Législatives : La mouvance présidentielle en « désordre » de bataille

Bénin – La mouvance présidentielle est en proie à de violentes dissensions internes. Depuis le début des campagnes pour les élections législatives, vrais et pseudo-mouvanciers se livrent une bataille sans merci. En dépit des appels du Chef de l’Etat et de ses sbires à l’union sacrée autour de la liste Fcbe, l’entente est malaisée, la tension toujours vive, conduisant même à l’arrestation de pseudo-mouvanciers.

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La politique béninoise raffole des paradoxes et des incongruités les plus abjectes. Après une élection présidentielle qui a laissé dans l’opinion un grand soupçon de fraude et renforcé les inimitiés entre mouvance et opposition, on s’attendait à des campagnes houleuses pour les législatives entre les deux coteries politiques. Mais à quelques jours de la fin de ces campagnes le front mouvance-opposition s’est montré très tiède. Mais c’est plutôt entre acteurs politiques de la même mouvance qu’on observe les plus chaudes hostilités et les heurts les plus violents. Le débat en vogue dans cette mouvance, depuis l’hypothétique appel du Chef de l’Etat qui inviterait tous ceux qui le soutiennent à ne voter que pour la seule liste Fcbe, c’est la discrimination entre la vraie liste du Chef de l’Etat et les autres. Vrais et pseudo-mouvanciers se livrent une guerre de clocher sans merci. «Les vrais», ceux qui sont candidats sur la liste Fcbe et ceux qui les soutiennent accusent «les pseudo», ceux qui se réclament toujours de cette mouvance mais qui sont candidats sur d’autres listes, et leurs affidés, de travailler à la dispersion des voix pour favoriser l’opposition bien unie autour de deux ou trois listes. « Tous ceux qui ne sont pas sur la liste Fcbe sont les « ennemis » de la mouvance, tel est le chorus des caciques du pouvoir. Hélas, cette campagne d’intimidation et de diabolisation n’a pas tenu toutes ses promesses. Seuls quelques uns parmi eux ont tenu se sont ralliés à la liste Fcbe. Le grand nombre est resté accroché à ces petites listes, affirmant parfois que ceux qui sont sur cette liste dite certifiée ne sont  pas ceux qui doivent y figurer.

 

Lokossa sur pied de guerre

Les mésententes entre «vrais» et «pseudo» mouvanciers ont pris parfois des proportions inquiétantes ces derniers jours. C’est ce qui s’est passé à Lokossa dans la 17è circonscription électorale. La semaine dernière, le sieur Babavi, candidat positionné en tête de liste de l’Ipd dans cette circonscription électorale, a été arrêté et gardé à vue pendant au moins quarante huit heures. Il n’eut son salut que grâce à un soulèvement populaire dans la ville. Son malheur est d’avoir fait afficher dans la ville de Lokossa des posters qui le montraient en compagnie du Chef de l’Etat. Irrités de voir que sa campagne faisait mouche, des caciques de la mouvance ont porté plainte contre lui au commissariat pour usage malsain et déloyal de l’image du Chef de l’Etat.  Il est mis aux arrêts et passa une nuit au commissariat de Lokossa. Ses militants soutenus par une bonne frange de la population ont protesté dans les rues et surtout au marché, en criant haro sur la mouvance notamment sur deux de ses caciques: Mathurin Nago, président sortant de l’Assemblée nationale et Koffè Bachirou, directeur départemental chargé des relations avec les institutions, accusés d’avoir ordonné son arrestation. De l’ethnie haoussa, né dans le quartier Zongo à Lokossa, très adulé pour ses œuvres caritatives, il a beaucoup travaillé à la victoire du Chef de l’Etat lors de l’élection présidentielle. Il croyait être bien positionné sur la liste Fcbe mais il a été mis de côté. La liste Ipd l’a aussitôt réquisitionné en le mettant en tête de liste. Sa campagne a fait des émules et inquièté ceux qui ne comptaient pas trop sur sa présence dans la course. Le cas de ce monsieur n’est pas singulier dans la mouvance. Harcelé et contraint à abdiquer pour rejoindre la liste Fcbe, l’honorable Justin Agbodjèté, tête de liste Union pour le Bénin (Ub) dans la 20è circonscription électorale a été obligé de faire une sortie médiatique en présence de son staff pour mettre fin à la campagne de sabotage menée contre lui par certains candidats de la liste Fcbe. «J’ai lutté pour la réélection du président Boni Yayi. Je suis plus mouvancier que beaucoup parmi eux», a-t-il déclaré pour arrêter les intoxications. Idem pour Mèmouna Baboni Sinimbou de la liste Cauris 2 qui a réagi pour démentir toute rumeur qui la donnait pour non partante au scrutin du 30 Avril. La division s’installe dans cette mouvance où les partisans des candidats inscrits sur les listes autres que Fcbe menacent de se venger. Attention donc à l’effet boomerang.

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