Bénin: pour un nouvel ordre sportif

Et si nous parlions, enfin, sport. Plutôt que de tout réduire au football, vu et présenté par ses millions de fans comme le sport roi. Un roi sans couronne. Mais un roi qui dispose d’une cour immense. Une cour que ne désertent jamais des courtisans qui vouent un véritable culte à leur roi.

Le passage à vide que connaît en ce moment le football, suite à la crise qu’il traverse, est une opportunité. Il coulera beaucoup d’eau sous les ponts avant que le roi ne revienne à l’avant-scène, ne retrouve son trône, ainsi que tous ses privilèges et prérogatives.

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Qu’allons –nous faire pendant ce temps ? Allons-nous nous croiser les bras ? Bâiller à nous décrocher la mâchoire ? Attendre que les alouettes nous tombent toutes rôties ? Que non ! Quelque chose est certainement à faire. Et le plus tôt ne peut être que le mieux.

Rassurons-nous : il ne s’agit pas de se ruer à l’assaut de la citadelle du football, de faire le siège du palais du sport-roi. Il ne s’agit pas non plus de tirer avantage de la crise du football pour provoquer une crise au niveau de toutes nos disciplines sportives. Mais l’occasion nous semble belle pour ouvrir l’ère des grandes réformes. Quoi faisant ? Opérer le passage d’une gestion, pour ainsi dire «footballistique» du sport national à une gestion plus «sportive» de tous les sports pratiqués ou dont la pratique mérite d’être encouragée dans notre pays.

La mère des réformes que nous proposons est à situer et à domicilier au Ministère des Sports. Commençons par faire entrer un grand vent frais dans ce Ministère. Histoire de le dépoussiérer de fond en comble. Histoire de redonner du lustre, de l’éclat et de la beauté à l’ancien. Histoire d’en ravaler la façade. Cette remise à neuf doit être annonciatrice des temps nouveaux pour le sport national.

Mais à quoi servirait-il de changer le cadre de vie des hommes si ceux-ci ne se soumettent pas à l’exigence première de changer eux-mêmes, en changeant leurs habitudes mentales, leurs manières de penser ? C’est d’un shampoing mental complet et en profondeur qu’il s’agit. Il faut impulser une nouvelle mentalité dans la gestion du sport national. Et la principale prescription à faire est de refuser que le Ministère des Sports soit réduit à n’être plus que le Ministère du Football. Voilà ce que nous avons fait jusqu’ici, avec un ministre contraint de passer les trois-quarts de son temps à respirer football, à penser football, à dormir et à se réveiller, le football en tête. Au détriment de toutes les autres disciplines sportives.

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Le deuxième grand chantier à ouvrir, c’est celui de la réhabilitation de toutes les fédérations, de toutes les autres disciplines sportives. Aucune de ces disciplines ne peut s’administrer sans des fédérations dynamiques et actives. Nous devons cesser d’avoir des fédérations alibi, des fédérations fantômes. Elles ne sont que l’ombre d’elles-mêmes. Elles ne décident de rien, ne gèrent rien, hors le fait de garnir quelques enseignes lumineuses ou de décorer les cartes de visite de quelques obscurs dirigeants. Les fédérations de la nouvelle génération doivent être dotées de moyens conséquents, en corrélation avec leur mission. Elles doivent se donner la visibilité nécessaire à travers des activités qui justifient leurs raisons d’être. On peut alors les apprécier, les juger au regard de leurs résultats.

Enfin, nous voulons, en pratique et dans les faits, devenir une nation sportive. C’est-à-dire un pays où les populations ont au sport un rapport autre que celui de simples supporters, vouant un amour fou à l’équipe nationale, le temps d’un match ; de simples spectateurs du dimanche, garnissant les gradins des stades et se défoulant à bon compte ; de simples téléspectateurs, jouant les coaches omniscients depuis leurs fauteuils. Une nation sportive est celle qui a su établir le lien entre sport et développement. Parce qu’elle comprend et sait illustrer la belle idée de Joseph Ki-Zerbo selon laquelle «On ne développe pas, on se développe». Le sport par tous, pour tous et pour la bonne santé de la nation béninoise, tel doit être l’un des axes d’action de notre Ministère des Sports. Au Congo, les vieux sages disent : «Quand tu marches, le pagne dure ; quand tu es assis, le pagne s’use».

 

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