Gouvernance économique au sommet de l’Etat: La fin de l’Etat providence?

Le début du dernier quinquennat de Boni Yayi est marqué par des décisions et mesures, sans doute des prémices de la fin du laisser-aller dans la gestion des finances publiques ayant caractérisé le premier mandat de l’homme. Pourtant.

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Boni Yayi serait devenu le président fouettard en matière de gestion au sommet de l’Etat dont avaient rêvé les Béninois. Mais son mode de gestion en ce début de mandat –le dernier constitutionnellement consenti- mérite commentaires.

 

L’homme affiche une certaine volonté de réduire les charges de l’Etat, notamment celles de la haute administration. Un premier gouvernement de moins de trente membres, la réduction considérable, du moins pour le moment, du nombre de conseillers spéciaux et techniques… sont les actes qui confortent sa pratique au sein de l’opinion publique.

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Contrairement à la pléthore de collaborateurs –une soixantaine- qui peuplaient le Palais de la Marina pendant son premier quinquennat, le président en compte actuellement six. L’usage des véhicules du parc automobile de l’Etat est en train d’être régularisé, avec rigueur. La dernière décision qui retient l’attention quant à la nouvelle dynamique managériale du chef de l’Etat, est celle relative au choix de la catégorie de voyage en classe éco. des ministres et conseillers. Désormais, seul le premier ministre, le ministre d’Etat et le chef de l’Etat voyageront en classe affaire. Autant de mesures, sans doute, compatibles avec les aspirations du peuple. Il aura vu en l’homme la volonté de réduire le train de vie de l’Etat, au regard de la disproportion qu’il y a entre besoins et richesses créées.

Nouveau style, vielle danse?

Mais là où le bât blesse, c’est que cette apparente rigueur n’est visiblement pas innocente. L’ère dite du Changement a été marquée par une interprétation de travers par Boni Yayi de la notion de «prospérité partagée», abondamment utilisée par lui-même et ses thuriféraires. Conséquence, son premier mandat a été marqué par l’absence d’une redistribution des ressources de l’Etat. Ces ressources avaient d’ailleurs connu une augmentation avec la politique de renflouement des caisses de l’Etat mise sur pied, en début de mandat.

Seulement, ces mesures viennent à un moment où syndicats et gouvernement sont à couteaux tirés, laissant perplexe. Au même moment, on assiste à une campagne de communication sur les actions menées par l’Etat occasionnant une augmentation des dépenses publiques.

N’est-ce pas juste une opération de charme pour dissuader les syndicats? Boni Yayi, submergé par la pression des institutions financières sous régionales et internationales, serait en train de faire boire à la douce une politique d’austérité qui ne dit pas son nom. Trêve d’hypothèses. La même rigueur avait été affichée par le chef de l’Etat à son arrivée au pouvoir en 2006. Mais ambition électoraliste dans le contexte béninois oblige, il a dû changer de cap, dans le souci de se ménager le second mandat. Si le nombre de conseillers techniques et de ministres en restait là, que va-il faire de ses nombreux collaborateurs qui l’ont aidé dans sa réélection. Le président n’a plus de conseillers dans des domaines importants et stratégiques de la gestion de l’Etat et on se demande si on n’assistera pas à une augmentation à dose homéopathique du nombre de conseillers, comme ce fut le cas en 2006. Un relâchement à l’approche des joutes électorales, de la rigueur en matière de gestion des finances publiques.

Boni Yayi n’a plus rien à perdre pour n’avoir plus, constitutionnellement parlant, à revenir. Mais il est fort probable qu’il envisage de préparer un dauphin pour qui, baliser le chemin en n’hypothéquant pas ses chances, devient un leitmotiv. La realpolitik recommanderait de se mettre à couvert. A travers l’homme, c’est le croisement de deux ères différentes. En 2006, c’était le changement. Avec lui, aujourd’hui, le pays est passé à la Refondation, concept aux contours flous, car la limite entre les deux n’est toujours pas perceptible. Du moins, le concepteur n’en a pas encore clairement ressorti la nuance. Des mêmes acteurs, différents styles.

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