Marché de Yénawa: Poissons, défécations, hangars de fortune… tout se côtoie

Bénin – Le problème de l’insalubrité dans les marchés de Cotonou se pose  toujours avec acuité. Les aliments et les déchets se côtoient très souvent. Cette situation est source de maladies infectieuses qui n’épargnent  ni  vendeurs,  ni  acheteurs.   Le cas du marché Yénawa à Akpakpa  est inquiétant. En cet après-midi du  dimanche 20 février 2010,  les rayons solaires  chauffent  ardemment la ville de Cotonou.  Au quartier Yénawa d’Akpakpa, l’ambiance est particulière dans le marché au poisson local. C’est l’heure de pointe. Les clients se bousculent autour des étalages.  Le marché est plein et déborde sur la voie pavée du coin.  Des poissons de plusieurs variétés entassés  dans des paniers et bassines à même le sol attirent tous les regards. Les prix se marchandent à  rude épreuve.  Clients et vendeurs  ne se préoccupent pas visiblement de la  boue  qui complique la praticabilité de la voie.   Il y a encore pire à quelques pas de là. Des tas d’ordures et d’immondices sont éparpillés un peu partout, impériaux. L’odeur presque nauséabonde des poissons et du milieu se mélangent aussi  au brouhaha    des vendeurs et acheteurs.  Plusieurs usagers dorment également sur les lieux, dans des cases de fortune. Des sortes d’enclos faits en bois et en  claies où vivent des familles entières. L’on défèque dans les alentours à défaut des latrines appropriées… Pour pallier cette situation, quelques toilettes bricolées, construites également avec des matériaux précaires existent sur les lieux. Les vendeuses y ont accès, moyennant 50 F, 75 f ou 100 F selon les besoins.

Le spectacle qu’offre ce marché   de poissons situé aux abords du lac Nokoué est désolant. Les usagers n’en sont pas peu conscients.  « Nous prenons les poissons au même endroit » avoue une femme ayant requis l’anonymat. Une  autre  portant  un bébé souffrant raconte : « si je dois faire mes besoins, je prends la pirogue et sur l’eau, je défèque». Elle ajoute par ailleurs se servir des sachets qui sont jetés dans l’eau.   C’est une pratique courante connue de tous. Les acheteurs n’en font plus un souci.  Mais il y a des femmes plus raisonnables qui  affirment déféquer dans des latrines des  maisons environnantes,  comme Justine : «  moi j’ai un beau-frère ici. Donc quand je sens le besoin, je vais chez lui.»

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Les  conditions malsaines dans lesquelles ces femmes exercent cette activité interpellent  plus d’un.   N’ont-elles pas d’autres solutions ?   David Hessou, chef quartier de Yénawa, précise d’abord  que  le point de vente qu’elles occupent  actuellement n’est pas destinée à abriter un marché.   La mairie de Cotonou,  à le croire,  leur a    construit quelque chose d’approprié avec des hangars.  Des  latrines  ne s’y trouvent pas encore.  Mais ces femmes refusent de l’intégrer,  pointant du doigt la mévente. Elles craignent  aussi de voir mourir plusieurs poissons avant d’atteindre ce point de vente un peu plus éloigné du Lac.  Les forces de l’ordre  sont  souvent sollicitées par l’autorité locale pour les faire déguerpir des lieux. Mais elles y retournent aussitôt après leur départ.

Reste qu’en s’entêtant,  ces femmes courent d’autres risques, notamment du point de vue sanitaire. Elles sont surtout    exposées à de graves maladies hydro fécales et diarrhéiques telles que le choléra, les fièvres typhoïdes,  selon Julien Djossou, médecin   au Centre national hospitalier et universitaire de Cotonou. Et la liste est longue.  Les consommateurs de ces poissons, ajoute-t-il, n’en  sont  guère épargnés,  si les conditions hygiéniques ne sont pas observées avant, pendant et après la cuisson.

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