Sanction de la Haac contre l’Ortb et Canal 3: une décision salutaire quoique tardive

Bénin – Par une décision prise hier, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) vient d’interdire à la télévision nationale (Ortb) et Canal 3 de diffuser des résultats ou de relayer des informations sur les élections, jusqu’à la proclamation des résultats provisoires par la Cour Constitutionnelle. Bien que salutaire, cette décision est venue un peu tard, après que les fautes professionnelles graves aient été commises par les deux télévisions.

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Comme un sparadrap sur une plaie  béante, la dernière décision de la Haac interdisant à la télévision nationale (Ortb) et à Canal 3 de diffuser des informations relatives à l’élection présidentielle et de publier des résultats paraît anodine par rapport à la gravité des fautes commises par ces médias. On se rappelle que dès le dimanche soir, alors que les derniers bureaux de vote fermaient à peine dans l’arriere pays, Canal 3 s’est hasardé à donner des résultats provisoires de l’élection et proclamer la victoire du président sortant Boni Yayi sur la base de chiffres qu’elle dit détenir de ses représentants envoyés sur le terrain.

 

Le lendemain, soit le lundi, le directeur général de cette télévision, Malick Gomina, enfonce le clou et décrète la victoire de Boni Yayi au premier tour du scrutin avec un pourcentage qui dépasse les 55%.  Le mardi, des canards de la place vont rester dans la même tendance et proclamer le K.O de Yayi au premier tour. Le comble, s’est produit le mercredi passé. Alors qu’une folle rumeur de fraude électorale, de tripatouillage de Procès verbal, de manipulation d’urnes court à la Cena, l’Ortb trouve une curieuse opportunité d’aller installer un studio itinérant et proclamer les résultats provisoires de l’élection, se substituant à la Cena dont c’est le rôle. Le présentateur précise à la fin du forfait que les chiffres diffusés sont de source «Ortb». Ce faisant, l’Office entretient la confusion et participe à la manipulation -faisant croire que ces chiffres viennent de la Cena- de l’opinion en cours dans le pays depuis le dimanche soir. Depuis, la tension est à son comble dans le pays et certains candidats contestent déjà la transparence de cette élection. Si on peut se réjouir de la prise d’une pareille décision pour calmer un tant soit peu les esprits, il faut déplorer qu’elle soit intervenue après la commission des fautes. Lesquelles, dans d’autres pays, engendrent des contestations violentes et des soulèvements populaires. La Haac devrait aller plus loin et sanctionner personnellement les journalistes qui se sont permis de telles hérésies. La direction générale de Canal 3 a d’ailleurs donné le ton, en limogeant le journaliste par qui le scandale est venu. L’organe de régulation doit aussi sanctionner les canards qui se sont faits l’écho de telles informations afin que la presse nationale déjà mal en point n’ouvre pas à notre pays le chemin des conflits postélectoraux.

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