Madame Jeanne J. Acacha Akoha, Directrice des Evaluations environnementale et sociale à Mca-Bénin

«Le but fondamental est de retourner à la mer ce qu’on lui a pris»
A travers le  projet «Accès aux Marchés» du Programme du Bénin pour le Millennium Challenge Account (Mca-Bénin), il est prévu  entre autres,  la réalisation d’infrastructures d’aménagement au Port de Cotonou dont le prolongement de l’épi d’arrêt de sable et la construction de quais.  Ainsi, il a été décidé prévu par exemple de  prélever 700.000m3 de sable sur les lieux à  utiliser  pour le rechargement de la plage suite à la construction des épis  annoncés pour mieux lutter contre l’érosion côtière.   Mme Jeanne Josette Acacha Akoha, Directrice des Evaluations environnementale et sociale à Mca-Bénin, parle ici des tenants et  les  aboutissants en insistant  sur la  sécurisation de ce sable.

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Quels sont les objectifs de la Direction des évaluations environnementale et sociale que vous dirigez au niveau du Mca-Bénin?

La Direction des évaluations environnementale et sociale du Mca-Bénin est une direction transversale qui s’assure que les activités menées au niveau du Programme sont conformes aux normes environnementales et de sécurité. Nous nous occupons aussi des questions d’équité. La Direction travaille à ce que le genre soit pris en compte dans toutes les activités du Programme. Nous travaillons également à ce que toutes les couches de la société participent aux activités du Programme et que certaines populations ne tirent plus profit des activités du Programme au détriment d’autres.

Quelle est la contribution de votre Direction dans la réalisation des travaux au Port de Cotonou, notamment dans la réalisation de l’épi d’arrêt de sable?

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Dans la réalisation des travaux au Port de Cotonou, la Direction des évaluations environnementale et sociale a travaillé en amont et en aval. Nous avons travaillé dans le cadre des études techniques initiales qui ont permis de faire un choix pour les aménagements à faire au niveau du Port. Ces études ont permis d’analyser  la qualité des sédiments qu’il y a au Port. Ceci était très important pour savoir, au cas où les sédiments étaient très pollués le traitement qui conviendrait. Par exemple, si les sédiments étaient très pollués, on devrait les enfouir en prenant certaines précautions. Heureusement, ces études ont révélé que les sédiments n’étaient  pas très pollués. Les mêmes études nous ont permis de connaître la solution la plus appropriée pour notre pays en ce qui concerne le problème d’ensablement du bassin  portuaire. C’est avec toute l’équipe du projet «Accès aux Marchés » que nous avons travaillé pour le choix du prolongement de l’épi d’arrêt de sable. C’est un choix non seulement important, mais surtout sensible. Important, parce qu’il permet de résoudre le problème qui se pose au Port de Cotonou et, sensible parce que beaucoup se posaient la question de savoir si le prolongement du l’épi n’allait pas avoir d’autres impacts à l’Est de Siafato. Les études ont montré que le prolongement de l’épi à l’Est de Siafato n’affecte aucunement la dynamique sédimentaire. La réalisation n’allait ni amplifier ni arrêter l’érosion qui se produit de ce côté-là.

Quels ont été les résultats de l’étude d’impact environnemental réalisée dans ce cadre?

Après les études techniques initiales, la Direction des évaluations environnementale et sociale a élaboré les études d’impact environnemental et social où nous avions pris en compte les effets cumulatifs. Vous savez, il y a un projet que le gouvernement de notre pays a mis en place et qui est le projet de lutte contre l’érosion côtière. Nous avions donc travaillé de manière à harmoniser les actions des aménagements qu’il y a à faire au niveau du Port aux activités à mener dans le cadre de la réalisation de ce projet gouvernemental. Nous avions organisé des consultations publiques pour recueillir les préoccupations des uns et des autres. Ceci nous a permis à la fin de cette étude d’impact environnemental et social, de retenir un certain nombre de mesures. Une des mesures par exemple, c’est l’utilisation du sable qui sera recueilli du dragage du quai que nous sommes entrain de construire à l’intérieur du Port. C’est la Direction des évaluations environnementale et sociale qui a proposé l’utilisation des acropodes. Ceci a permis de réduire le transport des blocs de roche car, pour la réalisation du l’épi, il fallait des roches de blocs qu’il faut transporter depuis Dan. La Direction des évaluations environnementale et sociale a proposé les acropodes pour réduire le transport des roches, afin d’éviter de dégrader l’infrastructure et les éventuelles conséquences sur les populations qui traversent même les rails n’importe comment.

A quoi servira le sable qui sera dragué au Port?

C’est vrai, pour la construction du quai, il y a un volume important de sable qui sera dragué, soit environ 700.000m3 de sable. Les études réalisées ont révélé que ce sable devrait être utilisé par le projet gouvernemental de lutte contre l’érosion côtière. En réalité, le projet de lutte contre l’érosion côtière devrait lui aussi construire un certain nombre d’épis. Or, ces épis ne pourront être réalisés sans du sable. Depuis cinq ans que nous travaillons en tandem avec ce projet, nous avions compris que le sable qui sera prélevé au Port de Cotonou peut servir à nourrir les épis qui seront réalisés par ce projet. Cette mesure est une mesure d’atténuation pour les aménagements au Port et une mesure d’amplification pour le projet de lutte contre l’érosion côtière. Mais, puisque le projet de lutte contre l’érosion côtière n’a pas encore démarré parce qu’il est en retard, des sites ont été identifiés à l’est, non loin de l’endroit où les travaux devront se tenir pour y stocker ce sable. Vu que la mer avance dangereusement de ce côté-là, il a été prévu une marge d’environ deux ans et demi, afin que l’érosion ne vienne pas emporter le sable qui sera dragué. Nous espérons que le projet va démarrer dans ce délai.  Le but fondamental est de retourner à la mer ce qu’on lui a pris et pas n’importe où, mais là où la mer et le peuple béninois en ont besoin.

Quelles sont les dispositions prises par Mca-Bénin pour assurer un convoyage du sable marin vers ce site?

Le sable qui sera dragué sera convoyé de deux manières. Il y a une partie superficielle que l’entreprise peut enlever avec des pelles mécaniques. Ce sable sera convoyé par des camions. L’autre partie qui est plus en profondeur sera aspirée et refoulée directement sur les sites à l’aide des machines. En ce qui concerne le transport, la Direction des évaluations environnementale et sociale a déjà mis en place le plan de transport. Les entreprises ayant un contrat avec le Mca-Bénin connaissent les clauses, c’est-à-dire le plan de gestion environnementale qui contient les heures de passage et autres mesures encore qu’elles se doivent de respecter.

Le projet de lutte contre l’érosion côtière a aussi pris des mesures pour sécuriser ce sable. Car, il ne sera pas question que des individus sans scrupules aillent s’en servir.  Les sites sont donc bien sécurisés. Il y a l’implication de la brigade de protection du Littoral. Des gardiens seront aussi recrutés. La population environnante sera également impliquée avec les associations de lutte contre l’érosion qui logent dans la zone.

Quel appel avez-vous à l’endroit  les populations riveraines?

D’abord, au niveau de Mca-Bénin, nous avons la semaine prochaine, une séance d’échange et d’information avec les acteurs locaux, les associations de lutte contre l’érosion et les populations riveraines, pour sensibiliser les uns et les autres sur le fait. Mais déjà, je voudrais demander à tout le monde, notamment la population riveraine de  faire l’auto police parce que l’érosion côtière, c’est l’affaire de nous, mais c’est particulièrement leur affaire.

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