Bénin – Vingt quatre heures après la « fatwa » de Yayi à Copargo contre l’opposition, L’ex-président de la république Nicéphore Soglo flanqué de sa femme Rosine, s’est montré à son tour très acerbe contre le Chef de l’Etat. En campagne hier à Sikècodji dans le 7è arrondissement de Cotonou, il a attaqué de front Yayi qu’il a taxé d’être un mauvais président. Son ministre Candide Azannaï reçoit aussi quelques pics.
Pourtant terne depuis son début, la campagne pour les élections législatives s’illustre par les diatribes et les envolées lyriques. Après Yayi mardi à Copargo dans la Donga, c’est Nicéphore Soglo qui en donne le ton. Hier à Sikècodji, il s’est montré très dur à l’endroit du gouvernement actuel et de son chef le Président Yayi. Piqué au vif par une interpellation d’un jeune qui les accuse de ne léguer que le chômage aux jeunes, le couple Soglo répond de façon agressive. C’est d’abord Rosine Soglo qui répond et qui demande au jeune d’avoir le courage de poser cette question au président Boni Yayi. Elle en profite pour aborder la responsabilité d’un député qui, dit-elle, ne vote que des lois et contrôle les actions du gouvernement. « C’est ceux qui sont au gouvernement qui peuvent créer de l’emploi parce que c’est eux qui construisent les routes, les écoles, c’est eux qui s’occupent de l’éducation de la santé », a déclaré Rosine Soglo. Continuant dans ses explications, elle ajoute, « allez voir Azannaï, il est aussi au gouvernement et il s’occupe de l’industrie. Quelle industrie a-t-il créé ? Est-ce qu’on a d’industrie au Bénin. C’est un cadeau qu’on lui a donné parce qu’il a dit à Yayi, je peux insulter Maman, je peux insulter Papa. Il veut venir à l’Assemblée, je l’attend là-bas ». Dans ses diatribes contre le gouvernement, elle a demandé aux femmes et surtout aux jeunes de résister à la dictature de Yayi sinon un jour viendra où il viendra chercher leur mari pour aller leur couper la tête. « Moi Rosine Soglo, j’ai combattu Kérékou pendant dix ans, je combattrai Yayi jusqu’à ma mort », a-t-elle dit pour conclure avant d’inviter les populations à voter pour la liste Un pour l’aider à continuer le combat malgré son âge.
« Il ne connaît pas le job »
Assis à côté de son épouse, le président Soglo la tête baisée, le regard cerclé par ses lunettes, adossé au dossier de sa chaise, a attendu patiemment son tour. Quand vint le moment il se leva sous un tonnerre d’applaudissements et de slogans. Au prime abord, il affirma qu’on devait normalement fesser le jeune qui a parlé ainsi, puisqu’il s’est trompé d’interlocuteur et a fait montre d’une ignorance notoire de l’histoire. Lui Soglo ne mérite pas de telles interpellations. En 1996, il a hérité d’un pays déchiré, économiquement malade. Mais il a réussi à le remettre sur les rails parce qu’il a appris cela à l’Ena en France. Avec force détails, il expliqua tout ce qu’il a fait en son temps pour faire sortir le pays de l’ornière mais malheureusement déplore-t-il, le complot français l’a fait partir du pouvoir pour installer Kérékou qui a « cassé » et pillé le pays. Il dénonca la gestion du pays par Boni Yayi. « Il ne connaît pas le métier », a-t-il répété plusieurs fois. Pour en avoir la certitude, il demanda aux populations si quelque chose a changé dans leurs vies. La preuve, c’est qu’ il tâtonne depuis et finit par affirmer lui-même qu’il ne connaît pas le pays. Il ajouta que Yayi a été son disciple mais l’a trahi en complotant avec les français. Il brandit d’ailleurs une photo du début des années 90 où on voit bien l’actuel Chef de l’Etat derrière le Président Soglo avec d’autres collaborateurs. Il confirma que l’économie et la productivité ont chuté, que la micro finance est galvaudée. Il déplora les nombreuses entorses à la démocratie depuis cinq ans et dénonca aussi le complot des français auquel Yayi a participé avec Azannaï. Ce dernier selon lui a été instrumentalisé pour casser la RB. Enfin, il déclara que c’est par peur d’être traduit devant la Haute Cour de justice que Yayi a fait dire par les institutions appropriées le K.o, car n’étant pas sûr de s’en sortir avec le second tour. De troublantes révélations qui montrent que l’ancien président Nicéphore Soglo est décidé à affronter Yayi pendant ce nouveau quinquennat.