L’ Abbé André Quenum à propos des 150 ans d’évangélisation

« La célébration du Jubilé est une pédagogie de la Bible »

Journaliste et directeur  de publication du journal catholique, «La Croix du Bénin », l’Abbé André Quenum a pris une part active à la préparation et à l’organisation du Jubilé des 150 ans d’évangélisation de l’Eglise catholique du Bénin, dont le point d’orgue a eu lieu dimanche dernier sur la  plage  de  Ouidah.  Il revient ici sur le sens à donner à l’évènement, ses moments forts et les grandes leçons à y tirer.

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L’Eglise catholique vient de célébrer le Jubilé des 150 ans  d’évangélisation au Bénin.  De quoi s’agit-il concrètement ?

Je rappelle d’abord que les premières missions catholiques  au Bénin datent de plusieurs siècles, mais la décision officielle de Rome d’envoyer des missionnaires au Bénin a commencé à être mise en œuvre en 1861.  Ils étaient trois à l’époque, les Pères Francesco Boghero, Francisco Fernandez et Louis Aide, respectivement italien, espagnol et français, tous membres de la Société des missions africaines, qui ont pris la direction du Bénin en cette année et ont  débarqué   sur la côte de  Ouidah. L’un d’eux a perdu la vie  en chemin. Il y a 50 ans, c’est –à-dire en 1961, l’Eglise catholique  béninoise avait célébré  le centenaire de cette première mission d’évangélisation. 50 ans encore après, nous l’avons célébré à nouveau dimanche dernier à la plage de Ouidah, au même lieu  où avaient  mis pied les   missionnaires  quand ils débarquèrent pour la première fois au Bénin. La célébration du cinquantenaire est en réalité une pédagogie de la Bible.  La cinquantième année est une année spéciale, une année de Jubilé. C’est une année de joie, de conversion et de remise de dettes.

Rappelez-nous le thème retenu pour les 150 ans et  la signification qu’il revêt ?

Le thème est ainsi libellé, «150 ans d’évangélisation au Bénin : héritiers et batisseurs d’avenir, chrétien, rends compte de ton expérience ». Il s’agit, par rapport au passé, de nous projeter dans l’avenir  en essayant au quotidien de rendre compte de notre expérience. Je rappelle, que pour célébrer ce Jubilé, il y a d’abord eu l’annonce officielle   faite  le 05 décembre 2009 à Parakou. L’année jubilaire elle-même a été ouverte  le 18 avril  2010 à Agoué, une autre localité qui a abrité plusieurs missionnaires catholiques. Toute l’année donc, les chrétiens ont prié dans les églises; il y a même une prière spéciale du  Jubilé  conçue pour   la circonstance.

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Que peut-on retenir de la célébration de ce jubilé  à  la plage de Ouidah ?

Le temps qu’il a fait ce dimanche à la plage de  Ouidah était un temps de   grâce. On avait un peu d’inquiétudes, car  la saison pluvieuse venait de commencer. Mais nous avons été soulagés  par  la  clémence de la nature.  Il y a avait un beau monde, près de 13000 fidèles,  plus de 400 prêtes, des évêques venus du Bénin, du Togo, du Mali,  de la France etc. Le message du Cardinal  Philippe Barbarin, archevêque de Lyons en France était également très fort et était basé sur la parole de l’évangile ;  notamment l’évangile de la résurrection de Lazare, pour nous redonner  espoir. Le temps le plus fort dans la vie d’un chrétien est la célébration de l’eucharistie, où nous célébrons la mort et la résurrection de Jésus-Christ.  Rien n’est plus fort que cela dans la vie d’un chrétien. A la fin de la messe, une croix du Jubilé a été confectionnée et confiée à Monseigneur Victor Agbanou et devra aller en pèlerinage dans chaque diocèse du pays. C’est pour dire que nous devrons repartir de nouveau pour être témoin de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, notre Seigneur.

Peut-on confirmer que  l’Eglise catholique est bien implantée au Bénin après 150 ans d’évangélisation, lorsque certaines statistiques dénombrent environ 2 millions de fidèles sur les 8 millions d’âmes que compte le pays ?

C’est difficile de comptabiliser le nombre, car le processus par lequel on a les chiffres ne permet pas toujours de  confirmer leur exactitude. La foi chrétienne ne peut pas être quantifiée.  Ce qui compte le plus, c’est la qualité de cette foi. C’est vrai que nos lieux de culte sont toujours  pleins, mais si on a des gens qui croient vraiment en Dieu, cela doit se voir dans la manière dont nous construisons notre pays. On aurait souhaité, il est vrai, avoir un Bénin rempli de chrétiens  catholiques uniquement, mais c’est surtout la qualité de notre témoignage qui compte. Je dois aussi  souligner qu’en   terme  d’impacts de la présence de l’Eglise catholique au Bénin, les données dépassent largement ce qu’on peu considérer  comme chiffres.

Quelle appréciation faites-vous de la participation de l’Eglise catholique à l’évolution socio-politique  du Bénin en 150 ans d’évangélisation ?

On peut noter qu’il y a une présence constante de l’Eglise catholique  dans la vie socio-politique du Bénin depuis de longues années. Je voudrais ici rappeler pour ceux qui ne le savent pas ,  que les  tout premiers députés  du Bénin étaient des prêtes catholiques. L’Eglise catholique  fait en sorte que les valeurs évangéliques,  aussi dures soient-elles, soient importées dans le domaine politique. Quant à nos actions, elles  demeurent ponctuelles. Les responsables de l’Eglise catholique n’interviennent pas n’importe comment dans  le domaine politique. Ils doivent d’abord sentir le moment et la  manière par laquelle ils peuvent agir  avant de  passer à l’acte. Le souhait de l’Eglise catholique est d’ailleurs que les institutions démocratiques fonctionnent par elles-mêmes, et que les mécanismes et résolutions de la Constitution du pays soient respectés à la lettre. Nous devons faire en sorte que la consolidation de notre démocratie soit la meilleure manière par laquelle, nous devons toujours résoudre nos problèmes. Mais il y a une autre dimension de la présence constante de l’Eglise, qu’on ne voit pas  toujours, c’est-à-dire la présence  au niveau des consciences, des individus,  des questions de société,  des secteurs de développement, etc.

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