La tension post électorale, bien réelle depuis quelque temps, est devenue une source d’inquiétude quasi généralisée, si bien que beaucoup inclinent à penser qu’une situation à l’ivoirienne n’est pas impossible. Ceux-là n’ont pas tort, puisque l’on n’est pas en mesure de prévoir la provenance du détonateur. D’autres au contraire, certes, une infime minorité, en se référant aux propos du roi Béhanzin, tenus peu avant son départ en exil, affirment candidement que le pire n’aura pas lieu. De toute façon, il convient de se garder de tout optimisme béat pour adopter une posture préventive à tous les niveaux ,car, comme le dit l’adage populaire, « cela n’arrive pas qu’aux autres ».
Que faire pendant et après l’examen des recours déposés ?
En attendant le verdict de la plus haute juridiction, toutes les parties doivent savoir raison garder, comme on a coutume de le dire. A notre avis, la provocation sous toutes ses formes, d’où qu’elle puisse provenir ne saurait avoir droit de cité, étant donné que la sagesse appelle tout le monde à la retenue. Puisque la raison doit triompher de la passion, personne ne sera raisonnablement fondé à adopter une position incendiaire tant en actes qu’en paroles.
Quant à la cour constitutionnelle, il ne faut pas hésiter à dire qu’elle a un devoir de vérité, un devoir de dire le droit sur la base des faits dûment constatés, et ce, conformément aux normes fixées qu’elle a, certes, constamment à l’esprit. Elle a un grand pouvoir, une lourde responsabilité, puisque la constitution prévoit que sa décision en toute circonstance est sans recours. Elle en a conscience sans aucun doute, et l’on espère qu’elle s’acquittera rien que de son devoir aux contours bien connus d’elle.
Que faire dès que ses décisions seront connues après l’examen des recours ?
D’abord, il est impératif que certains citoyens cessent de croire que la cour doit abonder dans leur sens à tout prix. La logique élémentaire commande que ses décisions soient acceptées par toues les parties concernées sans exception. Tout autre comportement constituera une atteinte à la constitution, et ne peut que mettre en péril ipso facto l’ordre républicain dûment établi ainsi que la paix à laquelle aspirent chaque béninois et chaque béninoise. L’aggravation délibérée d’une telle situation créera de toute évidence un climat propice aux crimes contre l’humanité, aux crimes de guerre, toutes choses génératrices de chaos dans toute l’acception du terme. Depuis quelque temps, il est de notoriété publique que les pires exactions ne restent pas impunies, puisqu’elles sont déférées d’une façon ou d’une autre à la cour pénale internationale dont le traité fondateur a été ratifié par le Bénin en janvier 2002. il est tout à fait clair que la communauté internationale entend s’évertuer à appliquer par les moyens appropriés le principe de la responsabilité de protéger.
– Dans le cas du Bénin, état partie au traité de Rome, il sera question en principe que la justice nationale sanctionne prioritairement les auteurs d’éventuels crimes internationaux à condition que les dispositions juridiques prévues aient été prises au préalable. Comme il n’en ’est pas encore ainsi malheureusement, notre pays sera tenu de laisser la CPI exercer sa compétence subsidiaire, à charge évidemment pour la jeune juridiction pénale internationale de lancer des mandats d’arrêt qui seront commandés par les circonstances. Il importe donc de dire qu’une telle situation qui n’a rien d’alléchant n’est pour plaire à personne et que tous ceux qui sont impliqués d’une manière ou d’une autre dans la crise post électorale , s’ils aiment leur pays ,acceptent de faire violence sur eux-mêmes pour écouter la voix de la raison qui se traduira par l’acceptation pure et simple des décisions de la cour constitutionnelle. Ils se feront, en outre, le devoir patriotique d’amener leurs partisans, leurs amis à adopter la même attitude raisonnable.
En conclusion, l’enjeu, c’est le Bénin qui est au-dessus de nous tous. Nous devons nous organiser rationnellement pour lutter contre la pauvreté et pour parvenir effectivement dans un bref délai au droit au développement qui, à l’évidence, est un droit de l’homme, et un droit des peuples. La postérité nous saura gré de tout ce que nous ferons avec abnégation pour que le Bénin demeure un pays digne d’admiration et un modèle sur le continent africain.
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