Boni Yayi envoie sa femme en « enfer »

Le sceau de la Cour constitutionnelle vient de confirmer les 83 députés élus à l’Assemblée nationale.  Sauf  cataclysme de dernière heure, la première dame devait siéger prochainement au sein de cet hémicycle.  Mais au regard de la crise politique actuelle exacerbée par les dernières élections et des griefs de l’opposition contre le pouvoir, la première dame qui risque de vivre une législature d’enfer.

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La première dame Chantal de Souza Yayi est élue députée à l’Assemblée nationale. Cet événement n’est pas nouveau au Bénin. En 1995, alors que le président Soglo finissait son quinquennat, sa femme Rosine a été élue comme deputé à l’Assemblée nationale après avoir créé quelques années avant la Renaissance du Bénin (Rb). Cet exemple a certainement inspiré le couple présidentiel Yayi. Depuis 2007, la première dame a engagé les tractations pour la création du Front patriotique pour une alternative républicaine(Frap). Ce parti a d’ailleurs énormément contribué à l’enracinement du changement et à la réélection du président Yayi en mars dernier. C’était donc de bon droit que ce parti a décidé de présenter une liste pour les élections législatives. Mais hélas cette liste a été rejetée par la Cena et la Cour constitutionnelle. Pour sauver la tête de la première dame, Yayi l’a repêchée et l’a positionnée en tête de liste dans la 5è circonscription électorale devant des caciques de la majorité présidentielle comme Célestine Adjanohoun, Grégoire Akoffodji et consorts. Elle a été la seule à être élue sur cette liste. Contrairement au cas de Rosine Soglo en  1995 qui n’a fait qu’un an de députation pendant que son mari est président, Chantal de Souza Yayi va donc gérer quatre bonnes années de cohabitation politique au sein du couple présidentiel.  Quatre ans pour affronter  les provocations, les  propos irritables de politiciens malveillants et les péripéties politiques liées à cette fonction surtout dans le contexte actuel où l’Assemblée nationale risque d’être encore « chaude ».

Option risquée

Avant même que la Cour constitutionnelle ne proclame les résultats de ces élections, une guerre de succession prématurée est déclenchée au sein de la mouvance présidentielle pour le douillet fauteuil du président de l’Assemblée nationale. Chose curieuse, dans les noms agités ça et là pour succéder à Mathurin Nago, il y a celui de Grégoire Akoffodji, le suppléant de luxe que le Chef de l’Etat a imposé à sa femme élue députée. Si donc ce nom est avancé c’est qu’on envisage dans cette mouvance la possibilité de voir la première dame se désister en faveur de son suppléant. On a dû se rendre compte que cette option n’a pas été très payante au regard du piètre résultat obtenu par la liste Fcbe dans cette circonscription électorale. Alors, une simple question se pose. A-t-on trouvé quelque chose de mieux à la première dame ? Ministre ? Dg de société ? Ou va-t-elle s’occuper simplement  de ses charges de première dame ?  En tout cas, si l’option de son désistement n’est pas encore effective, il faut vite y arriver.  En effet, la présence de la première dame va forcement raviver à l’hémicycle les récriminations de l’opposition contre le Chef de l’Etat dont on trouverait  ainsi à l’Assemblée nationale une digne représentante. La première dame sera fortement et fréquemment chargée. On en profiterait pour déverser sur elle toute la colère que son mari doit subir. Et pour une dame très taciturne, peu éloquente et peu encline aux méandres juridico-politiques  comme Rosine Soglo la tâche ne s’annonce pas aisée. Il faut d’ailleurs s’attendre à ce que cette dernière, dans ses frasques répétées, puisse provoquer de temps en temps la première dame. Les perspectives politiques ne s’annoncent pas très bonnes pour la première dame. La peine attendue dépassera les avantages liés à cette fonction pour une première dame qui ne manque pas pour autant de prébendes gouvernementales. Et on se demande si Yayi va « oser » envoyer son épouse dans cet enfer qui l’attend visiblement.

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