque l’on a prévu de diffuser après la même édition du journal le discours de déclaration du même président pendant plus d’une heure. Une pareille gestion d’un établissement public dénote d’une absence notoire de conscience professionnelle. Et poursuivre les responsables pour abus de biens sociaux serait bien légitime pour le contribuable qui paie pour que fonctionne l’office et pour que soient payés ceux qui y travaillent, les responsables en premier.

La Haac va-t-elle démissionner ?

Organe de régulation des médias, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication n’aura aucune excuse à passer sous silence la dérive dont annonce les couleurs l’Ortb pour la campagne électorale. L’équité voudrait déjà que le Chef de l’Etat candidat à sa propre succession, se voit décompter dans son temps de passage pour la campagne toutes ses apparitions sur les médias de service public. Mais si en plus de se cacher sous le couvert du bilan d’un quinquennat pour faire de la propagande pour le Président candidat, il faille que la télévision nationale ne le montre que lui 24 heures sur 24, alors, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication devrait trouver à faire. Ne pas agir serait synonyme de démission.

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