La liquidation politique en douce de Célestine Adjanohoun

Bénin – En voilà une qui doit regretter son appartenance à la mouvance. Positionnée en tête de la liste Fcbe dans la 5è circonscription électorale, elle ne retrouvera jamais son siège malgré que cette coalition politique ait gagné un siège. Aux termes d’une série de ruse politicienne et de cachoteries institutionnelles achevées par la décision EL 11-014 de la Cour Constitutionnelle, elle voit son rêve de députée s’envoler… comme une fumée dans l’atmosphère. De mémoire de béninois, c’est la première fois qu’un candidat  perd son siège de député aussi facilement après un litige de positionnement autour d’une liste. Le cas de Célestine Adjanohoun est simplement pathétique. Officiellement, c’est elle la tête de liste des Fcbe dans la 5è circonscription électorale comme l’ont pu publier certains journaux dans le temps. Mais après, les choses ne se sont plus passées comme on l’imagine. Après le dépôt de la liste, commence une série de manœuvres subreptices qui vont conduire à sa modification à plusieurs reprises. Dans le secret donc des institutions en charge de l’organisation de l’élection, la liste sera touchée plusieurs fois soit pour y intégrer d’autres personnes amenées des listes satellites des Fcbe, soit pour corriger les doublons comme le précisent la décision EL 11-014 de la Cour Constitutionnelle. Tous ces manèges ont été faits à l’insu de Célestine Adjanohoun. Il est donc normal qu’elle ne soit pas au parfum de la réalité et donc de la modification en sa défaveur. En effet, citant Sacca Lafia, le représentant de cette liste, « madame Célestine Adjanohoun a été inscrite comme candidate tête de liste Fcbe dans la 5è circonscription électorale à la date du 28 mars 2011 ; mais avant la publication des listes par la Cena et délivrance du récépissé définitif  le 07 Avril 2011, nous, membres du comité de coordination de la liste Fcbe, avions pris la décision de concéder la place de 1ère titulaire dans cette circonscription à madame Chantal de Souza Yayi ». Sans commentaire. Célestine Adjanohoun a été simplement dupée. Et plus grave, sans l’informer. Plus loin, le même Sacca Lafia, ajoute que Célestine Adjanohoun n’a été informée de cette modification capitale que dès les premiers jours de campagne soit au plus tôt le 15 Avril environ une semaine après que la modification ait été faite. On put comprendre que non seulement, elle n’a pas été associée à cette modification mais n’y a été informée qu’une semaine après.

La partition de la cour

A l’issue de ces élections et de la proclamation des résultats provisoires, Célestine Adjanohoun  est surprise de constater que ce n’est plus elle la tête de liste mais qu’elle a été recalée en deuxième position après la première dame. « Après la publication des tendances, je me trouve dans la peau d’élue. Grande a été ma surprise de voir la Cour constitutionnelle proclamer Madame de Souza Yayi Chantal », déclare-t-elle dans sa requête. Toute chose qui est en contradiction avec les déclarations de Sacca Lafia  qui affirme que la candidate a été informée depuis le début des campagnes. Irritée, déçue et ayant compris qu’elle a été bernée, Célestine Adjanohoun dépose un recours devant la Cour constitutionnelle le 12 Mai pour demander l’annulation de ce siège. Argumentant que la modification de la liste a eu lieu après la délivrance du récépissé définitif de la Cena.

Publicité

Mais chose curieuse, le 24 Mai la même Célestine Adjanohoun saisit la Cour constitutionnelle pour lui notifier son désir de retirer sa requête du 12 Mai. Elle évoque des appels à l’apaisement des parents, amis, sages et sa base électorale qui l’obligent à « renoncer à la procédure pendante d’invalidation du siège obtenu par l’alliance Fcbe dans la 5è circonscription électorale ». Dans les coulisses, on susurre qu’elle aurait été rassurée par le Chef de l’Etat qui lui aurait promis un poste au gouvernement. Le vendredi 27 Mai lorsque le gouvernement est rendu public, son nom n’y figure pas. L’espoir s’envole et l’anxiété s’installe. Des proches à elle parlent de «  pressions politiques intenses et parfois menaçantes sur sa personne » qui l’ont contrainte à renoncer à la procédure engagée par elle devant la Haute juridiction. Tout ceci ressemble à un scénario prémédité pour le priver de ce poste de député. Les informations qui s’échappent des coulisses ne sont pas rassurantes pour elle. On agite le dossier Sbee dans laquelle elle est citée et qui peut amener le Chef de l’Etat à la livrer à la justice une fois qu’elle n’a plus d’immunité parlementaire. La liquidation politique est en marche. Adjanohoun semble y être condamnée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité