Bénin – Il estime de son devoir, par les temps qui courent, de sortir de sa retraite. Emile Derlin Zinsou, ancien Président de la République, nonagénaire respecté et respectable, anticipe la crise politique qui risque de malmener son pays. Peut-on s’autoriser de dormir du sommeil du juste, alors que de noirs nuages s’amoncellent à l’horizon ? Le Président Zinsou a jugé nécessaire de prendre les devants. Il a rassemblé autour de lui, pour un dialogue ouvert, les acteurs concernés à divers titres par l’élection présidentielle prochaine. Objectif : éviter à notre pays l’épreuve d’une dérive, avec son cortège de morts et de ruines.
Sans préjuger des résultats de cette initiative, commençons par rendre hommage à l’ancien Président de la République. Quand le feu des passions malsaines commence à tout consumer et que l’intérêt général se délite sous les coups de boutoir des intérêts particuliers et égoïstes, on a besoin d’entendre une voix rassurante, on a besoin de sentir la chaleur d’une main secourable.
Le Président Zinsou qui, contre toute attente, déboule dans une arène qui s’échauffe, c’est à la fois et symboliquement cette voix et cette main. Par rapport à quoi, l’irrévérencieux « Papa yi gbodjè » que de petits voyous en mal de repères lancent, dans les rues de Cotonou, à l’adresse des personnes du troisième âge, est un hommage que l’impolitesse rend à la bonne éducation. A en croire les sages bambara, un vieillard assis voit plus loin qu’un jeune homme debout.
A la veille d’une élection présidentielle qui s’annonce cruciale, voilà donc le Président Zinsou dans l’arène politique en ébullition. Tragique théâtre qui résonne du choc des intérêts contraires. Les principaux acteurs qui s’y illustrent, s’engagent, par anticipation, dans un bras de fer dangereux. Sans attendre le coup d’envoi. Au mépris des règles du jeu. Dire que si tout était fait dans les règles de l’art, c’est l’arbitrage du peuple souverain qui devrait être sollicité. Dans un jeu démocratique qui devrait se conclure pacifiquement dans les urnes.
Nous avons des raisons de souhaiter voir couronnée de succès la médiation du Président Emile Derlin Zinsou. Une raison générale et majeure : la paix. Ne dit-on pas qu’elle est l’autre nom du développement ? La paix est à préserver à tout prix dans notre pays. Aucune vie ne doit être sacrifiée pour assouvir les ambitions de pouvoir de qui que ce soit. C’est André Malraux qui a raison (Citation) : « La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie ». (Fin de citation).
Les autres raisons qui plaident en faveur du succès de la médiation du Président Zinsou sont liées à la personne de celui-ci. Elles soulignent des qualités humaines qui, par ces temps de relativisme moral, méritent d’être affirmées et d’être célébrées. Non plus seulement à titre posthume !
Il y a, d’abord, que le Président Zinsou est totalement désintéressé. Personne ne saurait dire qu’il roule pour l’un quelconque des protagonistes de la crise. Personne ne peut soutenir qu’il cherche à tirer un quelconque avantage de l’action engagée. C’est suffisant pour mettre les uns et les autres dans de bonnes dispositions et entretenir chez tous confiance et espoir.
Il y a, ensuite, que le Président Zinsou est respecté de tous. Moins à cause de son grand âge. Mais pour sa grande sagesse. Pèse sur nombre de Béninois le fardeau des ans. Sans qu’ils bénéficient d’un égal respect. « Ce n’est pas à l’habit qu’il porte, disent les Bambara qu’on reconnaît l’homme sage, mais à ses œuvres ». Beaucoup, dans la cité, ont tôt fait de s’autoproclamer sages. Pourquoi donc n’osent-ils pas se mirer, se regarder dans leur miroir ?
Il y a, enfin, que le Président Zinsou ne mérite que trop d’être récompensé de ses efforts. La récompense souhaitée fait corps avec le succès de la médiation engagée. S’il est, pour un homme au crépuscule de sa vie, une joie forte et franche, c’est bien celle de se sentir encore utile pour servir son pays, pour servir ses compatriotes. Plaise au ciel que la médiation en cours se transforme en un rayon de soleil annonciateur, pour notre pays, du beau temps.
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