Promotion des langues nationales au Bénin: la campagne électorale s’y prête

Le constat est plus que flagrant. Pour être aimé d’une population, il faut se familier à sa culture. Sa langue étant le reflet de sa culture, les candidats aux élections présidentielles se plaisent bien à la parler. De quoi renforcer son électorat. «Mi na zé mi a ?», demande un candidat locuteur des langues Gur du septentrion, à ses militants locuteurs d’un parler ‘Gbé’. Déterminé à atteindre son objectif, le digne fils du nord-Bénin a jugé nécessaire de faire sien ce parler «fon», une fois présent dans le milieu.

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Même s’il a été révélé que ce lieu fut son environnement d’adoption, cette langue aurait pu être sa langue de première socialisation et rivaliser ainsi avec le groupe ethnique dont il se réclame.

 

A l’instar de celui-ci, ses adversaires en lice, en font de même. Le «Dadjè» de Porto-Novo, qui d’après des sources crédibles, a une partie de ses origines dans le zou, est toujours à la taille des échanges linguistiques dans différentes communes du zou. Aussi, essaie-t-il  d’articuler dans une langue ‘Edé’, fréquemment exécutée dans la capitale politique. Le «Yoruba». De quoi drainer des militants à l’image des fourmis, mobilisées autour d’une proie communes.  «yé do é mi nan dé vo hougan mi lè to fi léé». En violà un extrait de ses propos.

Comprenons aisément que nos leaders politiques s’approprient peu à peu la notion de «promotion de langues nationales», dont la phase théorique a toujours primé sur celle pratique. Il ne s’agit pas de piger les soixante trois parlers inventoriés par les linguistes dans la première phase du projet Atlas et Etudes socio-linguistique (Cnl 1983a), mais plutôt d’essayer de parler les langues considérées comme ‘mères’. «Fon», «Guèn», «Yoruba», «Baatonum» ou «Dèndi ». Lorsque les adeptes d’une culture se rendent compte que des gens d’autres régions sont attirées vers les valeurs qu’ils défendent tant, ils répondent par la positive. C’est cela que nos politiques ont compris.

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Autrefois, les valeurs locales étaient bafouées. Une fois en face des populations cible, on tenait un discours ludique en français. Les interlocuteurs analphabètes étaient «bleues». Tout ce qu’on arrivait à leur inculquer, c’était des promesses sans suite. Cette situation a duré des  années. Malgré le taux élevé d’analphabétisme dans le rang des femmes. Certains hommes politiques sont restés même inconnus d’une frange de leurs électeurs, pendant que d’autres sont célèbres pour leurs propos biaisés. On pouvait aussi rencontrer dans le rang de ces derniers des acculturés. Ils ne savent  parler leur langue maternelle, qui devient ainsi une langue seconde au profit du français.  Actuellement, de pareils cas sont détectés dans le rang des chefs des départements ministériels. Il revient à ces derniers d’emboîter le pas aux présidentiables pour qui les langues locales constituent désormais un moyen sûr  pour gagner la confiance des électeurs. «A quelque chose malheur est bon», dit-on. Cette soif du pouvoir qui habite les politiciens et les poussent parfois à commettre des actes odieux, se révèle aujourd’hui comme un atout de développement à travers l’usage fréquent des langues nationales. Un coup de main porté à l’éclosion de l’initiative qui était à l’origine de la création de l’ex-ministère de l’alphabétisation. Il est évident que ce brusque engouement aux langues locales, suscite des interrogations, surtout quand il s’agit des candidats briguant le fauteuil présidentiel depuis des décennies. Certains parmi eux avaient peut-être eu    le réflexe de piper quelques mots dans l’une des langues «gbé»ou «édé» dans le passé, mais ils en ignoraient la portée. Ils semblent maintenant convaincus que l’outil linguistique «la langue» locale est incontournable dans le processus de développement.

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