C'est finalement tôt vendredi matin, autour de 3h, que les députés ont procédé au vote de la loi dérogatoire censée permettre la prise en compte des oubliés de la LEPI. Aux termes de cette loi qui donne cinq jours aux structures concernées pour mener l'opération, "La Commission politique de supervision de la LEPI, la Mission indépendante de recensement électoral national approfondi et la Commission électorale nationale autonome sont habilitées à prendre toutes les mesures utiles visant à assurer et à faciliter à tous les citoyens en âge de voter, l'exercice de leur droit constitutionnel de vote".
Voilà pour la substance. Mais il semble que cela ne permette pas d'avancer vraiment. En effet, textuellement, la loi ne fait pas obligation auxdites structures, de procéder au recensement des laissés pour compte. Car, alors que l'opposition faisait de cette prise en compte une exigence, la loi dit plutôt que les structures sont "habilitées", ce qui laisse supposer une faculté. En clair, il n'y a pas d'obligation.
Et, dès lors, si une dose de mauvaise foi politique germait, il n'est pas à exclure que certains veuillent faire du juridisme en jouant sur ce mot. De même, il reste encore que cette loi soit promulguée avant d'acquérir force exécutoire. Sur ce point, des jeux de couloir peuvent avoir raison de la volonté de certaines parties. Par ailleurs, il faut s'interroger sur l'efficacité des cinq jours. Compte tenu de l'ampleur de la situation dénoncée et de l'organisation pratique sur le terrain, il convient de rester prudent. En tout cas, l'on a l'impression que les députés étaient partis à l'hémicycle pour amorcer le règlement de la crise, mais qu'ils en sont repartis après avoir posé les jalons sûrs d'une nouvelle polémique. D'ores et déjà, il faut se demander si le délai constitutionnel du 6 avril prochain, qui devrait voir un nouveau président élu prêter serment, pourra être respecté dans ces conditions. Rien n'est moins sûr et il n'est pas à exclure, la crise allant s'aggravant, ou ne laissant aucune perspective de sortie heureuse, que le pays soit amené à vivre une transition qui s'imposerait à tous.