La presse béninoise a ses prouesses que bien d’observateurs apprécient depuis des années. Mais il y a beaucoup d’autres faits qui la rendent moins honorable qu’on le pense. Comme partout dans le monde entier, les journalistes béninois ont célébré le mardi 03 mai dernier la Journée internationale de la liberté de presse. Plusieurs manifestations sont prévues dans la corporation locale pour marquer à nouveau l’évènement.
Reste qu’il y a des questions qui sont toujours laissées en suspens. Chacun gère le métier à sa manière. Selon ses désirs. Selon ses forces. Et aussi selon son « réseau ». On a beau avoir des associations professionnelles des médias, des syndicats de défense des droits des journalistes, des institutions parallèles, la confrérie regorge encore de grandes incongruités. La presse béninoise est libre, plurielle mais elle demeure problématique à maints égards. L’état actuel de la corporation en dit long sur la vision touffue que les acteurs en font. Le cas de la presse écrite est patent. Avec aujourd’hui plus d’une soixantaine de quotidiens, des plus sérieux aux plus complaisants, on s’interroge sur la carrière journalistique telle qu’elle se vit au Bénin. C’est presque comme dans une jungle où chacun se débrouille pour sortir la tête de l’eau. Les rédactions se font et se défont au rythme des naissances de nouveaux quotidiens et de disparition des existants. Parfois, ces quotidiens sont gérés de bout en bout par un seul individu qui joue pratiquement tous les rôles; directeur de publication, rédacteur en chef, journaliste rédacteur, commercial, distributeur, etc. La mode n’est pas tant nouvelle. Mais son expansion au fil des jours suscite de grandes inquiétudes. Des journalistes débutants qui achèvent à peine leur stage dans un organe plus sérieux, y trouvent vite le goût. Avoir son propre organe. L’essentiel est de se faire enregistrer. Une fois cette étape acquise, le premier numéro parait automatiquement. Puis suivent les autres, selon les rentrées financières successives et des attentes non moins mirobolantes. Peu importe la fréquence de parution.
Et pourtant, ça galère toujours!
Si plusieurs journalistes ont fini par créer leur propre organe, ils ne s’en sortent pas tous pour autant. A l’exception des plus malins et plus habiles, qui se jettent sur toutes les occasions possibles. Certains prennent même le risque de recruter un léger personnel, mais s’en débarrassent très vite, faute de moyens pour faire face aux salaires. Les grands journaux de la place étant toujours gourmands, la manne publicitaire descend difficilement au plus bas niveau de l’échelle. Mais il y a pire aussi. Dans ces grands journaux en vérité, ce n’est pas toujours la vie rose pour la plupart des employés. Les salaires à eux payés sont parfois si insignifiants et si ridicules qu’ils contrarient la notoriété tant vantée de l’organe. Il n’en demeure pas moins que ces journalistes «malheureux » se voient obligés de travailler dans ces conditions, parce que disent-ils souvent, «il n’y a pas mieux ailleurs». L’ambiance est également triste dans d’autres rédactions de la place où la fin du mois se vit comme un véritable cauchemar. Le salaire au lieu d’être un droit acquis, devient une sorte de «Tombola» qui n’offre pas toujours les mêmes chances à ceux qui la tentent. Paradoxe pour paradoxe, les employeurs de ces journaux continuent de rouler carrosse. Certains ont des parkings de véhicules bien garnis. De vrais amateurs de «grosses caisses» et de champagne. L’injustice est monstre dans la profession au Bénin. Certains journalistes continuent de la subir, hélas, dans le silence et dans la douleur.
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