(L’image du Bénin souillée au Japon – Le rappel à Cotonou d’Alassane Yasso s’impose) Voici 3 semaines que la diplomatie béninoise est en souillures. Du côté de sa représentation de la région Asie-Océanie, l’agent de liaison de l’ambassadeur du Bénin au Japon, Alassane Yasso, est en prison à Tokyo. De sources généralement bien informées, proches des milieux diplomatiques de la région Asie-Océanie, on apprend que l’agent de liaison (ordinairement appelé chauffeur) de l’ambassadeur du Bénin au Japon est en détention. Pour les besoins de la suite des enquêtes diligentées à son encontre, le sieur Issa Aboubakar, un natif de l’Atacora (nord ouest du Bénin), est mis à l’ombre dans les geôles de Tokyo, la capitale du «Pays du soleil levant», parce que convaincu de trafic illégal de documents de séjour accordés à des Philippins.
Il est estimé à plus de 10 millions de yen japonais, soit l’équivalent de 50 millions de f Cfa, le montant des transactions que l’intéressé aurait reconnu avoir obtenu auprès de citoyens des Philippines afin de les faire venir frauduleusement en séjour au Japon. Pour réussir dans ses manœuvres, Issa Aboubakar aurait utilisé à fond les éléments d’attributs (papier en-tête, documents officiels, sceau, …) de la représentation diplomatique de son pays, le Bénin. Il aurait même imité des signatures nécessaires à ses objectifs. Et les autorités japonaises, saisies de l’affaire, de soutenir sans démordre que le chauffeur officiel de son excellence, l’ambassadeur du Bénin à Tokyo, M. Alassane Yasso, n’est que le pion d’un réseau de délinquants mis en place pour la cause malsaine.
Les médias locaux (journaux, radios, télévisions…) ont amplement relayé cette nouvelle à sensation qui donne du fil à retordre aux rares Béninois vivant dans le pays. Ces derniers sont tenus d’expliquer, à longueur de temps, des choses pour redorer le blason de leur pays. Pour le quotidien japonais Sanki, les tentatives de l’ambassadeur de se dédouaner en essayant d’étouffer l’affaire sont vaines. L’image du Bénin, naguère reconnue de pays de gens sérieux, et depuis peu, auréolée de son processus démocratique amorcé en 1990, est désormais ternie auprès des populations japonaises et des autres pays de la région. Le Bénin serait dorénavant tombé dans la catégorie des pays comme le Nigeria dont les nationaux font l’objet, aux aéroports, de fouilles au corps et d’informations complémentaires avant leur embarquement dans les avions.
A Cotonou même, capitale économique et siège du ministère béninois des Affaires étrangères, le dossier ne fait pas encore grand bruit. Et certains cadres dudit ministère de craindre que cet énième cas ne soit géré avec désinvolture, les intérêts en jeu étant délicats et les liens de l’ambassadeur avec le chef de l’Etat, des plus proches. Mais l’heure semble sonner de redorer le blason du pouvoir en place, à Cotonou et de ses représentants, ne serait-ce qu’au regard de la diaspora du pays. Peu de bien est, en effet, dit des diplomates béninois en poste à l’étranger. Ils sont plutôt accusés de tous les maux et trafics et sont considérés comme ne participant pas ou peu au mieux-être ainsi qu’à l’intégration de leurs compatriotes dans leurs juridictions respectives. De ce point de vue, «ils sont budgétivores», s’indignait récemment un Béninois de Berlin, en Allemagne.
Précédemment ambassadeur du Bénin près le royaume du Maroc, jusqu’à l’arrivée au pouvoir du président Boni Yayi en 2006, Alassane Yasso a fait l’objet, en son temps, de rumeurs rapportant à son sujet des malversations financières à la tête de cette juridiction de l’Afrique du nord. Nommé Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Tokyo, il présente ses lettres de créances à l’empereur du Japon en septembre 2007 et était normalement admis à faire valoir ses droits à la retraite le 13 avril 2011. Mais il y est à ce jour encore où il devra répondre de ce qui vient de lui être reproché.
En cela, et pour son baptême de feu, on attend de voir le nouveau ministre des Affaires étrangères, Nassirou Arifari Bako, lui-même déjà contesté, battre d’urgence le rappel à Cotonou, pour consultations, d’un diplomate qui, au soir de sa carrière, est en train de sortir par la petite porte.
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