Tévoédjrè en difficulté avec Boni Yayi

Après l’annulation, par Boni Yayi, du Forum vérité et sursaut patriotique, Albert Tévoédjrè, son organisateur est allé à la rencontre du chef de l’Etat. Pour une franche explication avec ce dernier sur les tenants et les aboutissants de cette décision. La rencontre qui n’a accouché que d’une souris fait dire aux observateurs que le renard de Djrègbé est à son début de disgrâce avec le locataire du Palais de la Marina.

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Des sources proches du pouvoir révèlent qu’Albert Tévoédjrè aurait été reçu, le mardi dernier, en audience à la présidence de la République au cours de laquelle, il a eu une discussion avec Boni Yayi, au sujet de la suspension de l’organisation du Forum Vérité et Sursaut patriotique.

On se rappelle qu’un communiqué laconique est passé en bande défilante sur la télévision nationale dans lequel on apprend que le chef de l’Etat a ordonné, tous travaux cessants, l’arrêt des activités au titre de l’organisation desdites assises. Nous étions, l’avant-veille du démarrage du forum, prévu le 6 mai dernier. La décision du chef de l’Etat fit l’effet d’un coup de tonnerre dans le ciel serein et ensoleillé du Bénin. Toutes les invitations avaient été déjà lancées et des invités de marque étaient, pour certains –ceux des régions à décalage horaires prononcé comme les Usa, les pays de l’Asie du sud-est- déjà dans l’avion en direction de Cotonou. Pendant que l’opinion se doutait à peine du quiproquo qui en est la cause, Albert Tévoédjrè, en bon manitou, tente de minimiser la portée de l’acte du chef de l’Etat en le réduisant à sa juste portion. Pour ce faire, il en prend lui-même un autre de façon stratégique. Comme pour faire taire les supputations, du moins détourner les attentions afin de s’éviter les railleries qui perturberaient son sommeil.

C’est ainsi que dans un communiqué parvenu à notre rédaction, comme aux autres confrères, le jour même de la décision du chef, et signé du médiateur de la République, il est indiqué que ledit forum est «suspendu et reporté sine». Ce qui sous-entend qu’il n’est pas annulé. Dans certains cercles, il est annoncé que le report serait pour les 4, 5 et 6 mai passés. Nous voici une semaine au-delà de ces délais. Et toujours pas de forum annoncé.

Perfidie et ruse comme causes de l’annulation

Officiellement, le forum avait pour objectif de jeter les bases d’une idée de «refondation de la République». Boni Yayi aurait eu envie de l’initier pour se réconcilier avec son peuple après tout le tumulte politique qu’il y a eu tout au long de son premier quinquennat et notamment lors de la confection unilatérale de la fameuse liste électorale informatisée (Lepi). L’exploitation de la liste a débouché, on s’en souvient, sur l’historique K.O du candidat-président au premier tour du scrutin présidentiel du 13 mars. Ce qu’aucun des candidats à cette élection dans notre pays n’a jamais pu réaliser.

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Mais des informations seraient parvenues au chef de l’Etat selon lesquelles, le «vieux» à la ruse de renard préparerait un coup contre lui, le véritable maitre d’œuvre de l’événement. Les rumeurs racontent que ce serait l’occasion pour le médiateur de la République d’adouber le ministre d’Etat, Pascal Irénée Koupaki, en le mettant par avance en orbite en vue de la succession, en 2016, de Boni Yayi en fin de mandat.

A leur rencontre du mardi dernier, et sachant que le chef de l’Etat était lui aussi au parfum des choses, Albert Tévoédjrè se serait mis à raconter et à expliquer, de lui-même sans y être interpellé, qu’il n’en était rien de tout ce que dit la rumeur. L’ayant poliment bien écouté, soulignent nos sources, l’interlocuteur à qui il parlait n’aurait pipé mot. Et le silence assourdissant des lieux et de son propriétaire aurait accompagné le médiateur en fin de séjour jusqu’au seuil du bureau de son hôte.

Et on se doute qu’une fois parti du Palais de la Marina, Tévoédjrè va se rendre compte de la totale indépendance d’esprit dans laquelle Boni Yayi entend gouverner pendant les cinq prochaines années. Avec son second et dernier –nous l’espérons- mandat en poche, son allié détenteur du pouvoir d’Etat semble dire ne plus se sentir redevable vis-à-vis de ses collaborateurs dont il peut par ailleurs craindre les manigances et l’esprit de perfidie dont on les affuble, à tort ou à raison.  Le Forum Vérité et Sursaut patriotique qui, dans son organisation, marginalisait les acteurs de l’opposition est renvoyé aux calendres grecs et peut toujours attendre… que Boni fasse preuve de bonne volonté à l’égard du renard de Djrègbé.

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