Lépi : trois questions à nos partenaires

Bénin – La Liste électorale permanente informatisée (Lépi) est, avant tout, une affaire bénino-béninoise. Ce sont les Béninois qui ont affirmé la volonté de la mettre en place. Ce sont les Béninois qui, ce faisant, entendent résoudre au mieux leurs problèmes électoraux. Et si, avec la Lépi et par la Lépi, le Bénin améliorait son système électoral, ce sont les Béninois qui en seraient les premiers bénéficiaires. Nous pouvons dire, sans nous tromper, que nous sommes dans un domaine de souveraineté où le Bénin devrait s’assumer totalement. La souveraineté, c’est la puissance suprême. C’est le caractère d’un Etat ou d’un organe qui n’est soumis à aucun autre Etat ou organe.

Il reste que, malgré tout, le Bénin souverain, pour la confection de sa Lépi, a voulu se faire accompagner par divers partenaires techniques et financiers. Il s’agit de pays, d’organismes qui croient à la Lépi comme un facteur  de progrès, synonyme d’amélioration du système électoral et d’enracinement de la démocratie. La contribution financière de ces pays et organismes se chiffre à quelques 30 milliards de francs CFA.

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Cette somme d’argent ne sort pas des poches de ces partenaires. C’est de l’argent public. C’est, plus précisément, l’argent du contribuable. A charge donc de le gérer au mieux, d’en rendre compte à son propriétaire légitime. Or, les reports successifs de la date de l’élection présidentielle ne sont que les conséquences des insuffisances  identifiées depuis longtemps et dénoncées  comme telles autour du processus de mise en place de la Lépi chez nous. On ne peut pas avoir déjà oublié les mises en garde des organisations de la Société civile, des formations politiques, voire des personnalités à divers titres. Les unes et les autres dénonçaient un processus opaque qui se conduisait de manière non consensuelle.

Première question : la sonnette d’alarme ainsi tirée n’a-t-elle pas éveillé l’attention de nos partenaires  qui, comme si de rien n’était, ont continué de financer ce qui se révèle être, aujourd’hui, un gros sac à problèmes posé  comme une bombe sur l’organisation de nos élections ?

Mais il se trouve que cette Lépi de couvent, à l’épreuve du terrain et compte tenu de ses insuffisances congénitales a trahi nos espérances. Tout le monde s’accorde désormais à reconnaître qu’elle est mal partie. La copie est à revoir. Cela veut dire que l’argent du contribuable étranger mis à notre disposition, via nos partenaires  techniques et financiers, n’a pu être utilisé à bon escient. Cet argent n’est pas arrivé à destination. Il est passé à côté de l’objectif visé. Si ce  n’était pas là un échec, cela devrait  y ressembler.

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Deuxième question : s’il en est ainsi, le silence des partenaires techniques et financiers vaut-il, pour eux-mêmes, acte de contrition, par lequel ils reconnaissent leur faute ou doit-il être interprété comme un reproche qu’ils  nous font au motif que nous avons sacrifié, sur l’autel de nos querelles politiciennes, l’argent du contribuable ?

Mais le vin est tiré. Il ne nous reste plus, comme le conseille l’adage, à le boire. Et nous boirons la coupe jusqu’à la lie. Avec toutes les incertitudes qui pèsent désormais sur le scrutin présidentiel. Avec  la confiance ébranlée du citoyen-électeur en ses leaders. Avec toutes nos contorsions politiciennes, au nom d’intérêts nauséabonds, révélées au grand jour. Que reste-t-il à dire et que reste-t-il à faire, maintenant que nous avons étalé dehors notre incompétence ?

Troisième et dernière question : dans le contexte nouveau ainsi campé, nos partenaires techniques et financiers nous font-ils encore confiance ?  Ne doivent-ils pas se résoudre à un réalisme de bon aloi, continuant et finissant avec nous, ce qu’ensemble nous avons entamé ?

Il est des solidarités fatales, à la vie, à la mort. Quand on se connaît bien. Quand on est lié pour le meilleur et pour le pire. Quand on a des raisons d’être et de rester ensemble, dans le bien comme dans le mal, il ne reste plus qu’à apporter sa part d’illustration à ce proverbe peul (Citation) : « Celui qui sait ce que tu as mangé connaît la manière dont tu t’es rassasié »

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