Conformément aux dispositions des articles 6, 7, 8 et 9 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale rappelé par le plus jeune des députés de la 6è législature, Atao Hinnnouho, et suite à la lecture par le deuxième plus jeune député Luc Atrokpo, de la décision de la Cour constitutionnelle proclamant les résultats définitifs des élections législatives de 2011, la doyenne d’âge de cette 6è législature en la personne de la présidente Rosine Vieyra Soglo a procédé officiellement à l’installation des députés. La cérémonie s’est déroulée dans l’enceinte de l’hémicycle où tous les députés élus sans exception, ont répondu présents à l’appel de la doyenne d’âge. Dans son message d’installation, Rosine Soglo précise «Je ne voudrais pas qu’on parle de nous comme d’une chambre invivable, de parlement de godillots. Non, l’Exécutif a son rôle à jouer. Nous aussi. Le président de la République a été élu à 53% des voix. Il restait 47% et ses 47% sont aussi de la nation et représentent le Bénin. Il faut en tenir compte». Elle demande à ses collègues, toutes tendances confondues, de ne pas l’oublier, de ne pas décevoir ce peuple qui nous a ramené ici. Mais la présidente Rosine Soglo a piqué une de ses colères, en dénonçant certains comportements et dérives de l’entourage du régime de Yayi. Elle a dénoncé vertement la Cour constitutionnelle qu’elle a qualifiée de la «Cour constitutionnelle des miracles». Selon elle, ce n’est pas ça la démocratie. Rosine Soglo, en bonne mère et conseillère dira à ses collègues qu’ils sont tous des créatures humaines, que ce soit d’un côté ou de l’autre et que le chef de l’Etat a été élu. Pour elle dans ce parlement, ils doivent travailler tous de concert ensembles et elle les appelle à taire leurs dissensions car nous pouvons les régler et j’espère que nous allons y arriver, a-t-elle déclaré. « Mesdames, mademoiselle et messieurs, il ne faut jamais oublier que le panthéon est à côté de la route et que quand on monte au 13è étage, qui n’est pas plus haut que la statue de Jefferson, n’oubliez pas que la façon dont vous montez, c’est comme cela que vous redescendez», a-t-elle poursuivit, en montrant que rien n’est éternel sur cette terre. «Nous ne sommes pas des godillots, nous ne sommes pas un parlement bidon, mais nous sommes un vrai parlement». Il faut dire que durant près d’une heure d’horloge, la doyenne d’âge a retenu tout le monde en haleine dans l’hémicycle. Des mises en garde, des conseils et parfois des piques dans les côtes de l’entourage du chef de l’Etat, même par rapport à son fils Galiou Soglo, qui a préféré collaborer avec l’actuel chef de l’Etat au détriment de ses parents. Tout ceci n’est pas passé sous silence devant des députés abasourdis et étonnés de tels propos. Finalement, au terme du message de la doyenne d’âge, la séance a été suspendue et sera poursuivie ce jour avec l’élection du bureau de l’institution et la mise en place des autres organes.
Intégralité du message d’installation de la présidente Rosine Vieyra Soglo
Mes chers amis, je vous souhaite tous la bienvenue dans cet hémicycle pour notre 6è législatureJe me réjouis de savoir qu’il y a 56 députés qui sont revenus parce que nous avions entendu au cours de la dernière législature, que le palais des gouverneurs était rempli de gens incapables. Je suis quand même très heureuse de savoir que la population ne l’a pas entendu de cette oreille, puisque sur les 83 que nous étions, la population a eu la gentillesse, l’éclairage de nous renvoyer au moins 56.
