Que veut et où va le Bénin ?

La ligne droite, sans espoir de retour, pour une marche précipitée sur la corde raide, par temps de grands vents. Voilà l’image effrayante que nous inspire la non moins effrayante situation dans laquelle nous sommes. Ceci à quelques jours de l’élection présidentielle du 13 mars 2011.Le train électoral entre en gare. Tout le monde est sommé de descendre. Aucune possibilité pour poursuivre le voyage au-delà de la ligne rouge qui marque la limite extrême de notre aventure. Déjà deux reports quant à la date de l’élection. A quoi répond « jamais deux sans trois ». Elle est là, en réalité et en vérité, la crise politique que nous redoutions. Nous avons réussi jusqu’ici à la contenir ou plus précisément à la tenir loin de notre champ de vision.   L’illusoire posture de l’autruche. Cet oiseau coureur se cache la tête, présumant ainsi être hors de danger.

La crise électorale qui pointe et qui se précise  se nourrit, et s’engraisse  de trois grands travers appelés à gangrener et à pourrir durablement notre  vie nationale. Il s’agit du radicalisme dans lequel excellent les uns, du flou qu’entretiennent certains, du faux devenu le fonds de commerce des autres.

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D’abord le radicalisme, sur le ton rageur et sans concession de « ou ça passe ou ça casse ».Ce sont des considérations de droit qui nous ont poussé à ériger la barrière plutôt  mythique d’une date pour la tenue de l’élection présidentielle. Le 27 février, le 6 mars, puis le 13 mars.

On suppose que ces reports successifs ne se justifient que parce qu’il y a des problèmes pratiques d’organisation qui attendent des solutions. La logique voudrait qu’une date définitive ne soit  arrêtée qu’après que des solutions furent effectivement trouvées aux problèmes identifiés. Pourquoi ?

Parce que la date pose un problème juridique qu’il nous revient de résoudre avec  les ressources du droit. Il y a lieu, pour ce faire, de mobiliser nos intelligences et de nous convaincre que l’homme est la mesure de toutes choses. Par contre, les solutions aux problèmes  conditionnent la paix sans laquelle l’élection présidentielle, comme toutes les autres élections, n’a aucun sens.

Ensuite, le flou. Certains déclarent ne pas être concernés par la date du 13 mars 2011. Veulent-ils, ce disant, faire savoir et faire comprendre à leurs partisans et sympathisants de ne pas aller aux urnes le 13 mars ? Leur propos vaut-il un mot d’ordre de boycottage en règle de l’élection présidentielle ? Ont-ils pouvoir de décider d’une date à leur convenance, en se substituant ainsi et au pied levé aux instances habilitées à organiser les élections ?

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Quand le discours n’est pas clair et précis, il égare le citoyen-électeur, il  en ajoute à une situation déjà confuse. On a affaire à un cocktail détonnant d’intox et de désinformation. Ce qui revient à pêcher en eaux troubles et à chercher à noyer le poisson. Quand on fait dans l’embrouille, on ne peut espérer rien sortir de bon des cerveaux ainsi embrouillés.

Enfin, le faux. On a prétendu que la loi dérogatoire donne cinq jours francs pour que ceux de nos compatriotes  exclus de la communauté nationale puissent s’inscrire et recouvrer  leurs droits. Cinq jours décrétés. Mais deux jours retenus. Pour inscrire ceux qui sont laissés en rade. Mais ce sont des milliers d’hommes et de femmes qui se bousculent à tous les postes ouverts, sans espoir, pour l’immense majorité de voir leur attente comblée. Pour ne rester qu’à Cotonou, la bousculade dont nous avons été témoin se passe de tout commentaire. Est-ce cela la Lépi ? Tant de temps et tant d’argent pour un si piètre résultat ?  Le Bénin, ce nous semble, n’est pas peuplé d’aveugles. Au triste constat de ce que nous avons vus, de nos yeux vus, et que d’autres, comme nous ont vu, avons-nous encore des raisons de faire du 13 mars une date butoir pour le premier tour de la présidentielle ? Plutôt que de gloser, laissons parler les faits. Histoire de nous rassurer que nous n’avons pas perdu vingt ans à construire, dans notre pays, une démocratie.

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