17e Sommet de l’Union africaine: un de plus… sans grandes illusions

La grande comédie! Comme à leur habitude, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine se réunissent pour jouer leur part de la tragicomédie du continent. Cette fois, on ne rencontrera pas dans les couloirs le «roi des rois traditionnels d’Afrique» et sa cohorte de roitelets et d’amazones. On ne verra pas non plus luire le cuir chevelu du Président sénégalais. Tandis que la Côte d’Ivoire fait son grand retour avec un chef de délégation qui en aura rêvé durant plus de 20 ans. Depuis le dernier sommet en effet, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

Publicité

Les dirigeants africains ont comme de coutume du pain sur la planche. Qu’ils malaxeront et laisseront encore d’autres venir cuire à leur place. Ici, seuls les temps qui changent, pas les mœurs.

Il n’y a décidément qu’à l’occasion de ces genres de grand-messes que les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine donnent l’impression de la cohésion et l’illusion de la solidarité à toute épreuve. A entendre le président de la Commission de l’Union africaine à quelques heures de l’ouverture du sommet, les Chefs d’Etats et de gouvernement réunis à Malabo auraient en leur possession la clé de résolution de la plus importante crise de l’heure, la révolution libyenne. Comme s’il avait fallu attendre trois mois et plus de pilonnages intensifs du territoire de la Libye par l’OTAN, des déchirements au sein de la grande famille africaine et les retrouvailles de Malabo pour que germe de quelques esprits illuminés la panacée qu’attend le peuple libyen pour retrouver la paix et accéder à la démocratie. Et ce, justement à Malabo. Dans l’antre de l’un des plus méthodiques pourfendeurs des libertés publiques et des droits de l’homme sur le continent africain. Le président Théodoro Obiang Nguema, président en exercice de l’Union africaine, que certains ont tôt fait d’avoir absout simplement parce que grâce à la manne pétrolière, il est en train de faire de la Guinée équatoriale un véritable eldorado africain. Absolution qui fait litière du fait que quand le président Ahmed Sékou Touré, alors encore héros d’un continent, proclamait : « nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage », il ne s’adressait pas seulement au président français Charles de Gaulle. Mais là n’est pas notre propos.

Il parait donc que le 17e sommet de l’Union africaine va accoucher d’une solution sur mesure pour la Libye ?! Pure illusion. Ce n’est pas la première fois que les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres de l’institution panafricaine se retrouvent ainsi pour examiner les problèmes du continent. Mais s’il est vrai qu’ils trouvent cette fois-ci le moyen qui permettrait de mettre fin à la crise en Libye en donnant satisfaction d’abord et avant tout au peuple assoiffé de liberté tout en préservant le pays d’une dérive islamiste, là par contre oui, ce serait la première fois que l’UA réunie en sommet, arriverait à de si nobles fins. L’histoire de l’Afrique ne regorge en effet pas de ces exemplarités. A preuve, combien de fois les dirigeants africains ne se sont-ils pas réunis en sommets ordinaires et extraordinaires sur la longue crise de Côte d’Ivoire entre décembre 1999 et avril 2010? Et pour quel résultat? La solution à la crise ivoirienne, celle en cours d’application, est venue de l’intérieur de la Côte d’Ivoire et de l’extérieur du continent, pour l’essentiel.

Publicité

Aussi, face à la complexité des situations auxquelles doivent réfléchir les dirigeants africains réunis à Malabo, il y a de quoi être sceptique. En effet, outre la meurtrière révolution libyenne, les débats porteront entre autres sur la situation au Soudan à quelques jours de l’officialisation de la partition entre le Nord et le Sud et sur la menace terroriste grandissante au Sahel. Dans chacune de ces situations, les puissances occidentales ont déjà commencé à déplacer leurs pions. Aidées en cela par certains de ces chefs d’Etat et de gouvernement consciemment venus faire acte de présence, sans plus. Et quand on sait que c’est encore largement par la grâce de ces puissances étrangères que l’Union africaine peut dans certains cas se targuer d’avoir contribué à la résorption de telle ou telle crise sur le continent, il n’est plus autre chose à faire que de conclure à une faillite sans détour de l’Union.

Malabo, pas plus qu’Addis-Abeba et moins encore que d’autres grands shows internationaux de la sorte, ne résoudra les problèmes d’une Afrique sclérosée par la pratique de ses dirigeants. Sans doute proposera-t-on des solutions. Mais, encore faudrait-il qu’elles soient convenables pour tous et qu’il existe les moyens de leur mise en application. Un attelage bien difficile.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité