Ils l’entendent beaucoup,.. Ils l’écoutent peu…ils ont tort

Le problème que les Béninois ont avec leur docteur-président – président sortant cherchant désespérément à en être un entrant, à nouveau –, c’est qu’ils ont mis cinq douloureuses années à réaliser qu’ils ne l’avaient pas suffisamment écouté à une certaine époque : il leur avait dit en effet qu’il comptait rectifier la démocratie béninoise. Personne ne crut devoir lui demander ce que cela voulait dire. Presque tout le monde sait aujourd’hui ce que cela voulait dire: la démocratie béninoise est hélas !, à présent complètement rectifiée, même si l’opération dernière chance des anciens présidents Emile Derlin Zinsou et Nicéphore Dieudonné Soglo a semblé sauver quelque peu les meubles. In extrémis.

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Après les inconcevables palinodies du processus électoral qui va bientôt s’achever (au paradis ou en enfer, allez savoir !) le Bénin a définitivement perdu son statut de Laboratoire de la démocratie sur le continent : jamais des expériences telles que celles en cours ne doivent en effet se produire dans un laboratoire qui se respecte. Le nouveau Laboratoire, il faudrait certainement aller le chercher du côté du Ghana.

Mais voilà qu’à nouveau, le docteur-président, si farouchement candidat à sa propre succession, lance des paroles prophétiques, sans que personne ne relève que pour les cinq ans à venir, c’est l’annonce d’une gradation supplémentaire dans la rectification. Il a dit en effet, le candidat Boni Yayi, le 29 janvier dernier, dans son allocution de candidature : « Des populations des villes et des campagnes ont encore des raisons objectives de désespérer de leur classe politique. Elles ont des raisons d’être déçues de la haine et de la méchanceté qui nous détournent des vrais problèmes de la Nation. Il y a, à ce titre, urgence à réduire les dérives liées à nos lois et aux facteurs humains… »

« Réduire les dérives liées aux lois et aux facteurs humains » !!!

Il vous faut un dessin pour comprendre, Béninois ? L’explication en est pourtant d’une simplicité, on n’ose pas dire, biblique : selon le bon docteur, il y a des dérives… Les responsables de ces dérives, ce sont vos lois soi-disant démocratiques et les rêveurs (les fameux facteurs humains)qui croient dur comme fer qu’il faut défendre ces lois. Conclusion logique : il y a urgence à réduireet les lois démocratiques et les rêveurs démocrates.

Comme il y a cinq ans, personne n’a encore songé à lui demander, au bon docteur, comment il comptait s’y prendre, pour réduire les dérives liées aux lois et aux facteurs humains.

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Et dans cinq ans – cinq autres années plus douloureuses encore que celles qui viennent de passer, Béninois, vous réaliserez une fois encore, que vous ne l’aviez pas suffisamment écouté, votre bon docteur-président.

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