Soklogbo et Christelle, l’amour grandiose…

Elle est irrésistible dans son « blatta » rose, Christelle Houndonougbo.  Sur le velouté de son teint d’ébène, le rose de son « guélé », étagé sur presque deux mètres, n’a d’équivalent que l’allant et la fougue « cauris » dont elle fait montre. Il est vrai que marcher à Soklogbo, dans ses ruelles poussiéreuses, avec des vieillards titubants, des enfants accrochés aux mamelles flasques de leurs mamans, par temps de canicule solaire, marcher donc dans de telles conditions relève d’un exploit. Mais il n’y a pas, raisonnablement, à en faire une pendule.

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L’amour fou que notre Christelle nationale a décidé de montrer au géniteur du changement exige ces contorsions. Il y a bien, pendant les meetings, des forcenés qui se poudrent le corps, de la tête au pied, qui s’affichent nus, ne cachant finalement leurs bâtons de procréation que par un string aux couleurs…cauris ! Sokogbo devrait bien ça à Yayi, lui qui a fait de leur fille, l’ex-sémillante voix sportive de LC2, un haut cadre du ministère de l’éducation…

 

En 1996, une commune, jusque là inconnue dans la géographie du Bénin, s’était fait connaître par sa rapidité à donner les résultats des consultations électorales. Il s’agit de Tchoumi-tchoumi dont la consonance inhabituelle provoquait sur les Cotonois ignares les mêmes effets que Kamtchatka sur les Moscovites. Aujourd’hui, Soklogbo reproduit sur nous le même émoi.

Mais contrairement à Tchoumi-tchoumi, ce n’est pas par un exploit civique que le nom de Soklogbo s’est introduit dans nos délicates oreilles. C’est par les slogans chantés et dansés de la mignonnette Christelle qui nous gratifie, depuis deux ans, de ses cris soklogboïques en faveur de son champion. Et comme elle sait qu’à force de répéter, on finit par convaincre  – la veinarde connait les vertus de la pédagogie – nous commençons, nous ignorants imbéciles de Cotonou et de Porto-Novo, à intégrer le nom de Soklogbo. Si bien qu’aujourd’hui, on ne plus penser Christelle Houndonougbo sans penser Soklogbo. Ce nom qui s’articule comme le grondement du tonnerre, devient familier à nos oreilles.

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Mais tout le monde sait, à commencer par la belle, que montrer les chants et danses de Soklogbo, faire voir les marches de soutiens, exposer les enfants au ventre ballonné, les femmes décharnées, les cases percluses, les champs brûlés par le soleil, bref montrer la misère et la déglingue dans lesquelles vit ce village, n’inspire par des envies de curiosité, ni de découverte. Au contraire, tel spectacle ne peut, pour des âmes sensibles, provoquer que des haut-le-cœur, à moins que ça soit deux ou trois gouttelettes de larmes. Ou alors, Christelle dispose dans le fond de ses malles des projets autres que ceux, modestes, de la compilation des voix soklogboïques à Boni Yayi. Peut-être suis-je en train de rêver, de croire que la débauche d’énergie que ce village accueille depuis quelques mois, est dictée par des considérations nobles. Comme un con, j’ose croire que danser à Soklogbo n’est pas manger et que le chef d’orchestre qui autorise les déhanchements de ces populations, au-delà des amuse-gueules qu’on leur offre, contribuera à faire de ce village, une future destination des tours operators.

Le cas Christelle et Soklogbo n’est pas unique. Partout au Bénin, le scénario est immuable. Le mensonge se drape des mêmes boubous. S’habille des mêmes couleurs. Populations utilisées et instrumentalisées. Pour des politiciens ventripotents, démagogues et sévèrement amnésiques. On me dira, hélas, que j’enfonce des portes grandement ouvertes : mais le mal paraît atavique et semble survivre à toutes les générations. Exactement comme une malédiction.

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