La sanction de la Haac porte sur deux articles publiés respectivement, dans le numéro 2056 du 23 février 2011 intitulé «Le vrai visage de Robert Dossou» et dans le numéro 2066 du 09 mars 2011 dont le titre est «Kérékou jette le masque». Le premier a fait l’objet dès le 25 février d’une plainte en bonne et due forme du président de la Cour Constitutionnelle en personne (Cf. ci-contre). Ce n’est pas le cas du deuxième article incriminé dont semble-t-il, la Haac s’est, elle-même, autosaisie.
ce que nous contestons ici, c’est autant la procédure utilisée par la Haac (huis clos, sans confrontation avec les journaux incriminés) que la sanction en elle-même. Cette dernière apparaît a posteriori plutôt disproportionnée, au regard du contenu des deux articles incriminés qui ne sont que des commentaires de faits, tels que notre journal les perçoit.
Sur la procédure
La plainte du président de la Cour constitutionnelle remonte au 25 février 2011, soit deux jours après la publication de l’article intitulé «Le vrai visage de Robert Dossou». La Haac n’a pris sa décision que le 10 mars soit, plus de deux semaines après réception du courrier du plaignant qu’est le président de la Cour constitutionnelle. Deux semaines pendant lesquelles elle aurait pu, au moins, nous écouter sur le contenu de l’article qui n’avait rien de séditieux, malgré son titre. Nous en étions là, à attendre d’être convoqués en audience publique, comme la Haac nous y a habitués, quand la décision d’interdiction de parution est tombée comme un couperet. Au demeurant, si la Haac a pu prendre la sanction contre notre journal sur la base de sa loi organique, il reste que la décision n’a pas été motivée comme le stipule l’article 41: «Lorsqu’elle siège en cette qualité, la décision de la Haac doit être motivée et prise à huis clos à la majorité des 2/3. Cette décision est susceptible de pourvoi en cassation devant la chambre administrative de la Cour suprême». De notre point de vue, notre article ne tombait pas dans le cas cité par la Haac dans sa décision à savoir: «les injures, les accusations sans fondement, les fausses informations et la publication des sondages». A moins que les conseillers de l’illustre institution de régulation des médias ne prennent pour argent comptant que les arguments développés par le président de la Cour constitutionnelle, sur notre connivence supposée avec les partis d’opposition à Boni Yayi. Tout se passe, en effet, comme si la Cour constitutionnelle était un «fétiche» auquel on ne devrait pas toucher et, son président un superman infaillible dont les décisions ne peuvent être ni commentés ni contestés. Or, il est de notoriété publique qu’une large frange de l’opinion publique de ce pays trouve certaines des décisions de la Cour fortement biaisées en faveur de la mouvance au pouvoir. La presse qui n’est que le reflet de l’opinion ne peut ne pas rendre compte de cette position de cette catégorie de Béninois.
Sur le contenu de l’article « Kérékou jette le masque»
Dans l’un de ces considérants, la Haac évoque l’article «Kérékou jette le masque en ces termes»;
Considérant «que le même journal, dans sa parution du mercredi 9 mars 2011, affiche en manchette avec beaucoup de légèreté que «Kérékou jette le masque» et «soutient l’exclusion de 1,3 millions d’électeurs». La Haac nous condamne parce que nous avions écrit, selon elle avec «beaucoup de légèreté» que «Kérékou jette le masque»; Peut-être que la Haac aurait-elle aimé qu’on fasse notre grand titre avec «Kérékou invite les populations à voter le 13 mars», comme l’ont écrit simplement d’autres confrères sur deux pleines pages avec en parallèle, la déclaration du président Zinsou, contre espèces sonnantes et trébuchantes! N ’avons-nous plus le droit d’exprimer une opinion contraire à celle de l’homme du 26 octobre dont la déclaration commence par: «Béninoises, Béninois, chers compatriotes, le 13 mars prochain, (jour du vote, notre pays tournera une nouvelle page de notre expérience démocratique depuis l’historique conférence des forces vives de la Nation de février 1990». Nous savons nous à «La Nouvelle Tribune» que le président Kérékou a fait sa déclaration le mardi 08 mars, en pleine polémique sur la Lépi, au moment même où une large frange de l’opinion de ce pays appelait à l’audit de la Lépi et à l’enregistrement des oubliés ainsi que des exclus. On en vient à la même conclusion que l’article ci-dessous: «La Haac fait du deux poids, deux mesures». Aux articles qui posent des questions et s’interrogent sur les sous entendus des discours lénifiants des politiciens, la Haac préfère les lapalissades qui caressent les mouvanciers dans le sens du poil.
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