Football : ça va de mal en pis

Arrêtons le massacre. Le Onze national qui s’est fait  malmener par les Eléphants de Côte d’Ivoire. C’était le 5 juin  2011, à Cotonou, dans le cadre des matchs éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations 2012. Résultats des courses, 6 buts à 2. Le Onze national qui s’est fait matraquer par les Bafana Bafana. C’était le 19 juin 2011 à Johannesburg, dans la phase de poule des éliminatoires des Jeux Olympiques de Londres 2012 : 5 buts à 1.

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Dans l’un et l’autre cas, nous nous sommes fait ridiculiser. 11 buts encaissés pour seulement trois réalisations, en deux matchs. Comme si sur les  différents stades témoins de ce tabassage en règle des nôtres, nos dompteurs n’avaient affaire qu’à des apprentis, qu’à des blancs-becs égarés dans une compétition hors de leur portée.

 

Quand on en vient à étaler tant de faiblesse et  à montrer  tant de vulnérabilité devant un adversaire et à la face du monde, on se discrédite à tous points de vue, on boit le calice de l’impuissance jusqu’à la lie. C’est un spectacle piteux. Selon le petit français de Côte d’Ivoire, par ce spectacle,  « nous avons jeté notre figure par terre ». Selon le petit français du Bénin, par ce spectacle, « nous avons mangé la honte ». Certainement que les Sud-Africains ont, eux aussi, une manière tout aussi imagée de dire la même chose, de montrer la nudité du roi, si tant est que ce football béninois, qui s’effeuille comme un arbre malade demeure encore le sport roi.

Il est temps qu’un regard lucide et responsable soit posé sur ce football de tous nos malheurs. Tout part en morceaux : l’enthousiasme des supporters qui ne veulent  plus soutenir un Onze national devenu l’ombre de lui-même ; l’engagement des autorités politiques qui ne peuvent plus continuer d’investir l’argent du contribuable dans un panier sans fond ; le savoir et le savoir-faire des encadreurs techniques, en ce que les résultats minables de leurs protégés font douter, à tort ou à raison, de leur compétence ;  la confiance des joueurs, devenus sur tous les stades, des tambours sur lesquels les autres se défoulent à bon compte.

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Mettons le garrot et arrêtons l’hémorragie avant qu’il ne soit trop tard. Le Bénin ne peut plus continuer d’offrir de lui l’image médiocre d’un vieux navire poussif qui prend l’eau de toutes parts. L’enjeu d’un match est énorme. Nous ne devons pas, par conséquent, nous laisser aller à un jeu de massacre qui ne grandit ni le Bénin, ni les Béninois. Car un match de football, au plan international, avec l’équipe nationale, c’est le drapeau de notre pays qui est déployé. Il mérite d’être honoré. C’est l’hymne national qui est joué.  Ses paroles n’attendent que d’être illustrées.  Et à défaut de bon résultats, c’est la fierté nationale qui prend un coup. Et pourquoi   devrions-nous accepter   de nous compter au nombre des locataires du  camp des vaincus, des perdants ?  Pourquoi  n’aurions-nous pas autre chose à partager que le piètre et triste destin du dernier de classe ? Pourquoi serions-nous la risée universelle ? Pourquoi mériterions-nous de mémorables raclées, de retentissantes  déculottées ?

Une crise grave gangrène notre football. Epargnons-nous la cécité qui consisterait à ne pas établir un lien direct entre les effets de cette maladie infectieuse et nos faibles et humiliantes prestations actuelles. L’odeur fétide et repoussante de la gangrène chez nous, dans notre maison, se répand déjà hors de chez nous, loin de notre maison. Occupons-nous de nos vomissures. Il ne faut pas en importuner les autres.

On l’aura constaté : cette crise n’a pas permis de réunir, autour du Onze national, un minimum de conditions pour une préparation physique et mentale. Il faut en conclure que c’est un groupe de jeunes que des adultes ont envoyé à l’abattoir ou ont sacrifié sur l’autel de leurs vaines querelles. Aucun recruteur ne marquerait un intérêt particulier pour l’un quelconque des membres d’une équipe aussi sévèrement marquée du sceau de l’échec. Puissions-nous comprendre que la fumée qui envahit, en ce moment, chez nous,  la maison football, est annonciatrice d’un plus grand malheur.  Si, en effet, rien n’est fait, aujourd’hui même, séance tenante, le pire est à craindre. Il n’est que temps de nous réveiller !

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