Mes chers amis, je ne vous vois pas mais j’en suis tellement déçue, malheureuse, pourquoi, parce que je suis persuadée que tous, que vous savez tous que je suis votre doyenne d’âge. Je me suis mise dans mes plus belles atouts aujourd’hui ,non pas pour vous charmer, car pour moi c’est déjà terminé, mais tout de même, j’ai fait un effort pour que vous appréciez que même à 77 ans, on peut avoir les bons atouts. Vous devez applaudir messieurs les députés .Qu’est ce que vous attendez ? Vous devez me dire bravo madame vous faites un effort quand même. Vous devez me dire que malgré vos 77 ans vous êtes belle encore à voir, n’est-ce pas ?
Mes chers collègues merci beaucoup, mais vous avez tort, Fcbe ou pas, toutes tendances confondues, nous sommes ici la seconde institution de l’Etat, ça je voudrais que vous le mettiez vraiment dans votre tête. Et pour que notre démocratie marche correctement, il faut que nous les députés nous jouions notre partition. Je ne voudrais pas qu’on parle de nous comme d’ une chambre invivable, ou qu’on nous traite de parlement de godillots non, l’exécutifa son rôle à jouer et nous aussi. Le président de la République a été élu à 53% des voix, il restait 47% et ses 47% sont aussi de la nation et représentent le Bénin, il faut en tenir compte. C’est comme ça il faut tenir compte des 30 qui restent en dehors des 41 Fcbe, nous aussi nous faisons partie intégrante de la nation. C’est ça la démocratie, et je vous dis que lors de la dernière législature, nous avons vu des collègues qui bavaient, j’ai appris aussi qu’ils ont tout fait pour revenir, c’est que comme dit le président de la République, et là je suis d’accord avec lui, la bouche qui mange ne parle pas. Ah ! C’est très avantageux d’être député. Nous sommes ce que nous sommes parce que la nation l’a décidé ainsi et je vous demande toutes tendances confondues, de ne pas l’oublier, de ne pas décevoir ce peuple qui nous a ramenés ici. Il faut l’avoir en tête, il faut tout faire pour le bien de cette nation qui a suffisamment souffert et qui a besoin que nous nous retrouvions, nous avons été envoyés ici rien pour cela, pas pour faire de la politique politicienne ou pour savoir qui va à la soupe et qui va avoir quoi. C’est vrai, comme le disait Houphouet, on a besoin de manger mais il ne faut s’oublier quand même. L’homme ne vit pas que de pain et le président de la République ne peut pas me démentir. Je prie tout le temps pour qu’il n’oublie pas cela, que nous sommes tous des créatures humaines, que ce soit d’un côté ou de l’autre et que nous l’avons élu, ce parlement, nous devons travailler tous ensemble, si nous avons nos dissensions nous pouvons les régler et j’espère que nous allons y arriver,
La roue tourne
C’est ce que je voudrais dire aujourd’hui pour nous tous, pour dire que la vieille dame aveugle,- OUI !je suis aveugle Messieurs- mais j’ai encore toute ma tête Dieu merci et que je jouerai encore ma partition ici dans cet hémicycle. Quel que soit le bureau qui arrivera je jouerai ma partition parce que je serai toujours fidèle à moi-même car si on m’a renvoyé ici pour la quatrième fois, ce n’est pas pour faire de la figuration ! Cela fera 20 ans, car je vais boucler 20 ans d’hémicycle, c’est pas mal pour une vieille femme, pour une aveugle de 77 ans . Et je sais pourquoi je travaille pour cela de toutes mes forces. Alors messieurs et mesdames, chers députés, nous avons été envoyés ici pour travailler de concert et chacun pourrait y faire ce qu’il peut parce qu’on parle de la démocratie, le Bénin se porte bien, le Bénin nous donne l’exemple de la démocratie. Pour le moment ce n’est pas vrai, avec une Cour constitutionnelle des miracles, ce n’est pas ça la démocratie. Une Cour constitutionnelle qui veut être une république des juges, ce n’est pas ça la