Non à la violence aveugle contre les journalistes !
Oui au respect par tous de la carte de presse !
L’Union des professionnels des Médias du Bénin (UPMB) constate, malgré de nombreuses actions d’alerte, que des actes attentatoires à la liberté de la presse continuent et se multiplient ces derniers temps, constituant ainsi une menace grave à la liberté de la presse.
Le dernier cas en date est celui d’une bastonnade policière aveugle dont a été victime ce jeudi 24 mars 2011 notre confrère Séïdou Choubadé, journaliste parlementaire au Quotidien Le Nokoué. Ce dernier s’est retrouvé avec le visage tuméfié, la lèvre supérieure fendue et des blessures aux bras et sur d’autres parties du corps. La bavure s’est déroulée ce jour-là entre 13h30 et 14h à Gbèdjromèdé, à Cotonou, au moment où les militants de l’opposition manifestaient contre les résultats provisoires de l’élection présidentielle proclamés par la Cour constitutionnelle le 21 mars dernier. Notre confrère qui roulait à moto et se rendait au siège de sa Rédaction a été surpris par un attroupement de manifestants. Alors qu’il tentait de se retourner pour éviter la foule, il a été rattrapé par une horde de policiers qui l’ont assommé et rudoyé.
S’il est compréhensible qu’il a été dans un premier temps confondu aux manifestants, il est par contre inadmissible que les policiers aient continué à le battre malgré qu’il leur ait montré par la suite sa carte de presse N°10/0092/HAAC, délivrée le 03 mai 2010 par l’organe constitutionnel de régulation des médias et par le ministère en charge de la communication. Le plus grave est que ces éléments de la Police l’ont violemment projeté dans le caniveau pour parachever leur forfaiture. Il a dû en sortir et s’enfuir pour se sauver, en abandonnant sa moto qu’il vu un policier emporter.
Admis aussitôt à une clinique privée non loin de la Maison des médias alors qu’il est aussitôt venu (tout en sang, la lèvre supérieure fendue et l’oeil droit tuméfié) se plaindre au Président de l’UPMB, Séïdou Choubadé a subi des sutures dans le but d’arrêter les hémorragies subséquentes à la bastonnade. Selon le médecin du centre de santé qui lui a administré les premiers soins, le journaliste porte « une plaie de la lèvre supérieure de 2 cm environ, une inflammation de la paupière supérieure droite avec occlusion de l »il, une hyperhernie conjonctivale droite avec perte de l‘acuité visuelle ».
Jusqu’à ce jour, notre confrère est sous surveillance médicale, en attendant une intervention chirurgicale ophtalmologique éventuelle au niveau de son oeil droit. Nous espérons qu’il ne perdra pas son oeil, du fait de cette barbarie policière aveugle. Il n’a pas non plus récupéré à ce jour sa moto.
Il est vrai que les autorités policières que nous avons contactées et auxquelles nous avons exprimé toute notre indignation et notre désapprobation nous ont expliqué que notre confrère fut une victime collatérale d’une opération policière de dispersion de manifestants et nous ont présenté des excuses. Soit.
Mais il faut constater là que nous sommes en face d’une situation où des éléments des forces de sécurité se moquent de plus en plus du statut du journaliste de même qu’ils refusent toujours de reconnaitre la valeur de la carte professionnelle de presse délivrée par la HAAC et signée de son Président et du Ministre en charge de la communication. Il ya récidive et c’est surtout cela qui inquiète.
L’Union des professionnels des Médias du Bénin (UPMB) condamne avec vigueur ces atteintes répétées à la liberté de la presse qui constituent une violation des droits du journaliste consacrés par le Code de déontologie de la presse béninoise qui édicte en son article 24 que « le Journaliste a droit, sur toute l‘étendue du territoire national, et ce, sans condition ni restriction, à la sécurité de sa personne, de son matériel de travail, à la protection légale, au respect de sa dignité » et par la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 qui dispose en son article 24 que « la liberté de presse est reconnue et garantie par l‘Etat‘»
L’UPMB demande à tous les professionnels des médias du Bénin de se tenir prêts et mobilisés pour les actions plus intenses qui sont programmés pour les jours à suivre, afin de décourager à jamais ces pratiques barbares dignes d’époques révolues.
Fait à Cotonou le 25 mars 2011
Le Président de l’UPMB
Brice HOUSSOU
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