Transhumance: Kamarou Fassassi, l’autre cas qui interpelle la conscience

Telle une girouette, il suit la direction du vent “favorable» et est allergique à l’idee de participer à l’animation de l’opposition politique. Passé le temps du baroud d’honneur pendant le quinquennat 2006-2011, Kamarou Fassassi revient à ses vieilles habitudes. Comme en 1998, il vient de rejoindre la mouvance à pas feutrés, après avoir assumé, quelques mois auparavant, une posture d’opposant «farouche» à Boni Yayi.

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a politique béninoise regorge de cas difficilement acceptables pour la morale. Ce sont ces individus sans scrupule, qui changent de famille politique comme de chemises. Leur conviction politique évolue au gré de leurs intérêts personnels et non à celui de leurs militants et sympathisants encore moins ceux de la nation toute entiere. Kamarou Fassassi ne fait pas exception à cette race de politiciens -hélas en régénérescence. Au contraire, il semble en devenir un des plus importants icônes. L’actualité politique de ces vingt dernières années en donne l’illustration.

 

Dans une interview parue avant-hier dans un quotidien de la place, l’ancien ministre des mines, de l’énergie et de l’hydraulique du président Kérékou, fait allégeance au président Yayi, en proclamant sa foi pour le changement et en conséquence, invite les militants de son parti le Prd-Nouvelle génération à soutenir les Fcbe lors des prochaines élections législatives.  Les rares lecteurs de la presse nationale qui n’ont pas eu l’écho de sa précédente déclaration, dans laquelle il accepte le verdict de la Cour constitutionnelle proclamant le Knock out de Boni Yayi, au premier tour de la présidentielle du 13 mars dernier, en avaient le souffle coupé et étaient groggy devant la versatilité des propos débités,  surtout que son auteur était jusque là de l’opposition qui contestait les résultats. Ce n’était que le premier épisode de la démarche de transhumance. Le reste, on le connaît. Aussitôt l’allégeance proclamée au pied du nouveau Prince, Kamarou Fassassi est devenu personne fréquentable et acceptée à la mouvance. Il est de suite invité aux affaires. Nommé dans le comité d’organisation du forum sur le sursaut patriotique, il peut désormais goutter aux prébendes gouvernementales. Quelques mois auparavant, il n’avait pas cette possibilité. Il était plutôt persécuté par le gouvernement et cité fréquemment comme faisant partie des prévaricateurs de la Sbee. Des tentatives ont été même faites pour le livrer à la justice.  Il devait donc trouver son salut en décrétant son opposition à Yayi. Au congrès de création de l’Union fait la nation (Un) en Décembre 2009, il était bien là, parmi les invités de marque. Son adhésion à l’Union était attendue comme l’a fait le Rdl Vivoten. Mais aux derniers moments, des divergences de positionnement l’éloignent de l’Un. Il rejoint la coalition Abt et Abdoulaye Bio Tchané, alors candidat à l’élection présidentielle. Ce dernier le coopte et lui taille le poste de directeur de campagne dans le Littoral. Aussitôt après l’échec d’Abt, on s’attendait à le voir se positionner sur la liste G13 Baobab qui a récupéré presque tous les leaders politiques qui ont soutenu Bio Tchané. Mais erreur, Kamarou Fassassi avait son plan derrière la tête. L’opposition n’avait jamais été son affaire et ne le sera pas. Du moins tant qu’il y aura un président de la République en manque d’artisans de la 25e heure, venus du rang de gens opportunistes au passé de traitre avéré.

Qui a bu, boira

L’habitude est une seconde nature, dit-on. La fréquence et la multiplicité des mues politiques effectuées pendant ces derniers mois par Kamarou Fassassi montrent bien qu’il est coutumier du fait. Ceci n’est pas nouveau. En 1998, il avait réalisé le même coup. Alors que le Prd dont il faisait partie avait pris la décision de quitter le gouvernement avec tous ses ministres, Kamarou Fassassi qui tenait le portefeuille  très convoité des travaux publics et des transports n’a pas digéré cela.  Il entre dans les tractations et revient au gouvernement comme ministre de l’énergie et des mines. Apres sa tentative d’arracher à son ancien mentor et fondateur du Prd les attributs du parti politique qui l’a fait notamment le logos du Prd. Au gouvernement, il y restera pendant près de sept ans au cours desquels il crée des difficultés à son parti originel. En 2006, il avait même fait campagne contre Me Adrien Houngbédji et s’est rallié à Boni Yayi au second tour. Malheureusement, ce ralliement ne lui a apporté que des déboires. En 2007, il est cité comme pilleur solidaire de bien d’autres de la Sbee. Jusqu’à ce jour, son dossier n’est pas encore vidé et on se demande s’il ne cherche pas une aubaine pour se mettre à couvert de façon définitive d’éventuelles poursuites judiciaires.

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