démocratie. Moi j’ai passé 40 ans en France et 10 ans aux Etats-Unis, on ne peut pas parler de la démocratie en ce moment et il faut être tendre dans le bureau. Mesdames, mademoiselle et messieurs, il ne faut jamais oublier que le panthéon est à côté de la route et que quand on monte au 13è étage, qui n’est pas plus haut que la statue de Jefferson, n’oubliez pas que la façon dont vous avez monté c’est comme cela que vous redescendez. Les gens qui vous ont envoyés au 13è vous attendent de pied ferme pour vous accueillir et que nous sommes tous mortels, tous, même le pouvoir, nous sommes tous mortels. Ce n’est pas parce qu’on est là haut que tout est fini, non ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai. Nous sommes tous mortels, nous mourrons, et nous avons vu pour Kérékou il a fait 28 ans non, on a vu Soglo il est parti , celui-ci à son tour partira et il y aura un autre. Ca c’est la vie et la roue tourne. Ne l’oubliez jamais cela. Je dois terminer par certains journalistes qui croient qu’ils font du travail quand ils bavent, les chiens qui aboient et qui continuent d’aboyer. Il ne faut pas oublier que la famille politique ce n’est pas tout et la famille biologique c’est tout autre chose. Et quand vous avez terminé ici avec la famille politique vous rentez chez vous et vous retrouvez votre famille biologique, vos pères, vos mères, vos sœurs et consorts. C’est ça la vie et pas la politique. La politique, j’ai entendu Kérékou dire ici que quand son frère chéri est mort, il n’a vu aucun ministre pour lui dire monsieur le président mes sincères condoléances. Et demain comme on le dit, la pauvre Laeticia vous savez de qui je parle, n’est-ce pas, la mort de Napoléon Bonaparte qui a cru qu’il pouvait avoir le monde entier depuis sa tour, il a terminé on sait comment. N’oublions pas aussi cela, c’est le testament de la vieille aveugle parce que quatre ans c’est long mais c’est rien, rien ne dit que je resterai encore avec vous pendant quatre ans, c’est Dieu seul qui le dira mais je suis là aujourd’hui et je vous invite à méditer. Et que les chiens qui sont en train de dire hey ! hein ! Le fils Soglo je parle de mon second fils, j’en parle le cœur lourd, le cœur triste. Quand Boni Yayi s’en ira, il ira où, il viendra me trouver moi sa mère, oui si Dieu le veut et sa famille biologique est là, sa mère, son père, ses tantes et consorts. Yayi Boni il ira avec les siens car il a aussi une famille Yayi Boni. N’oubliez jamais quand vous faites n’importe quoi, en tout ca c’est du n’importe quoi, certains journalistes disent n’importe quoi et moi je suis là pour répondre. Vous voyez qu’en disant ça vous croyez tous m’abattre, il faut plus que ça pour m’abattre, il faut comme le dira l’autre, prendre un fusil car là on ne m’arrête pas. Car c’est lamentable de voir ces journalistes raconter n’importe quoi, il y a des mères et vous tous sortis d’une mère. Ne l’oubliez pas, la façon de me traiter, c’est comme ça que vous traitez vos mères, c’est comme ça ? Je ne crois pas. Le Bénin mérite autre chose que ça parce qu’on va à la soupe, il faut arrêter. Moi je n’accepterai pas ça, je n’accepterai jamais il faudra me marcher sur le corps. Je le dis, urbi et orbi je le dis pour que le monde entier le sache et que cette démocratie va à la dérive. Si nous ne nous levons pas ici au parlement pour dire non. Nous ne sommes pas des godillots, nous ne sommes pas un parlement bidon mais nous sommes un vrai parlement. Qui aime bien châtie bien, je pense que j’en ai trop dit. Et il ne faut jamais oublier que seul Dieu a le dernier mot, vous allez m’applaudir toutes tendances confondues, je sais, je m’applaudis moi-même. Merci j’en ai terminé, mesdames et messieurs les députés et à tout à l’heure.
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